Le bras de fer entre Southwest Airlines et le fonds spéculatif activiste touche à son paroxysme, Elliott Management ayant annoncé son intention de convoquer une assemblée extraordinaire des actionnaires le 7 octobre pour obtenir le contrôle de la société.
« L’urgence d’un changement de direction et de conseil d’administration chez Southwest ne pourrait être plus claire », a déclaré le fonds dans une lettre. « Dans les semaines à venir, nous demanderons officiellement une réunion spéciale pour vous proposer un choix entre les nouveaux administrateurs que nous avons proposés – qui, selon nous, possèdent les qualifications et les compétences nécessaires pour guider Southwest vers un avenir meilleur – ou un conseil d’administration qui manque d’expertise pertinente et s’est engagé à soutenir le PDG défaillant Bob Jordan. » Cette initiative intervient quelques jours avant la réunion des investisseurs de la compagnie aérienne, où elle devrait dévoiler des améliorations et des changements opérationnels.
« Nous pensons que de nouveaux dirigeants compétents, travaillant dans le cadre d’un processus délibéré et réfléchi, devraient tracer la voie à suivre pour Southwest », ont déclaré John Pike, associé d’Elliott, et Bobby Xu, gestionnaire de portefeuille, dans une lettre aux actionnaires. « Nous ne soutenons pas la trajectoire actuelle de la société, qui est tracée de manière aléatoire par un groupe de dirigeants en mode de préservation totale », ont écrit Pike et Xu.
Elliott Investment, avec désormais 10 % des actions ordinaires de Southwest Airlines, a obtenu la possibilité de demander cette assemblée extraordinaire, sur fond de conflit avec la direction de la compagnie aérienne. Elliot a ainsi exigé la révocation du PDG Robert Jordan et du président exécutif Gary Kelly, et prévoit de nommer 10 administrateurs au conseil d’administration de la compagnie aérienne, qui compte 15 personnes pour instaurer une évaluation des activités. Mais Robert Jordan a annoncé qu’il ne démissionnerait pas face aux pressions du fonds spéculatif.
Southwest a réagi mardi en réitérant son soutien à Jordan et en critiquant l’approche d’Elliott en matière de changement au sein de la compagnie aérienne. « Tout changement de direction dans le cadre d’une transformation aussi importante serait préjudiciable à tous les actionnaires, et confier le contrôle du conseil d’administration à Elliott et à ses candidats au poste de directeur – alors qu’Elliott n’a formulé aucune idée pour améliorer le plan d’affaires et les opérations de Southwest – présenterait un risque catastrophique pour les actionnaires », a déclaré le transporteur.
En juillet, Southwest Airlines a dévoilé des changements majeurs dans son modèle commercial vieux de plus de 50 ans : elle abandonnera bientôt les sièges libres pour des sièges assignés, proposera des sièges avec plus d’espace pour les jambes qui entraînent des tarifs plus élevés et commencera en 2026 à opérer des vols de nuit transcontinentaux. La semaine dernière, le directeur opérationnel Andrew Watterson a averti le personnel de se préparer à des « décisions plus difficiles » dans ses efforts pour restaurer les bénéfices alors que la compagnie aérienne fait face à des coûts en hausse et à des changements dans les habitudes de voyage. Si elle n’envisage pas de licencier des travailleurs, elle pourrait réduire sa présence dans certaines villes et donner aux travailleurs la possibilité d’être transférés vers d’autres bases, selon une personne familière du dossier, cite CNBC.
L’équipe de direction et le conseil d’administration de Southwest ont également cherché à résister à l’implication d’Elliott et, en juillet, le conseil d’administration a approuvé une soi-disant « pilule empoisonnée » pour contrecarrer toute tentative d’Elliott d’augmenter sa participation dans Southwest. La « pilule empoisonnée », c’est-à-dire, le nouveau régime de droits de Southwest, se déclenche lorsque la participation d’un actionnaire dépasse 12,5 %. À ce stade, les actionnaires en dessous de ce seuil peuvent acquérir des actions avec une décote de 50 %. Le but de ces « pilules empoisonnées » est qu’une fois déclenchées, le cours de l’action chute et la base actionnariale se dilue, ce qui restreindra la capacité de nuisance d’Elliot.
Bencello a commenté :
25 septembre 2024 - 16 h 24 min
Dans ce bras de fer, Elliott va devoir convaincre les autres actionnaires, et particulièrement les salariés qui, avec 10% des actions et une implication élevée, sont en capacité de peser plus que leur poids réel.
Depuis sa création, la culture de la compagnie repose sur un modèle social particulier. Les difficultés actuelles pousseront elles les actionnaires à remettre en cause ce modèle ?