Canada Jetlines a suspendu tous ses vols et déclaré qu’elle cessait temporairement ses opérations aériennes à compter du 15 août 2024.
Lancée en septembre 2022 pour desservir principalement des destinations soleil au départ de Toronto avec quatre Airbus A320, la low cost canadienne a expliqué qu’elle n’était pas en mesure de trouver les capitaux nécessaires pour rester à flot et qu’elle envisageait de se placer sous la protection de la loi sur les créanciers.
« La compagnie a recherché toutes les alternatives de financement disponibles, y compris les transactions stratégiques et les financements par actions et par emprunts, a indiqué Erica Dymond, porte-parole de Canada Jetlines dans un communiqué, malheureusement, malgré ces efforts, la compagnie n’a pas été en mesure d’obtenir le financement nécessaire à la poursuite de ses activités à l’heure actuelle ».
Les passagers ayant déjà effectué des réservations doivent contacter la société émettrice de leur carte de crédit afin d’obtenir un remboursement, a ajouté Canada Jetlines, promettant que « tous les efforts sont faits pour aider les passagers en ce moment ».
L’arrêt des opérations fait suite à la démission de quatre responsables de la direction lundi dernier, dont la directrice générale Brigitte Goersch. Au cours de la dernière année, deux autres low cost canadiennes, Lynx Air et Swoop (filiale de WestJet) ont mis fin à leurs activités.
Selon John Gradek, expert en aviation et chargé de cours à l’Université McGill, le modèle des compagnies à très bas prix n’est simplement pas adéquat pour le marché canadien : « On est un marché restreint; on n’est pas les États-Unis ni l’Europe. Au Canada, il y a une distance énorme, et le nombre de passagers n’est pas comparable », a expliqué l’expert à Radio-Canada.
En outre, contrairement à la situation aux États-Unis et en Europe, le Canada ne finance pas beaucoup les infrastructures aéroportuaires qui permettent aux compagnies aériennes d’opérer à moindre coût. De plus, les compagnies aériennes canadiennes ne bénéficient pas, par exemple, de subventions pour desservir un petit aéroport régional.
Greg6 a commenté :
18 août 2024 - 18 h 04 min
On peut ajouter à ces compagnies disparues Flair Airlines qui n’est pas en bonne santé, loin s’en faut.
inukshuk a commenté :
19 août 2024 - 9 h 19 min
Je crois que tout est dit dans les deux derniers § de l’article. Les distances au Canada sont immenses, pour desservir parfois des communautés de 1500 habitants (voire moins, Blanc-Sablon n’a que 1200hab et ni route ni rail pour relier le village au reste du Québec). Si l’état ne subventionne pas les infrastructures (aéroports) et transports (avion) ces communautés (qui ne sont pas nécessairement dans le grand nord arctique) vont dépérir ou se vider. Or il est vital pour le pays que l’ensemble du territoire soit occupé (si le Canada vide son grand nord, d’autres se chargeront de venir l’occuper). Et si l’on regarde une carte du pays, la totalité des grandes villes se trouvent sur une bande sud longeant la frontière US, exception faite d’Edmonton. Quelques villes moyennes disséminées ça et là, un réseau ferroviaire quasi inexistant (pour les mêmes raisons: construire 1000km de rail pour desservir 3000 habitants?), un réseau routier difficile en hiver.
On comprend pourquoi le transport aérien est hors de prix au Canada, et que low-costs qui tentent de s’établir s’attachent à desservir les besoins des riches citadins (les destinations soleil en hiver!), tant pis pour les communautés éloignées…
Greg6 a commenté :
19 août 2024 - 16 h 43 min
Le canada, 7 millions d’habitants de moins qu’en Espagne, mais sur un territoire 20 fois plus grand…
Et surtout, la grande majorité de la population établie sur 3 (grandes) zones urbaines seulement (Toronto-Quebec, Vancouver, Calgary-Edmonton).
Si on ajoute à ça :
– Une forte position dominante d’Air Canada sur tous les marchés
– Les compagnies US qui prennent logiquement une partie de l’important marché Usa-Canada
– Les divers outsiders déjà présents (Westjet, Porter, Air Transat)
– Les arguments avancés ici concernant le financement des infrastructures
On comprend que l’implantation de nouvelles compagnies soit pour le moins compliqué.
Le marché canadien ne semble pas s’y prêter, tout simplement.