La compagnie aérienne low cost Ryanair fera appel contre les 3 milliards d’euros promis à la nouvelle ITA (Italia Trasporto Aereo), la remplaçante d’Alitalia qui devrait décoller en septembre avec un effectif et une flotte réduits.

Après ses victoires légales contre TAP Air Portugal et KLM Royal Dutch Airlines (mais de premières défaites contre Air France et SAS Scandinavian), la spécialiste irlandaise se tourne vers l’Italie. Et en particulier ITA, à qui l’Etat a promis une capitalisation de 3 milliards d’euros. « Dès que cet argent sera injecté dans la nouvelle société, nous prendrons les mesures nécessaires », a déclaré à La Repubblica le CEO Eddie Wilson. « J’ai l’impression qu’il n’y a rien de nouveau, ITA ne sera que l’extension d’Alitalia, avec les mêmes problèmes observés depuis des décennies, l’argent étant drainé des ressources publiques vers une compagnie aérienne qui aujourd’hui, comme hier, perdra de l’argent ».

« Nous attendons de voir, mais il est clair que cette aide est illégale, et nous défendrons nos intérêts en faisant appel de ce énième prêt », précise le dirigeant avant de rappeler : « en vertu des règles de l’UE en matière d’aides d’État, il doit y avoir une discontinuité économique entre ITA et Alitalia pour que Bruxelles permette à Rome d’injecter les fonds dans le nouveau transporteur ».

Cette discontinuité est justement au cœur du retard pris par ITA, basée comme Alitalia à l’aéroport de Rome-Fiumicino et qui annonçait fin mars un début des opérations en juin ou juillet. Le feu vert de Bruxelles reste conditionné en particulier à une « réelle différence » avec l’ancienne Alitalia. ITA débutera avec un budget de 3 milliards d’euros, une dotation « nécessaire si nous l’utilisons lorsqu’il y a des opportunités de marché » selon son directeur général Fabio Lazzerini. Cette différence sera marquée par exemple par une participation « non-majoritaire » dans les activités de maintenance et de services au sol, une diminution des ses créneaux à l’aéroport de Milan-Linate, et donc un nouveau nom ; son réseau intercontinental devrait être réduit à cinq destinations.

Les négociations avec l’UE seraient cependant en voie de conclusion, et donc le versement de l’aide promise à ITA se rapprocherait. C’est probablement ce qui a poussé Ryanair à prévenir que ses avocats sont prêts à agir contre un transporteur qui n’existe pas encore.

Placée sous administration extraordinaire depuis plus de deux ans suite au rejet par les syndicats d’un plan de relance de l’actionnaire Etihad Airways, Alitalia désormais renationalisée a déjà reçu deux prêts d’Etat de 1,3 milliards d’euros au total (avec feu vert de la Commission européenne à la clé). Après celui de 26 mars 2021, l’Europe a donné le mois dernier son feu vert à une quatrième aide publique à la bientôt disparue compagnie nationale italienne, à hauteur de 12 millions d’euros pour couvrir les dommages liés à la crise sanitaire en janvier 2021. 

Rappelons qu’ITA est en outre toujours en discussion pour des « partenariats commerciaux », avec selon la presse italienne d’un côté la partenaire dans l’alliance SkyTeam Delta Air Lines (Alitalia a déjà quitté la coentreprise transatlantique) et de l’autre Lufthansa et United Airlines (Star Alliance, qui seraient les favoris selon les quotidiens).

Aide publiques : Ryanair vise déjà la future ex-Alitalia 1 Air Journal

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