La perte d’exploitation d’Air France-KLM s’est creusée au premier trimestre 2024, alors que des perturbations opérationnelles « exceptionnelles » et la baisse des revenus cargo ont nui aux performances du groupe aérien européen.
522 millions d’euros de perte à comparer aux 344 millions perdus lors des trois premiers mois de 2023, la perte nette part du groupe de l’ensemble franco-néerlandais est plus importante qu’attendue par les analystes financiers, même si la période s’avère traditionnellement faible pour les compagnies aériennes basées en Europe. La hausse des coûts, les tensions géopolitiques et la déprime du fret sont les principales raisons expliquant la détérioration des comptes.
La hausse des coûts a grevé le résultat opérationnel de 243 millions d’euros, entre une augmentation des prix des pièces de rechange, des difficultés d’approvisionnement et un accord salarial chez KLM chiffré à 50 millions d’euros. Plus inhabituel, 50 autres millions ont été consacrés à des dédommagements aux passagers touchés par des retards ou des annulations de vols. Ces perturbations ont été causées par des problèmes de disponibilités d’avions chez KLM, en raison de soucis dans les activités de maintenance de la société néerlandaise qui ont immobilisé plus longtemps que prévu les appareils. Ce qui a perturbé les calendriers de vols et a contraint le groupe à payer des compensations à ses clients. Les résultats ont aussi souffert de « l’affaiblissement du marché du fret », après une période d’euphorie pendant la crise sanitaire. Ce volet d’activité a aussi été perturbé par la mise en place d’un nouveau système informatique.
Benjamin Smith, directeur général du groupe cité dans le communiqué, a reconnu « un début d’année difficile, marqué par des tensions géopolitiques persistantes »: guerre en Ukraine et espace aérien russe fermé, interdisant les routes les plus courtes vers l’Asie, vols suspendus vers trois pays du Sahel (Burkina-Faso, Mali et Niger) et guerre entre le Hamas et Israël. Le reste de l’année devrait cependant être plus favorable au groupe. « Nous nous préparons activement à une saison estivale prometteuse avec, à Paris, les très attendus Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 », a déclaré Ben Smith. Dans une note transversale publiée la semaine dernière, Oddo BHF soulignait qu’Air France-KLM et easyJet devraient être les deux groupes aériens à bénéficier le plus des Jeux olympiques (et de l’Euro 2024 pour easyJet).
Malgré cette perte représentant plus de la moitié du bénéfice annuel record de 2023 (934 millions d’euros), la co-entreprise franco-néerlandaise a maintenu ses objectifs annuels, mettant en avant de solides réservations pour le début de l’été au sein de ses trois compagnies (Air France, KLM et Transavia). Elle s’est félicitée d’avoir transporté 6,2 % de passagers de plus entre janvier et mars qu’à la même époque de 2023, soit 20,8 millions, et vu ses recettes par voyageur progresser, pour un chiffre d’affaires total en hausse de 5,1 % à 6,7 milliards d’euros, selon un communiqué.
Yan a commenté :
1 mai 2024 - 21 h 27 min
AF est loin d’être sortie d’affaires. Parmi les 3 grands groupes européens, la compagnie enregistre la productivité la plus faible.
La restructuration n’est pas finie alors qu’apparaissent des mastodontes qui ne sont pas affectées par les contraintes d’AF. Turkish va tripler de volume, à l’instar d’Air India, Saudia, et beaucoup d’autres qui sont en pleine expansion. De nouveaux venus font leur apparition comme Riadh Air et leur hub respectifs croisent encore plus vite…
De son coté, ADP n’a qu’une seule et unique préoccupation, faire faire du vélo à Orly et Roissy et augmenter les redevances aéroportuaires. Il est sur qu’avec un partenaire comme celui là la tâche va être d’autant plus ardue…
Bref il va y avoir dés turbulences…
Papydispatch a commenté :
2 mai 2024 - 12 h 11 min
Il est certain qu’Air France n’est peut etre pas un “modèle” dans tous les domaines mais avec un partenaire comme ADP, le Plane Bashing, le “Tout SNCF” et le “Pro TGV” de nos gouvernants, la concurrence déloyale des low cost qui reçoivent des subventions de nos régions alors qu’AF est obligée de fermer des lignes de province, l’illusion que l’avion est plus polluant que la voiture électrique (A350 = 2,5 litres de kéro par passager aux 100kms), sans compter les interminables couloirs à parcourir à pied à CDG et l’attente pour passer aux portiques et bagagix, Il y a du souci à se faire pour notre ex “Compagnie Nationale” ….
Mais il sera difficile de trouver l’équivalent de “Ben” pour remplacer Augustin.
Bencello a commenté :
2 mai 2024 - 12 h 40 min
Si vous avez les chiffres de la “productivité” je suis preneur.
Concernant la marge opérationnelle, il est vrai que IAG et LH sont devant, mais le groupe franco-néerlandais a sensiblement progressé.
De fait, Transavia nécessite une amélioration notable, et les conditions sociales sont bien différentes en France qu’au R-U.
jean a commenté :
2 mai 2024 - 14 h 18 min
“conditions sociales sont bien différentes en France qu’au R-U…” et qu’en Turquie 🙂
Shôgun a commenté :
2 mai 2024 - 21 h 33 min
Sur la même période, le groupe Lufthansa a enregistré une perte nette de 734 millions d’euros (source: article AirJournal du même jour).
Donc ce n’est pas vraiment pire que la concurrence directe.
inex a commenté :
3 mai 2024 - 3 h 14 min
Ce qui compte c’est la marge opérationnelle… AF-KLM enregistre la moins bonne (et de loin) face à ses deux concurrents, IAG et le groupe LH. Sans compter l’endettement, la trésorerie (AF a très peu de cash pour investir dans une nouvelle compagnie) et la valeur boursière…
AF-KLM est donc le moins bon élève de la classe en Europe.
Quand on voit les compagnies concurrentes (qui vont doubler ou tripler de volume) d’Asie ou du MO et qui vont continuer à aspirer la clientèle long-courrier via des hubs ultra-modernes, il y a de quoi s’inquiéter… Que les concurrents ne souffrent pas des mêmes “lourdeurs” qu’AF (salaires, coût du kerosène, aides publiques) ne change strictement rien au problème. C’est ainsi et il faudra faire avec. Répeter en permanence que les concurrents n’ont pas les mêmes règles est totalement stérile puisqu’on ne peut strictement rien y changer.
Greg6 a commenté :
3 mai 2024 - 11 h 39 min
Les compagnies du Golfe et Turkish (ou Ethiopian) ont un modèle de croissance totalement différent de celui des compagnies européennes, donc difficilement comparable en termes de chiffres bruts.
Leur stratégie est de tout miser sur un seul hub, et donc avec un maximum d’appareils sur une seule base avec une seule marque (ou presque).
Les compagnies européennes suivent un modèle similaire à celui des compagnies américaines, et qui a façonné le ciel américain :
Croissance par rachat/regroupement de compagnies concurrentes, donc augmentation du nombre d’appareils mais aussi du nombre de hubs/bases sur lesquels sont répartis les appareils.
La différence avec les USA c’est qu’en Europe on garde les marques plutôt que de les faire disparaitre. Ce qui tend à être trompeur, on ne peut pas comptabiliser AF seule par exemple, en la dissociant de KLM, et bientôt de SAS, et d’autres dans un futur proche.
On va aboutir, comme aux USA, à la création de 3 compagnies européennes traditionnelles, en plus des low-cost.
Une autre particularité européenne, c’est le fait pour ces compagnies de posséder des marques low-cost installées sur de nombreuses bases hors de leurs hubs (Eurowings, Vueling, Transavia…) : ce n’est pas le cas des compagnies américaines, ni vraiment des GulfSisters. (Turkish le fait un peu).
Quand aux compagnies d’Asie qui vont fortement augmenter leur volume c’est autant, si ce n’est plus, une menace pour les GulfSisters : on voit très que ces développements ont lieu dans des régions qui sont des marchés essentiels pour elles : Inde, Thaïlande etc…
(et les saoudiens qui eux misent d’ailleurs sur deux marques/bases…).
Il est trop tôt pour juger des futurs résultats de toutes ces stratégies. Et ce sera intéressant à suivre.
Néanmoins, on semble aller vers plus de point-à-point au niveau mondial. Et si ça se confirme, le modèle européen basé sur plusieurs hubs/bases/marques pourrait se révéler adapté.
JFK-CDG a commenté :
3 mai 2024 - 4 h 40 min
En même temps Turkish et subventionné par l’État turc, Saudia idem, Air India viens d’être racheté et renflouer, alors qu’Air France n’as pas assez d’avions en LC et ne peut pas survoler la Russie donc pénalisé sur les vols vers l’Asie.
À ce rythme, c’est sûr qu’ils sont pas prêts de remonter la pente.
Papydispatch a commenté :
3 mai 2024 - 11 h 01 min
A propos des vols CDG-Asie, il est vrai que 13h45 pour un CDG-NRT au lieu de 11h40 avant la guerre en Ukraine et l’évitement de la Russie, ça fait 2h de vol, des frais de personnel et quelques tonnes de kérozène en plus … Tandis que les compagnies chinoises, celles des monarchies du Golfe volent allègrement au dessus de la Russie … IATA a refusé de prendre parti… Emmanuel en touchera t il un mot à Xi Jinping lors de lors bol d’air dans les Hautes Pyrénées ???