Le syndicat des pilotes de la compagnie aérienne low cost Southwest Airlines a porté plainte contre Boeing, qui leur aurait menti sur le 737 MAX. Ils réclament 100 millions de dollars au nom des pertes de salaire.

Sept mois après le deuxième crash d’un Boeing 737 MAX, qui a entrainé l’immobilisation au sol des 371 exemplaires livrés – dont 34 MAX 8 à la spécialiste américaine du vol pas cher, SAPA (Southwest Airlines Pilotes Association) a décidé d’aller en justice contre le constructeur américain. Dans sa plainte déposée le 7 octobre 2019 ; le syndicat affirme que Boeing a « délibérément » induit les pilotes en erreur sur la sécurité du monocouloir remotorisé, dont les deux accidents mortels en cinq mois chez Lion Air puis Ethiopian Airlines ont fait 346 victimes. Il affirme en outre que l’immobilisation continue du 737 MAX a réduit « les possibilités de travail des pilotes » de Southwest Airlines via l’annulation de milliers de vol, entrainant une perte de plus de 100 millions de dollars de revenus. Plus de 30.000 vols de la low cost ont été annulés depuis mars dernier, ce qui contribuera selon SAPA à une baisse d’environ 8% des vols d’ici la fin de l’année. Southwest a fixé au 5 janvier 2020 le possible retour de ses MAX dans les airs.

La plainte avance en outre que Boeing a décidé de « précipiter » l’entrée en service du 737 MAX « au nom de ses profits », abandonnant « les bonnes pratiques de conception et d’ingénierie », a caché des informations de sécurité aux organismes de réglementation, et a « délibérément induit ses clients, les pilotes et le public en erreur au sujet des modifications » apportées par rapport aux versions antérieures du 737. « Il est essentiel que Boeing prenne le temps nécessaire pour remettre la MAX en service en toute sécurité », a déclaré sur CNN Jonathan Weaks, président du syndicat. « On ne devrait pas s’attendre à ce que nos pilotes subissent une perte financière importante et sans cesse croissante à cause de la négligence de Boeing ».

Boeing « a le plus grand respect pour les hommes et les femmes qui pilotent les avions Southwest Airlines », a réagi dans un communiqué un porte-parole de l’avionneur. « Bien que nous apprécions notre longue relation avec le syndicat de pilotes, nous croyons que ces poursuites n’ont aucune justification, et nous nous en défendrons vigoureusement contre elle. Nous continuerons à travailler avec Southwest Airlines et ses pilotes pour remettre le MAX en service en toute sécurité ».

La crise du 737 MAX a déjà coûté à Boeing la perte la plus importante de son histoire au dernier trimestre (perte ajustée de 3,7 milliards de dollars), sans oublier la création d’un fonds de 100 millions de dollars pour indemniser les familles des victimes des deux accidents. Le constructeur espère toujours un retour dans les airs de son monocouloir remotorisé avant la fin de l’année, la FAA américaine poursuivant le processus de re-certification. Plusieurs régulateurs étrangers ont déjà annoncé qu’ils mèneront leur propre enquête avant d’autoriser la remise en service du 737 MAX dans leurs régions respectives.

Boeing 737 MAX : les pilotes de Southwest en justice 1 Air Journal

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