Un incendie de moteur Trent XWB-97 de Rolls-Royce, survenu sur le 2 septembre dernier sur un Airbus A350-1000 de Cathay Pacific, a été provoqué par une fuite de carburant et aurait pu causer des dommages importants à l’avion, selon les enquêteurs.

La compagnie aérienne phare de Hong Kong avait alors cloué au sol ses avions pour les inspecter et les réparer, après avoir été contrainte d’annuler un vol le 2 septembre en raison d’une défaillance d’un composant moteur. Un rapport préliminaire de l’Autorité d’enquête sur les accidents aériens de Hong Kong (AAIA) a déclaré que l’incident avait été causé par un tuyau de carburant abîmé. Des inspections ultérieures au vol ont révélé un «trou visible» dans un tuyau de carburant, de la «suie noire observée sur la section arrière du moteur principal, indiquant des signes d’incendie», ainsi que des traces de brûlé, détaille le rapport préliminaire de l’Autorité d’enquête sur les accidents aériens de Hong Kong (AAIA). Du carburant aurait pu s’échapper par le tuyau rompu et provoquer un incendie qui se serait propagé aux zones environnantes. Des contrôles supplémentaires ont révélé que cinq autres tuyaux de carburant du même moteur étaient également défectueux, avec des «câbles tressés métalliques effilochés ou des structures abîmées», a noté l’autorité.

Cathay Pacific a déclaré après inspection avoir identifié 15 Airbus A350 avec des composants moteur défectueux, sur les 48 A350 que compte sa flotte.

Si cette situation n’avait pas été détectée et traitée rapidement, selon le rapport, elle aurait pu dégénérer « en un incendie moteur plus grave, pouvant potentiellement causer des dommages importants à l’avion ». Pour résoudre le problème, l’AAIA a recommandé à l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) d’exiger de Rolls-Royce qu’elle élabore de nouvelles exigences d’inspection pour les moteurs concernés. L’AESA a déjà publié une « directive de navigabilité d’urgence » quelques jours après l’incident. Elle exigeait que les opérateurs utilisant le même type de moteur effectuent des inspections des tuyaux de carburant et retirent ceux qui étaient « potentiellement compromis ».

Cathay Pacific a pris livraison de son premier Airbus A350 en 2016. Le Trent XWB a été développé par Rolls-Royce spécifiquement pour le seul A350. L’incident a d’abord fait craindre un problème grave affectant la flotte mondiale d’A350, mais il apparaît qu’il est possible de le corriger relativement facilement, sans refonte coûteuse : le problème n’affectait pas les pièces en mouvement à l’intérieur du moteur lui-même, mais plutôt les conduites de carburant à l’extérieur. De même, il n’affecte que le XWB-97, une variante à haute puissance du moteur qui équipait un nombre relativement limité d’avions long-courriers, l’A50-1000. En outre, des « inspections en service et en atelier effectuées depuis lors ont permis d’identifier qu’un processus de nettoyage spécifique disponible lors de la remise à neuf du moteur peut entraîner une dégradation du tuyau principal du collecteur de carburant », a déclaré l’organisme de surveillance. Ce qui apparaîtrait comme un problème non structurel à la conception du moteur.

Rappelons aussi qu’en novembre dernier, le directeur général d’Emirates, Tim Clark, a exprimé ses inquiétudes quant à la durabilité et à la longévité des moteurs de l’A350. Cette année, Rolls-Royce a répondu en annonçant son intention d’investir massivement pour améliorer sa gamme de moteurs, notamment le Trent XWB-97.

La panne d’un moteur Rolls-Royce d’un Airbus de Cathay aurait pu causer des dégâts majeurs 1 Air Journal

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