L’Union européenne (UE) a modifié le règlement de l’UE sur la sûreté aérienne qui introduit de sévères restrictions à l’utilisation des scanners de bagages de cabine de nouvelle génération dans les aéroports de l’UE, ainsi qu’en Islande, en Suisse, au Liechtenstein et en Norvège (EEE).
Les modifications visent spécifiquement les scanners C3, considérés jusque là à la pointe dans la détection des explosifs (EDS Cabin), et « respectant les meilleures normes de détection de leur catégorie », selon ACI Europe. Ils permettaient jusqu’à présent aux passagers de transporter des liquides sans aucune restriction et de les conserver avec leurs gros appareils électroniques dans leurs bagages de cabine aux points de contrôle de sécurité. La nouvelle restriction introduit à compter du 1er septembre 2024 une limitation de 100 ml pour les contenants individuels de liquides, effaçant ainsi le principal avantage dont bénéficient les passagers des scanners C3.
C’est sous la pression des Etats-Unis que la Commission européenne a décidé d’obliger les aéroports européens à demander aux passagers de sortir de leurs bagages de cabine les flacons de liquide, malgré l’utilisation de scanners de détection d’explosifs dernier cri. Pourtant, l’Union européenne (UE) avait validé leur utilisation en décembre 2021. Depuis, « on a eu des remontées d’aéroports dans certains Etats membres, qui corroboraient ce que les Américains et les Britanniques avaient également constaté : dans certains cas, très rares, au-dessus d’une certaine quantité de liquide, ils détectent mal les explosifs », explique aujourd’hui la Commission.
La responsabilité de ce retour en arrière incombe « aux Etats-Unis qui ne veulent pas d’une libéralisation du contrôle des liquides », raconte au journal Le Monde une source proche du gestionnaire d’aéroports Groupe ADP, qui gère les trois plates-formes parisiennes d’Orly, de Roissy – Charles-de-Gaulle (CDG) et du Bourget. Les Etats-Unis redoutent des « problèmes de sécurité et même de cybersécurité », explique également un cadre de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) au Monde, car l’un des principaux producteurs de ces EDS Cabin est chinois – le groupe Nuctech – et Wahington et on craint qu’il ne profite de sa position pour scanner des données sensibles contenues dans les bagages.
Selon ACI Europe, la décision incriminée réduira également le flux de passagers aux points de contrôle de sécurité dans les aéroports qui ont déployé des scanners C3. Cela entraînera une pression opérationnelle importante, dont l’atténuation nécessitera le déploiement de personnel supplémentaire et la reconfiguration des points de contrôle de sécurité, lorsque cela est possible.
La nouvelle restriction signifie que les aéroports qui ont déjà investi dans des scanners C3 pour améliorer l’expérience des passagers et leur efficacité opérationnelle « sont lourdement pénalisés » – car peu des avantages associés à l’utilisation de cette technologie de pointe ne se concrétiseront. L’achat de scanners C32 coûte en moyenne 8 fois plus cher (entre 500 000 et 800 000 euros l’unité) que les appareils de dépistage à rayons X conventionnels qu’ils remplacent, tandis que les coûts de maintenance opérationnelle sont 4 fois plus élevés.
« La sécurité n’est pas négociable, elle est au premier rang des priorités des aéroports européens », a commenté Olivier Jankovec, directeur général d’ACI EUROPE. « Ainsi, tous les aéroports se conformeront pleinement à la nouvelle restriction. Il n’en reste pas moins que les aéroports qui ont été les premiers à adopter cette nouvelle technologie sont lourdement pénalisés tant sur le plan opérationnel que financier. Ils avaient pris la décision d’investir et de déployer des scanners C3 de bonne foi, sur la base du feu vert de l’UE pour cet équipement sans aucune restriction. La décision d’imposer désormais des restrictions significatives à leur utilisation remet en question la confiance que l’industrie peut accorder au système actuel de certification de l’UE pour les équipements de sécurité aérienne. Nous devons tirer les leçons de cette situation et veiller à ce que le système de certification de l’UE offre la sécurité juridique et la stabilité opérationnelle nécessaires à l’avenir.»
Bien que cette restriction se veut temporaire, ACI EUROPE regrette « qu’aucun calendrier ni aucun processus n’aient été mis en place pour la lever ». « Nous appelons donc la Commission européenne et les États membres à élaborer de toute urgence une feuille de route fixant des étapes pour lever les restrictions actuelles et restaurer la confiance dans le système de certification de l’UE pour les équipements de sûreté aérienne. En attendant, afin de limiter les impacts opérationnels, il sera essentiel de veiller à ce que les liquides limités à 100 ml puissent rester à l’intérieur des bagages cabine lors du contrôle par les scanners C3. »
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