Le président nigérian Bola Tinubu s’est rendu lundi en France pour un « séjour de travail » à bord d’un jet privé récemment acquis, suscitant des critiques alors que ce pays d’Afrique de l’Ouest traverse une crise du coût de la vie, rapporte Bloomberg. L’affaire concerne justement la saisie d’avions présidentiels en France dans un conflit juridique avec une société chinoise.

Le « nouvel » avion d’affaires présidentiel Airbus A330, désormais immatriculé auprès de l’armée de l’air nigériane, a quitté la capitale Abuja pour Nice, selon FlightRadar24. Le modèle, généralement utilisé comme avion bi-couloir, a une romance déjà bien remplie. Il a été acheté le mois dernier pour 100 millions de dollars, selon Premium Times, un journal en ligne local. Il avait été annoncé sur Aircraft24, une plateforme d’achat et de vente d’avions. L’A330 a été acquis auprès d’AMAC Aerospace, selon les données du site de suivi planespotters.net. L’avion appartenait auparavant à Midroc Aviation. On apprenait ensuite qu’il s’agissait d’un avion saisi puis rendu par la justice française dans le cadre d’un litige opposant l’État nigérian à une société chinoise depuis plusieurs années.

L’affaire vient sur un contexte de réclamations de la part du Nigeria après la saisie de trois des avions présidentiels du Nigeria en 2017 en France. Une source aéroportuaire a bien confirmé à ce propos à l’AFP que cet Airbus A330 « présidentiel » avait été saisi par la justice française puis rendu il y a quelques jours. Cet Airbus A330 fait partie des trois avions « présidentiels » dont la saisie a été ordonnée par la justice française pour le compte de la société chinoise Zhongshan Fucheng Industrial Investment avec qui l’État nigérian est en litige depuis des années, mais qui a dernièrement donné son autorisation pour libérer cet avion.

La querelle entre les autorités nigérianes et Zhongshan Fucheng Industrial Investment concerne un contrat de 2007 permettant à Zhongshan de développer une zone de libre-échange dans l’État nigérian d’Ogun (sud-ouest). Les autorités nigérianes ont affirmé que Zhongshan n’avait pas respecté ce contrat et l’ont résilié. Contestation de l’autre partie. Ce qui a entraîné cette surenchère devant les tribunaux jusqu’à aujourd’hui. Zhongshan a obtenu deux ordonnances d’un tribunal français en début d’année pour saisir des actifs nigérians, alors qu’un tribunal d’arbitrage londonien avait condamné l’État nigérian à verser plus de 60 millions de dollars à la société chinoise en 2021. La société chinoise espère parvenir rapidement à un «compromis raisonnable», selon les médias nigérians. Bola Ahmed Tinubu se rend souvent en France et a effectué une visite privée en début d’année. La présidence nigériane n’a pas répondu à la demande de commentaire de l’AFP.

Il faudrait rajouter que le dernier ajout à la flotte présidentielle du Nigeria a suscité un tollé sur les réseaux sociaux ai Nigeria, sur fond de crise du coût de la vie qui a déclenché des troubles dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Au moins 21 personnes sont mortes lors des manifestations du 1er août après la répression des forces de sécurité, selon Amnesty International. Près de la moitié de la population du Nigéria vit dans une pauvreté extrême.

Le président du Nigeria rejoint la France pour discuter des avions présidentiels saisis 1 Air Journal

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