La compagnie aérienne a annoncé des résultats trimestriels pour 2024 inférieurs aux attentes, plombée par la hausse de ses coûts unitaires et l’effet des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. La perspective d’une hausse des taxes en France et à Schiphol l’an prochain inquiète également.
Air France-KLM SA a publié ses résultats pour le troisième trimestre et les neuf mois clos le 30 septembre 2024. Pour le troisième trimestre, la compagnie a déclaré un chiffre d’affaires de 8 979 millions d’euros en légère hausse (contre 8 660 millions d’euros l’année précédente). Mais le résultat net est en-dessous des prévisions et en nette baisse, s’élevant à 780 millions d’euros, en comparaison des 931 millions d’euros l’année précédente. Pour les neuf premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires s’élève à 23 582 millions d’euros, contre 22 612 millions d’euros l’année précédente. Le résultat net, positif mais en nette baisse, s’élève à 380 millions d’euros, contre 1 190 millions d’euros l’année précédente.
« Le troisième trimestre a révélé des tendances contrastées pour le groupe Air France-KLM. Le chiffre d’affaires a continué de croître, porté par l’augmentation de notre offre et soutenu par une forte demande. Cependant, le résultat opérationnel a été significativement impacté par les Jeux Olympiques de Paris, affectant Air France comme annoncé précédemment. Du côté de KLM, les défis liés aux coûts ont dépassé les attentes, exerçant une pression sur certains aspects de son modèle économique et renforçant le besoin d’amélioration structurelle à tous les niveaux. Ces mesures s’inscrivent dans les efforts de transformation en cours du groupe, visant à améliorer durablement la performance globale », a commenté Benjamin Smith, directeur général du groupe franco-néerlandais.
Après la publication de ses résultats, le titre du groupe chutait de 11% à 7,9 euros, soit la plus forte baisse en près de deux ans.
Un résultat d’exploitation qui se contracte de 162 millions d’euros
Au troisième trimestre 2024, Air France-KLM a accueilli 27,9 millions de passagers soit 3,5 % de plus que l’année précédente. La capacité ayant augmenté de 3,6 % et le trafic de 3,1 %, le coefficient de remplissage a été globalement stable par rapport à l’année précédente à 89%. La recette unitaire du Groupe au SKO était en baisse de 0,6 % à change constant par rapport à l’année précédente. La recette unitaire Cargo au TKO était en hausse de 6,3 % à change constant. Sur l’activité Passage, la réduction du trafic international à destination de Paris combinée à celle de voyages au départ de la France en raison des Jeux Olympiques, ont entrainé une baisse de 160 millions d’euros de la recette unitaire Passage. Corrigée de cet impact, la recette unitaire du groupe aurait été positive à 1,4%.
Le résultat d’exploitation s’est contracté de 162 millions d’euros par rapport à celui de l’année précédente, s’établissant à 1 180 millions d’euros, et a été impacté par les Jeux Olympiques (160 millions d’euros) ainsi que par l’augmentation des coûts unitaires hors carburant (230 millions d’euros). Cette dernière a été presque entièrement compensée par une augmentation des recettes unitaires (113 millions d’euros) et une diminution du coût unitaire du carburant ETS compris (100 millions d’euros). Le coût unitaire du groupe au SKO1 est en hausse de 3,4% par rapport à l’année précédente et était supérieur aux perspectives présentées lors des résultats du second trimestre de 2024 (variation annuelle de +2%).
L’augmentation du coût unitaire initialement estimée à 2% s’explique par la hausse des coûts liés aux vols et des salaires en raison des négociations annuelles chez Air France (impact en avril 2024) et KLM (impact au T4 2023) ainsi que d’un paiement exceptionnel d’environ 50 millions d’euros au personnel d’Air France récompensant la bonne performance opérationnelle durant les Jeux Olympiques. Les 1,4 points supplémentaires de coût unitaire sont la conséquence d’opérations estivales difficiles, principalement chez KLM et Transavia, ayant entrainé un coût de perturbation important (65 millions d’euros), incluant l’impact de la panne liée à Crowdstrike (25 millions d’euros) et une capacité inférieure chez Transavia (-3%).
Cash
Sur les neuf premiers mois, le groupe a reporté un cash-flow d’exploitation de 28 millions d’euros, impacté par un besoin en fonds de roulement négatif résultant de reports hérités de la pandémie. Ces reports correspondent au paiement exceptionnel des retraites précédemment communiqué pour un montant de 610 millions d’euros, effectué par Air France en janvier 2024 à la Caisse des Retraites des Personnels Navigants (CRPN), ainsi qu’aux charges sociales et salariales s’élevant à environ 120 millions d’euros par trimestre. Les dépenses d’investissements nettes se sont élevées à 2,5 milliards d’euros. Les liquidités à fin septembre se sont établies à 9,0 milliards d’euros, en baisse de 1,5 milliard d’euros par rapport à la fin de l’année 2023.
Renouvellement de la flotte
Air France-KLM s’engage à renouveler sa flotte avec des avions plus économes en carburant et moins bruyants. Fin septembre 2024, la part des avions de dernière génération dans sa flotte était de 24%, contre 19% fin septembre 2023. Le groupe prévoit d’augmenter ce ratio jusqu’à 80% d’ici 2030.
Depuis fin décembre 2023, les avions de nouvelle génération suivants ont été progressivement mis en service : huit A350, cinq A320neo, sept A321neo, dont la première livraison à KLM au troisième trimestre, et cinq A220. Au cours de la même période, les avions d’ancienne génération suivants ont été retirés de la flotte : un 737-800, trois A319 et un CRJ-1000.
Carburant d’aviation plus durable (SAF)
Air France-KLM et TotalEnergies ont signé en septembre un accord pour la livraison de jusqu’à 1,5 millions de tonnes de carburant d’aviation plus durable aux compagnies aériennes du groupe Air France-KLM sur une période de 10 ans, jusqu’en 2035. Cet accord constitue l’un des plus importants contrats d’achat de carburant d’aviation durable signés par Air France-KLM à ce jour. En 2022 et 2023, Air France-KLM était le premier utilisateur mondial de carburant d’aviation durable, représentant respectivement 17% et 16% de la
production mondiale.
Le groupe adhère à une politique d’approvisionnement stricte, s’engageant à acheter du carburant d’aviation durable de deuxième génération n’entrant pas en concurrence avec la chaîne alimentaire humaine ou animale, certifié RSB ou ISCC+ pour sa durabilité, n’étant pas produit à partir d’huile de palme et ne contribuant pas à la déforestation, et qui réduit les émissions de CO₂ d’au moins 65% sur l’ensemble du cycle de vie – de la production à la combustion- par rapport au kérosène fossile.
Les augmentations de taxe
Dans son communiqué, Air France-KLM évoque l’augmentations de la taxe de solidarité sur les billets d’avions (TSBA) proposée en France qui devrait impacter la profitabilité et la compétitivité du groupe et se traduire par des « tarifs plus élevés réduisant l’accessibilité du transport aérien ». Son impact potentiel pour 2025 se traduirait par une augmentation de 280 millions d’euros du niveau de taxation et un impact négatif de 90 à 170 millions d’euros sur le résultat d’exploitation.
L’aéroport d’Amsterdam Schiphol a récemment annoncé une augmentation de tarif de 41% en à partir d’avril 2025. KLM anticipe une hausse de l’ordre de 65 à 110 millions d’euros de ce coût.
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