Mieux vaut éviter de prendre l’avion jeudi en France, puisque l’impact de la grève des aiguilleurs du ciel, tous leurs syndicats réunis, sera puissant : la DGAC l’annulation de 75 % des vols à l’aéroport d’Orly et de 65 % des vols à ceux de Roissy et de Marseille-Provence. Une nouvelle menace de grève pour le pont de l’Ascension a été émise.
Les aiguilleurs du ciel français prévoient une « mobilisation record » après l’échec de négociations sur les mesures d’accompagnement d’une refonte du contrôle aérien, conçue pour faire face aux prévisions de forte croissance du trafic. Le point d’achoppement serait en particulier celui des hausses de salaire. Pour faire face à cette grève massive, la DGAC a demandé aux compagnies aériennes opérant en France, d’« abattre » – c’est-à-dire d’annuler – 75 % des vols à l’aéroport d’Orly et 65 % à ceux de Roissy-Charles-de-Gaulle et de Marseille. La DGAC les exhorte également à annuler 60 % des vols à Toulouse et Nice et 50 % pour les autres aéroports.
La négociation, entamée il y a 15 mois, prévoit de refondre l’organisation du contrôle aérien en France pour faire face à l’augmentation annoncée du trafic aérien, qui devrait augmenter de « 10 % à 20 % d’ici à 2030 », selon le SNCTA, principal syndicat de contrôleurs aériens avec 60 % des effectifs. Pour cela, la DGAC veut rationaliser le maillage des services de navigation aérienne en fermant, entre 2028 et 2035, un quart des tours de contrôle aujourd’hui en service et souhaite diminuer de moitié le nombre de centres de contrôle d’approche. Ces centres, qui gèrent les avions en approche d’un aéroport, passeraient de trente à seize, selon le SNCTA. A noter que les syndicats n’ont toujours pas la liste des aéroports visés par la réforme.
Les mesures sociales d’accompagnement à cette réforme proposées sont jugées très insuffisantes, selon le SNTCA, qui se mobilise sur le problème des rémunérations. Le SCNTA revendique l’accès aux niveaux d’indice de l’administration les plus élevés pour les aiguilleurs en fin de carrière. Il réclame aussi une hausse des salaires de 5,06 % par an pour les trois années à venir, tout en soulignant que, dans les autres pays européens, les aiguilleurs du ciel sont payés « deux à trois fois plus qu’en France », où le salaire moyen d’un aiguilleur est d’environ 5 000 euros. Il veut enfin le doublement de l’indemnité spéciale de qualification, fixée aujourd’hui à 1 000 euros. Enfin, une remise à plat du temps de travail des aiguilleurs est préconisée, qui prendrait en compte « la saisonnalité, les heures de pointe, en semaine, le week-end et la journée ». Les syndicats se sont aussi émus de la volonté annoncée de la DGAC de mettre en place des pointeuses et des badgeuses pour lutter contre la pratique des « clairances », par laquelle les contrôleurs organisaient eux-mêmes leurs effectifs.
Au total, le coût des revendications des 4 000 aiguilleurs de France serait de 50 millions d’euros quand la masse salariale de la DGAC s’élève presque à 1,2 milliard d’euros. Un argument irrecevable pour Pascal de Izaguirre, président de Corsair et de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM). Le patron de la Fnam a dénoncé l’argumentaire du SNCTA, qui réclame des hausses de salaires qu’il estime sans impact pour le contribuable français puisque le budget de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) est abondé par les redevances acquittées par les compagnies aériennes. Ce coût supplémentaire « serait répercuté in fine sur le passager », a expliqué Pascal de Izaguirre. Et d’enfoncer le clou sur cette énième grève: « La France est championne d’Europe des grèves du contrôle aérien, avec un impact sur les finances du secteur aérien européen de 800 millions d’euros pour la période 2018-2022, dont 624 millions pour la France. »
Et cela pourrait bien continuer. Le SNCTA menace déjà de déposer un nouveau préavis de grève pour le pont de l’Ascension, les 9, 10 et 11 mai. Rappelons également que le syndicat s’est entendu sur le principe d’une « trêve olympique » avec la Direction générale de l’aviation civile, conditionnée par « une augmentation indemnitaire » et de nouvelles discussions salariales après les Jeux Olympiques et Para-Olympiques.
Actualisation à 12h30 le 24 avril.
Le SNCTA, syndicat majoritaire chez les contrôleurs aériens français, a annoncé à la surprise générale la levée de son préavis de grève pour ce jeudi. Certtains vols pourraient cependant être annulés.
Sam a commenté :
24 avril 2024 - 12 h 10 min
Eh! Air Journal ! Reveillez-vous ! Un accord a été trouvé entre le syndicats et la DGAC et le préavis de grève a été levé…..
moonmartre a commenté :
24 avril 2024 - 12 h 17 min
Selon d’autres sources(Le Monde et Le Parisien), le préavis a été levé pour demain jeudi.
Pouvez-vous confirmer de votre côté?