Spirit AeroSystems, un fournisseur clé de l’avionneur américain Boeing, a déclaré mardi qu’il existait une « inquiétude importante » quant à sa capacité à poursuivre ses activités après avoir accumulé d’énormes pertes au cours des quatre dernières années, amplifiées par la grève de 33 00 ouvriers chez Boeing, désormais terminée. Il a averti qu’il aurait besoin de liquidités supplémentaires pour rester en activité au cours des 12 prochains mois.

Le mois dernier, Spirit AeroSystems, société basée à Wichita, dans le Kansas, a déclaré qu’il était en train d’épuiser ses réserves de trésorerie en baisse, alors qu’une grève de plus de 33 000 ouvriers chez Boeing paralysait la production, notamment le 737MAX, son avion le plus vendu. Maintenant que la grève est terminée (depuis lundi soir), c’est un nouvel écueil pour Boeing qui cherche à relancer voire à augmenter sa production d’avions.

Le solde de trésorerie de Spirit à la fin du troisième trimestre 2024 était de 218 millions de dollars, selon un dossier déposé en octobre. « Nous conservons une gamme d’options et de leviers pour faire face à nos contraintes financières et travaillons avec nos clients sur ces questions », a déclaré Joe Buccino, porte-parole de Spirit Aero, qui est un fournisseur essentiel à la fois de Boeing et de son rival Airbus pour ses lignes A220 et A350. Spirit Aero a déclaré en octobre avoir utilisé la totalité d’un prêt relais de 350 millions de dollars mis en place lorsque Boeing a accepté d’acquérir le fournisseur en juin. Spirit Aero a précédemment révélé avoir utilisé une avance client de 425 millions de dollars de Boeing.

Les vents sont en effet contraires ces derniers temps pour Spirit AeroSystems, qui a été empêtrée dans une controverse concernant des problèmes de contrôle qualité qui ont affligé Boeing et ont sérieusement terni la réputation de l’avionneur, après la perte d’un panneau d’obturation de porte lors d’un vol en 737MAX d’Alaska Airlines le 5 janvier. Spirit a en outre expliqué mardi avoir été touchée par les changements apportés au processus de production et de livraison mis en œuvre par Boeing, qui l’ont empêchée d’expédier et de facturer des stocks au constructeur aéronautique en difficulté. Spirit a également déclaré que la grève Boeing à Portland et Seattle l’avait forcée à mettre en congé 700 de ses employés parce qu’elle avait atteint la « capacité de stockage maximale » de pièces produites pour les programmes 767 et 777 de Boeing.

Plus tôt cette année, Boeing a annoncé qu’il rachèterait 80 % de Spirit AeroSystems dans le cadre d’une transaction de 8,3 milliards de dollars, qui comprend 4,7 milliards de dollars en actions et toutes les dettes de Spirit, mais l’accord ne devrait pas être conclu avant la mi-2025 au plus tôt. Ce doit être un retour aux origines puisque Spirit AeroSystems a été créé par Boeing en 2005 dans le cadre d’une démarche stratégique visant à externaliser la production de pièces pour ses modèles d’avions 737 et 787 Dreamliner. Boeing a alors vendu ses propres usines du Kansas et de l’Oklahoma, puis Spirit s’est rapidement développée et a ouvert des usines dans plusieurs autres pays dont en Irlande du nord.

Airbus doit d’ailleurs racheter l’usine de Belfast fabriquant les ailes et le milieu du fuselage de l’A220, ainsi que les autres outils de production le concernant incluant la production de sections de fuselage de l’A350 à Kinston, en Caroline du Nord, et à Saint-Nazaire, en France ou et des éléments A220 à Wichita, Kansas.

Spirit Aerosystems, fournisseur clé de Boeing, émet des doutes sur sa capacité à poursuivre son activité 1 Air Journal

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