American Airlines a revu à la baisse ses perspectives pour le deuxième trimestre, tablant sur un bénéfice ajusté par action entre 1,00 et 1,15 dollar, contre 1,15 et 1,45 dollar par action précédemment. Le revenu total par siège-mile disponible (RASM) sera en baisse d’environ 5 à 6%, contre 1 à 3% prévu auparavant. La marge opérationnelle ajustée est anticipée entre 8,5% et 10,5% contre de 9,5% à 11,5% précédemment.
Pourquoi une telle baisse des perspectives alors que la demande de voyages reste forte aux Etats-Unis ? La faute à l’adoption en forcing du nouveau système de réservation NDC (New Distribution Capability), destiné à remplacer à terme les GDS (Global Distribution Systems). Selon l’Association du transport aérien international (IATA) qui soutient le développement du NDC, ce dernier permettrait, à terme, aux compagnies aériennes de se passer des coûteux GDS et tout autre intermédiation.
Pour inciter les agences de voyages à réserver via le NDC, American Airlines a retiré en avril 2023 40% de ses vols d’EDIFACT (le système de distribution du GDS historique), principalement des vols loisirs. Et à partir du 1er mai de cette année, elle prévoyait de retirer des vols d’affaires. En outre, elle prévoyait en place une politique commerciale de d'” agences privilégiées ” : celles-ci devaient réserver au moins 30 % de leurs vols par l’intermédiaire du système NDC et en retour bénéficiaient d’offres enrichies, dont des miles AAdvantage pour leurs clients. Une politique commerciale agressive qui a fait fuir bon nombre de distributeurs.
“La stratégie de vente et de distribution (…) a réduit (nos) prévisions de bénéfices pour le trimestre en cours, malgré une demande de voyages soutenue“, a reconnu Robert Isom, le PDG d’American Airlines, lors d’une conférence avec des investisseurs fin mai. “Dans la mesure où notre approche a fait fuir les clients d’American Airlines, nous nous engageons sans équivoque à les faire revenir“. Et de conclure : “Parfois, nous devons nous remettre à zéro“. Pour cela, American Airlines a remercié son directeur commercial, Vasu Raja, responsable de cette politique de vente et de distribution.
Par ailleurs, Air France semble hésiter aussi à forcer les voyagistes et autres distributeurs à adopter le NDC. La compagnie tricolore, qui envisageait d’imposer au 1er juillet prochain une “surcharge GDS” pour pousser les voyagistes à réserver via le NDC, a annoncé reporter cette pratique commerciale au 1er janvier 2025, a indiqué son directeur général France Henri Hourcade, cité par L’Echo touristique.
Mais pour Willie Walsh, le directeur général de l’IATA, “ce n’est pas un problème de NDC, c’est la manière dont le NDC a été mis en œuvre. De nombreuses compagnies aériennes utilisent le NDC et sont très satisfaites de son fonctionnement. Je pense que c’est la stratégie qui sous-tend la mise en œuvre du NDC qui a créé le problème pour American Airlines, plutôt que le NDC en lui-même“.
Au site Skift qui lui a demandé s’il pensait que les difficultés rencontrées par American Airlines lors de la mise en œuvre du programme allaient effrayer d’autres transporteurs, Willie Walsh a estimé que les principes généraux qui sous-tendent le NDC restaient valables : “Je ne pense pas que beaucoup de compagnies aériennes s’inspireront de ce qu’a fait American Airlines. Je pense que beaucoup de compagnies aériennes s’inspireront de celles qui ont réussi“.
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