Alors que la compagnie traverse une période de turbulences avec son personnel concernant une augmentation de salaire et les droits restreints de grève, Aerolíneas Argentinas a annoncé que les sièges en classe Affaires pour ses pilotes et à leurs familles ne seraient plus disponibles automatiquement, décidant de déclasser leurs sièges gratuits à la cabine Eco
Selon Aviacionline, la mesure a été annoncée ce mardi et a provoqué le mécontentement au sein de l’Association des pilotes aéronautiques (APLA), l’un des groupes en conflit avec l’entreprise en raison de la demande d’ajustements salariaux. Des sources internes à la compagnie ont déclaré qu’« il n’existe aucun avantage de ce type pour les pilotes de l’ensemble de l’industrie ». La nouvelle règle, annule la précédente qui donnait droit à un siège en classe Affaires pour eux-mêmes et leur famille. Ils n’auront plus droit qu’à des sièges confirmés en classe économique et pourront demander un surclassement en classe affaires uniquement s’il y a de la disponibilité.
Aerolíneas Argentinas a justifié ce changement en affirmant que la Classe Affaires est le produit le plus rentable de l’avion, avec une période d’achat réduite. Le syndicat de pilotes APLA a souligné que cette action est « une nouvelle provocation visant à intensifier le conflit, violant une fois de plus la convention collective ».
La mesure intervient en pleine période de conflit salarial. Les employés du secteur de l’aviation réclament des augmentations de salaire de 30 à 35 % pour les aider à faire face à l’inflation obstinément élevée de l’Argentine. Les prix à la consommation ont augmenté de 236,7 % au cours des 12 derniers mois et ont augmenté de 4,2 % le mois dernier. La compagnie aérienne leur offre une augmentation de salaire de 14 %, ce qui est jugé insuffisant. En signe de protestation, les travailleurs du secteur aérien, dont les pilotes, manutentionnaires de bagages…, ont donc entamé une grève de 24 heures entre vendredi et samedi de la semaine dernière. Aerolíneas Argentinas a déclaré que plus de 300 vols ont été annulés et que 37 000 passagers ont été impactés.
En outre, des règles ont été annoncées dans deux décrets publiés lundi au Journal officiel de l’Argentine, obligeant notamment les travailleurs de l’aviation à annoncer leur grève au moins cinq jours à l’avance et assurer au moins la moitié des vols pendant les arrêts de travail, selon les nouvelles réglementations gouvernementales. Le transport aérien commercial en argentine sera désormais considéré comme un service essentiel, ce qui signifie que les syndicats sont tenus de respecter certaines dispositions minimales même en cas de conflit du travail. L’un des décrets stipule que, compte tenu de la taille de l’Argentine, l’aviation civile commerciale est « d’une importance stratégique pour le transport, le transit de passagers, le commerce régional et international et le développement des économies régionales ». Les perturbations du transport aérien, ajoute-t-il, peuvent avoir « de graves conséquences pour [l’Argentine], menacer la santé et la sécurité de la population, affecter l’approvisionnement en matières premières essentielles et compliquer la connectivité et le commerce locaux et internationaux ».
Selon les nouvelles règles, lorsque les travailleurs du secteur aérien se mettront en grève, ils devront garantir qu’au moins 50 % des vols auront lieu. Plus la grève durera longtemps, plus la proportion de vols qu’ils devront effectuer sera élevée. Le personnel devra également garantir une liaison aérienne pour les destinations qui ne sont desservies que par une seule ligne.
Le président de l’association des pilotes de ligne APLA, Pablo Biró, a rejeté le décret comme étant « illégitime et illégal », arguant que le droit de grève ne pouvait être limité qu’en cas de menace pour la vie ou la santé humaine.
La nouvelle réglementation, soutenue vendredi dernier par des membres du gouvernement du président ultra-libéral Javier Milei, fait suite à deux grèves de 24 heures des syndicats de travailleurs de l’aviation ces dernières semaines.
jamma a commenté :
17 septembre 2024 - 16 h 05 min
C’est une mesure pleine de bon sens. Les passagers payants doivent évidemment avoir la priorité en classe affaires. Ces pilotes oublient que les passagers,en particulier de cette classe, paient leurs salaires et permettent à leur famille de vivre confortablement.
Backdoor a commenté :
17 septembre 2024 - 19 h 44 min
Enfin une compagnie qui privilégie les clients au lieu du personnel
FCB1962 a commenté :
18 septembre 2024 - 9 h 03 min
Les autres compagnies devraient en faire autant. Non, ce n’est pas de la jalousie mal placée mais les billets quasi gratuits en Affaire ou en Première pour les copains ou les collègues ça suffit. Il serait préférable de surclasser les passagers à haute contribution.
Pierre a commenté :
18 septembre 2024 - 14 h 37 min
Cet article est très partial et oublie de mentionner que Pablo Biro est plus qu’un simple président d’association. C’est un syndicaliste radicalisé qui a obtenu d’être nommé au Directoire de l’entreprise et qui a été mentionné plusieurs fois dans des affaires d’extorsion, de menaces et de corruptions.
L’article devrait mentionner que jusqu’à présent l’opinion publique était favorable au maintien de la compagnie comme entreprise publique. Ce n’est plus le cas depuis les grèves à répétition et la divulgation des énormes avantages et les hauts salaires des employés de l’entreprise (et pas seulement des pilotes). L’article mentionne une inflation élevée, mais elle a été contrôlée ces derniers mois à moins de 5 % par mois, ce qui est très peu pour l’Argentine (qui a eu des taux de plus de 15 % mensuels ces dernières années). L’ajustement proposé par la nouvelle direction d’Aerolíneas est par conséquent correct au vu des nouveaux taux. D’autant plus que l’entreprise a montré un bénéfice sur un mois pour la première fois depuis sa nationalisation dans les années 2000 et que les employés des entreprises d’état Aerolineas et Intercargo (handling) sont copieusement supérieurs à ceux du reste de la société argentine.