En 2023, plusieurs compagnies low-cost opérant en France ont émis encore plus de CO2 qu’avant la pandémie de Covid, montrant ainsi que l’aviation civile peine à intégrer une trajectoire de modération de la demande et de réduction des émissions, selon un rapport de Transport & Environment (T&E).
L’ONG, qui a analysé les données de 2023 pour l’ensemble des vols au départ de la France, note que ces derniers ont augmenté de 10% l’année dernière par rapport à 2022, ce qui représente 700 000 décollages, soit près de 2 000 décollages par jour, et 20,3 millions de tonnes de CO2 émises (+12,5% par rapport à 2022).
« Ce rebond de l’aérien est accaparé par les compagnies low-cost, qui ont augmenté leurs nombres de vols de 13% l’année dernière, explique Jo Dardenne, responsable du secteur Aviation à T&E. Par rapport à 2019, Transavia a quasiment doublé ses émissions de CO2 pour les avions au départ de la France. On note également de fortes augmentations chez Ryanair et Corsair. Cette tendance est en contradiction avec la nécessaire modération de la demande pour atteindre les objectifs climatiques du secteur et la France a raté l’occasion d’y apporter une réponse, le dernier relèvement fiscal acté en 2023 excluant un aéroport comme Beauvais, fief du low-cost ».
En incluant toutes les compagnies aériennes, les émissions CO2 de 2023 représentent 89% du niveau d’avant-Covid. Air France, qui représente 38% des émissions du secteur en France, reste toujours en-deçà de son niveau de 2019 (-13%).
En outre, qu’il s’agisse de la compagnie historique Air France ou des compagnies low cost, les lacunes du marché carbone (ETS) empêchent la bonne application du principe pollueur-payeur, souligne le rapport de T&E. Les compagnies aériennes qui exploitent principalement des lignes long-courriers, comme Air France, profitent du fait que les vols extra-européens échappent à la taxation des émissions. En 2023, Air France n’a donc payé que 46 millions d’euros de taxe carbone, alors qu’elle aurait dû régler 700 millions d’euros si tous les vols au départ de l’Europe avaient été taxés. Au global, les revenus de l’ETS se montent à 2,9 milliards d’euros, alors qu’ils pourraient atteindre plus de 13 milliards d’euros. Pour T&E, cela contribue à cacher l’impact climatique réel des vols, ce qui booste la demande.
« Les gros pollueurs comme Air France, Lufthansa ou British Airways ainsi que les low-costs payent un prix ridiculement bas pour leurs émissions en raison des exonérations du marché carbone, affirme Jo Dardenne. La France doit freiner l’expansion du modèle low-cost en introduisant des mesures fiscales et opérationnelles, comme le relèvement de la taxe sur les billets et la mise en place de plafonds d’émissions aux aéroports ».
Greg765 a commenté :
27 avril 2024 - 14 h 14 min
On note surtout la prépondérance du long courrier sur les émissions. On voit que les low cost, bien que très présentes sur le marché français, ne pèsent que peu sur les émissions dans la mesure où elles effectuent très largement des vols moyen courrier.