Dans une interview au Parisien, le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, a fustigé le projet « irresponsable » de l’exécutif d’envisager d’augmenter la taxe sur les billets d’avion (TSBA ou « taxe Chirac »).
« C’est irresponsable. Une nouvelle taxe a déjà été introduite l’année dernière. La France deviendrait le pays où le transport aérien est le plus taxé en Europe », a prévenu Benjamin Smith au quotidien. Il a cependant pointé une piste tolérable au cas où la hausse s’applique : « si une hausse de la taxe devait se confirmer, ce que je ne souhaite surtout pas, nous exigeons qu’elle soit, au moins, fléchée vers la décarbonation du secteur aérien ». « C’est très important pour nous qui devons investir massivement pour réduire l’impact de notre filière », a-t-il ajouté.
Dans une précédente intervention début janvier au Parisien, Amélie de Montchalin, la nouvelle ministre des Comptes publics du gouvernement Bayrou, s’est dite « favorable » à la hausse de la TSBA, qui avait été mise en place par le précédent gouvernement Barnier, avant qu’il ne soit censuré. « C’est une mesure de justice fiscale et écologique. Les 20% de la population ayant le revenu le plus élevé sont responsables de plus de la moitié des dépenses consacrées aux voyages en avion », justifie-t-elle. L’ensemble du secteur aérien (compagnies aériennes, aéroports et autres organisations telles que syndicats de personnel navigant ou l’Union des Aéroports Français, la FNAM…) s’est déjà arc-bouté contre cette augmentation, qui augmentera le prix des billets d’avions et pénalisera l’activité dans le pays.
Initialement, la mesure ambitionnait de tripler le produit de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), qui est aujourd’hui de 460 millions d’euros, et d’augmenter la taxation sur les billets business, longs-courriers, et sur l’aviation d’affaires. Soit un total potentiel d’un milliard d’euros par an de ponctions supplémentaires.
Benjamin Smith a lui mis en garde contre une hausse qui pèsera sur les voyageurs et sur la destination France. « Depuis 20 ans, nous perdons 1 à 2% de parts de marché par an au profit de sociétés étrangères. Le risque c’est de déplacer la valeur que notre trafic génère dans d’autres pays », a-t-il déploré, évoquant une « taxe d’accès à la France qui aura des répercussions sur notre économie ». Elle signifierait pour le groupe aérien franco-néerlandais « moins de lignes, moins de croissance donc moins d’embauches », s’inquiète-t-il.
Et de conclure sur le sujet alors que son groupe est confronté à une forte concurrence internationale, combiné au fait que la moitié de son trafic est composé de passagers en correspondance, ce public pouvant se déplacer vers d’autres hubs européens : « Nous ne demandons pas de cadeaux, juste des règles du jeu équitables », entre les différentes compagnies aériennes.
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