Le constructeur aéronautique américain Boeing a annoncé mardi 28 janvier avoir enregistré sa plus haute perte annuelle ces quatre dernière années, à hauteur de 11,8 milliards de dollars.

Boeing a annoncé une perte annuelle de 11,83 milliards de dollars -contre 2,2 milliards un an plus tôt- alors qu’il reste en prise avec des problèmes dans ses unités commerciales et de défense et les retombées d’une grève ayant paralysé ses usines de la côte ouest des États-Unis. Il s’agit de la plus importante perte annuelle depuis 2020 (– 11,87 milliards), quand le groupe avait subi les conséquences de deux crashs du 737 MAX 8 ayant fait 346 morts. Au total, il a perdu plus de 35 milliards depuis 2019, après que deux accidents mortels de son avion le plus vendu, le 737 MAX, ont déclenché des problèmes de qualité et de sécurité de la production et des inquiétudes quant au processus de certification de l’avion. La division défense, espace et sécurité de l’entreprise a perdu 5,41 milliards de dollars en 2024, touchée par des dépassements de coûts sur plusieurs programmes à prix fixe. Le chiffre d’affaires annuel ressort à 66,52 milliards de dollars (– 14 % sur un an).

« Bien que l’année ait été difficile, nous constatons des signes encourageants de progrès tandis que nous œuvrons à changer notre groupe », a malgré tout affirmé Kelly Ortberg, patron de Boeing depuis cet été, dans un message aux employés. La société a déclaré une perte de 3,86 milliards de dollars au quatrième trimestre en raison de ce que Ortberg a qualifié de charges « décevantes » dans plusieurs programmes de défense à prix fixe. Ortberg a toutefois ajouté dans une lettre adressée aux employés mardi que Boeing était « désormais plus proactif et plus lucide sur les risques » pour les programmes. M. Ortberg a évoqué les tests de certification du nouveau gros-porteur, le 777-9, qui ont repris début 2025 après avoir été suspendus en août après la découverte d’une pièce défaillante. Il estime que Boeing a désormais une « bonne maîtrise sur la façon de résoudre » ce problème. Les livraisons de ce biréacteur, qui devaient commencer initialement en 2020, sont attendues pour 2026.

Ortberg a également indiqué que Boeing a progressé dans au niveau de sa chaîne d’approvisionnement en revenant à une cadence de production de cinq avions 787 par mois à la fin de 2024, malgré des retards dans des domaines comme la fourniture de sièges. La production du 737 MAX, plafonnée fin février 2024 par la FAA à 38 par mois, reste loin de ce seuil du fait des problèmes de qualité. « Le rythme de production du 737 est d’une importance cruciale pour la reprise du groupe », a commenté M. Ortberg sur CNBC, précisant être « un peu en avance » sur ses prévisions et espérer un déplafonnement « au second semestre ».

Dans le contexte, l’avionneur américain a dévoilé mi-janvier des livraisons en fort recul, tombant au plus bas depuis 2021 avec seulement 348 avions commerciaux remis à leurs propriétaires en 2024 (contre 528 en 2023). Pour renflouer sa trésorerie, il a mené fin octobre une énorme augmentation de capital lui ayant rapporté 24 milliards de dollars. Il a également décidé de supprimer 10 % de ses effectifs mondiaux (près de 171 000 employés fin 2023).

En attendant, son principal rival, Airbus, a livré 766 avions de ligne à ses clients l’année dernière, soit le plus grand nombre depuis 2019, bien que les deux constructeurs aéronautiques soient tous les deux confrontées à des tensions dans la chaîne d’approvisionnement qui ont ralenti la production et l’exécution de leurs carnets de commandes pourtant robustes.

Boeing confirme une année noire : près de 12 milliards de dollars de perte en 2024 1 Air Journal

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