Vingt-et-un ans après le crash de Flash Airlines à Charm el-Cheikh (Egypte), des juges d’instruction parisiennes ont ordonné le renvoi en correctionnelle pour homicides involontaires de l’ex-patron de la compagnie aérienne égyptienne, liquidée depuis, qui avait été mis en examen fin 2021 après de très longs démêlés judiciaires.

Le 3 janvier 2004, le vol de Flash Airlines s’était abîmé en mer Rouge trois minutes après son décollage de la station balnéaire, tuant ses 135 passagers français et ses 13 membres d’équipage. Soit l’un des accidents aériens les plus meurtriers impliquant des victimes françaises, dont parfois plusieurs membres d’une même famille.

Selon l’ordonnance émis lundi par des juges dont l’AFP a eu connaissance, Mohamed Nour, Egyptien de 71 ans sera jugé notamment pour avoir “créé ou contribué à créer“, comme patron de Flash Airlines, “la situation qui a permis la réalisation du dommage et/ou en n’ayant pas pris les mesures permettant de l’éviter“.

L’enquête judiciaire française, ouverte à Bobigny le jour-même du drame, avait débouché sur un non-lieu en 2017, mais la Cour d’appel de Paris avait ordonné en septembre 2019 la reprise des investigations, notamment sur le rôle de l’ex-président du conseil d’administration de la compagnie aérienne. Ce dernier est accusé d’avoir laissé opérer un équipage “sans les qualifications, entrainements ou repos” nécessaires.

Mais les juges soulignent aussi la faute des pilotes, “cause directe du dommage“. Après une première phase de décollage normale, des anomalies surviennent très rapidement. “Toutes les manœuvres qui suivent sont irrationnelles“, observent les juges: “le pilotage automatique que le copilote dit avoir enclenché ne l’a pas été en réalité, le commandant de bord donne des coups de manche à droite alors que l’aéronef est déjà fortement incliné en ce sens; aucune conclusion n’est tirée de la simple lecture des instruments“. Les juges écartent par ailleurs la responsabilité pénale de la compagnie, qui n’a plus d’existence légale, mais aussi de l’administration de l’aviation civile égyptienne ou française.

Une première audience de procédure -préalable au procès lui-même- est prévue le 24 novembre prochain. “La tenue de ce procès sera salvatrice dans le processus de deuil pour toutes ces familles et proches de victimes qui attendent depuis tant d’années“, a réagi Catherine Ales, présidente de l’ADFVCA Charm el-Cheikh, l’association des victimes, saluant “le travail des magistrats“.

Crash de Flash Airlines à Charm el-Cheikh : la justice française ordonne un procès en correctionnelle 1 Air Journal

©BEA