La Fédération des entreprises des Outre-mer (FEDOM) dénonce la hausse des coûts du fret aérien entre la Métropole et les Antilles, assuré par uniquement Air France dans le cadre de la continuité territoriale.

La hausse du prix du fret aérien (parfois multiplié par trois), causé par la diminution drastique des liaisons aériennes (plus de 80 % des liaisons ne sont plus assurées) est un problème majeur qui s’accroît chaque jour“, alerte la FEDOM dans un communiqué publié mardi 21 avril. “Pour endiguer cette hausse du prix du fret qui empêche l’acheminement de produits indispensables (alimentaires, agroalimentaires, médicaux), qui impacte les prix à la consommation, qui met des vies humaines en danger et qui paralyse complètement l’activité économique de nos territoires, les discussions entamées avec les différents acteurs concernés doivent aboutir à des solutions opérationnelles“, espère la FEDOM.

Cité par le site France-Antilles, Jean-Claude Florentiny, le président du Syndicat des Commissionnaires en Douane et Transitaires de Martinique (SCDTM), confirme également cette augmentation excessive du coût de fret : “En Martinique, seule Air France assure deux liaisons hebdomadaires, entre Paris et l’aéroport du Lamentin. Le problème qui se pose pour notre syndicat, qui représente 80 % des chargeurs et assure 90 % de la collecte de l’octroi de mer, c’est la politique tarifaire appliquée par Air France. Certes, nous comprenons parfaitement la situation liée à la pandémie de Covid-19 mais la réalité, c’est que le coût du fret aérien a été multiplié par trois. On a parfois des hausses de 100 à 120 %, y compris sur du matériel médical ou para-médical. Ce n’est pas tolérable, surtout lorsque des vies humaines se retrouvent, en bout de chaîne, mises en cause“.

Mercredi 22 avril, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le député (GDR) de Guyane Gabriel Serville lâche : “Que dire de la compagnie Air France qui profite abusivement de sa situation de monopole pour augmenter le coût du fret aérien y compris de manière scandaleuse sur du matériel médical et paramédical ?

En réponse, le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, un ancien pilote proche des compagnies aériennes, a tenté de dédouaner Air France : “Les prix pratiqués par Air France concernant l’affrêtement des avions sont trois fois inférieurs au prix du marché. Nous avons eu à affrêter dans le cadre du pont aérien et d’autres opérations des avions. Les prix d’Air France sont trois fois inférieurs au prix du marché“. A quoi lui répond le député Gabriel Serville : “Je vous dis froidement ma colère : sachez qu’il m’importe peu que le prix du fret d’Air France soit trois fois inférieur au prix du marché, car entre Paris et les Outre-mer cette société est assujettie à une mission de service public.”

Afin de répondre à la forte demande exprimée notamment par les transitaires, Air France a mis en place des vols supplémentaires en utilisant des appareils utilisés habituellement pour le transport de passagers, dont seules les soutes sont utilisées. L’utilisation de ces appareils à des fins uniquement de transport de cargo n’est pas économiquement viable en pratiquant les tarifs en vigueur sur les vols réguliers. Air France a dû par conséquent revoir ses tarifs à la hausse pour couvrir ses coûts sur ces vols“, déclare Air France au site site France-Antilles.

Autre sujet polémique qu’essaie de désamorcer Jean-Baptiste Djebbari, toujours plus prompt à défendre les intérêts des compagnies aériennes que ceux des usagers français : Air France ne rembourse pas les billets sur les vols annulés dus au covid-19 et impose un valoir à utiliser sur un vol ultérieur -en toute illégalité selon le règlement européen 261/2004. Le secrétaire d’Etat aux Transports est intervenu à la Commission européenne pour demander un assouplissement du règlement afin qu’Air France puisse conserver légalement l’argent des passagers impactés.

Air France profiterait-elle de la crise du coronavirus pour augmenter ses tarifs du fret ? 1 Air Journal

@AF