Environ trois semaines après les élections, le nouveau gouvernement minoritaire a prêté serment au Portugal. Le nouveau ministre de l’Infrastructure et ancien secrétaire d’État Miguel Pinto Luz est donc le nouveau responsable de la reprivatisation de la compagnie aérienne TAP Air Portugal, une initiative lancée l’année dernière par le gouvernement précédent.
Le calendrier du gouvernement portugais précédent s’était retrouvé compliqué pour convertir une privatisation de TAP Air Portugal après la démission surprise du Premier ministre portugais Antônio Costa, le 7 novembre dernier. Plus précisément, il avait démissionné suite à la perquisition de sa résidence officielle dans le cadre d’une enquête de corruption impliquant ses membres proches et des projets liés à l’exploitation minière du lithium, à l’énergie verte et à un centre de données. Cette crise politique avait entraîné le report du projet de privatisation de TAP Air Portugal. Mais un nouveau gouvernement resserré a été mis en place suite aux élections législatives anticipées.
Pour le nouveau gouvernement et Pinto Luz, son ministre en charge de ce dossier, la TAP est l’un des plus grands défis pour, même si Pinto Luz connaît le sujet puisqu’il avait participé à la première privatisation de la TAP en 2015. L’ancien Premier ministre António Costa l’avait même accusé d’avoir vendu « de manière irresponsable » la compagnie, « à trois heures du matin », en tant que membre d’un « gouvernement déjà démis » en 2015, donnant « une garantie illimitée pour les dettes futures » et « une totale liberté de parti privé » pour le nouvel acquéreur (le consortium Atlantic Gateway, formé par David Neeleman et Humberto Pedrosa). Pinto Luz s’est défendu publiquement et a qualifié ces déclarations de fausses. « Le processus de privatisation de TAP que j’ai achevé en 2015 a été audité », a déclaré Pinto Luz, par la Cour des comptes, les commissions parlementaires, le pouvoir judiciaire et les journalistes.
La compagnie aérienne, après avoir traversé un processus de restructuration compliqué en raison de l’impact de la pandémie, a réalisé l’année dernière son résultat net le plus élevé de son histoire, avec un bénéfice de 177,3 millions d’euros. Ce qui permettra de vendre plus facilement et mieux la compagnie portugaise, comme cela semble s’esquisser toujours.
Le précédent gouvernement, qui a pris le contrôle du transporteur dans ce contexte, a lancé l’année dernière la reprivatisation de la compagnie aérienne, en annonçant son intention de vendre au moins 51% du capital de TAP, en réservant jusqu’à 5% aux travailleurs. Parmi les intéressés figuraient Air France-KLM, le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus et Level) et le groupe Lufthansa (Lufthansa, Swiss International Air Lines, Austrian Airlines). Il faut désormais savoir si le nouveau gouvernement maintiendra les modèles présentés par l’exécutif sortant ou s’il ira de l’avant avec un nouveau modèle de privatisation de l’entreprise et s’il choisira de vendre la totalité de la TAP. Miguel Pinto Luz pourrait aussi élargir à nouveau le cercle des intéressés, d’autant qu’IAG semble prêt à faire des concessions auprès de Bruxelles pour obtenir Air Europa, ce qui l’éliminerait logiquement auprès des autorités européennes de la concurrence de la course au rachat de la TAP.
Autre dossier chaud, même si c’est un véritable serpent de mer : la meilleure solution pour l’emplacement du futur aéroport de la région de Lisbonne face à la saturation de l’aéroport actuel Humberto Delgado, situé dans le nord de la capitale portugaise.. Pour cela, le nouveau gouvernement s’appuie sur un rapport préparé par la Commission technique indépendante (CTI), publié le 11 mars et qui maintient la recommandation d’une solution unique à Alcochete ou Vendas Novas. Il a toutefois souligné que Humberto Delgado + Santarém « pourrait être une solution ».
Luís Monténégro a garanti, avant d’être élu, que la décision serait prise « dans les premiers jours » du gouvernement, dans un dossier avec des décennies d’avancées et de revers (50 ans) et qu’aucun exécutif n’a réussi, jusqu’à présent, à résoudre. Le Premier ministre conservateur Luís Monténégro et ses six femmes et onze hommes ministres annoncés, ne disposent pas de majorité au Parlement et dépendent de l’opposition.
JEAN-PASCAL a commenté :
10 avril 2024 - 9 h 55 min
tap potugal sera surement vendu à lufthansa . Air france n’a pas l’argent pour l’acheter et même si AF trouvait le moyen de l’acheter avec un fond d’investissement il y aurait blocage à la commission qui demandera de baisser ses liaisons sur le Bresil
yoke a commenté :
10 avril 2024 - 10 h 46 min
Rien n’est moi sur puique LH doit se battre pour placer ITA dans son giron (et rien n’est moins sur)… LH étant déjà en situation dominante en Europe voit ses chances de rachat de TAP encore diminuer… et ce d’autant plus si LH récupère ITA…
LH ne sera donc pas le mieux placé.
IAG si il récupère Air Europa ne sera pas non plus le mieux placé.
Devinez qui reste en lice…
Greg6 a commenté :
10 avril 2024 - 11 h 22 min
A mon avis, les liaisons Paris/Lisbonne seraient bien plus scrutées par l’UE que les vols vers le Brésil.
AF n’a que trois destinations vers le Brésil. Dont Rio et Sao Paulo qui sont très bien desservies par la concurrence.
reponse a commenté :
10 avril 2024 - 22 h 46 min
AF-KML a près de 10mds€ de cash. Les liquidités ne sont pas un problème, et les partenaires bancaires sont bien présents. En témoignent les deux RCF signés l’année dernière avec succès (AFKL pour AF, et KL).
Pour riribdx a commenté :
10 avril 2024 - 10 h 03 min
Air Journal du 02 octobre 2023 :
” TAP Air Portugal, dont les difficultés s’étaient accrues avec la pandémie de Covid-19, a été totalement renationalisé dans l’urgence en 2020, bénéficiant d’une injection de 3,2 milliards d’euros de fonds publics assortie d’un plan de restructuration négocié avec la Commission européenne. Elle a dégagé au premier semestre 2023 un bénéfice de 22,9 millions, contre un résultat négatif de 202,1 millions d’euros un an plus tôt. ”
https://www.air-journal.fr/2023-10-02-la-privatisation-de-tap-air-portugal-suscite-linteret-dair-france-klm-lufthansa-group-et-iag-5251552.html
Le Président a refusé la privatisation en l’état et non un refus définitif de la privatisation en elle même. Il a demandé d’ailleurs des clarifications.
Autrement dit revoir la copie…
Concernant IAG, c’est tout à fait ce que je disais, argumentation reprise dans cet article à la fin du §5 :
“IAG semble prêt à faire des concessions auprès de Bruxelles pour obtenir Air Europa, ce qui l’éliminerait logiquement auprès des autorités européennes de la concurrence de la course au rachat de la TAP.”
Déjà un seule compagnie c’est rendu compliqué pour des questions de monopole…il semble encore bien plus compliqué que IAG puisse acquérir les deux ! ! !
Greg6 a commenté :
10 avril 2024 - 11 h 16 min
Si IAG est hors course pour le rachat de TAP après la reprise (éventuelle) d’Air Europa, je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même pour Lufthansa si ces derniers reprennent ITA.
D’autant plus que LH possède déjà Brussels, Austrian, Swiss/Edelweiss. Et que leur alliance compte aussi LOT et Aegan.
L’autre point très important est celui d’un nouvel aéroport. Si jamais un projet définitif était lancé, cela changerai la donne : l’aéroport actuel est saturé et TAP a perdu 18 paires de créneaux en faveur d’EasyJet.
TAP ne peut pas grandir. Un nouvel aéroport rendrait d’un seul coup TAP encore plus attractif.
TAP & IAG a commenté :
10 avril 2024 - 12 h 01 min
Parce que Air Europa et TAP desservent tous les deux les Amériques, notamment centrale et sud et que IAG avec Iberia , idem.
Cela créerait donc une situation de monopole.
Donc peu vraisemblable que cela soit accepté par l’U.E.
On verra bien, à suivre…
Greg6 a commenté :
10 avril 2024 - 14 h 30 min
Ce n’est pas faux, mais pour TAP on est essentiellement sur le Brésil, et Air Europa beaucoup plus sur les pays hispanophones.
TAP n’a que Caracas comme destination vers l’Amérique Latine hispanophone il me semble.
TAP & IAG a commenté :
10 avril 2024 - 17 h 54 min
Oui mais IBERIA et BRITISH Airways, desservent le Brésil, Rio de Janeiro et SAO Paulo.
Et ne pas oublier LEVEL sur Argentine et République Dominicaine…
Bref, Level+IBERIA+Air Europa+TAP+BRITISH Airways, cela ferait beaucoup….
Greg6 a commenté :
11 avril 2024 - 10 h 49 min
Ah mais je suis entièrement d’accord, ça ferait beaucoup.
C’est juste que, dans le cas où LH ferait ITA + TAP, ça ferait beaucoup là aussi. Après, quelle solution serait la “moins pire”…
Avec ou sans TAP, un regroupement Iberia/Air Europa est très problématique dès le départ de toute manière. Car il s’agit de deux compagnies en concurrence frontale : même base principale, mêmes routes, modèle de hub dans les deux cas. Il n’y a pas de complémentarité ici, c’est juste tuer un concurrent direct, et utiliser les créneaux et appareils gagnés pour se développer ailleurs (Asie).
Depuis le début, ces regroupements ne sont pas pris dans leur ensemble, c’est le gros problème.
Il y a trois compagnies qui sont “à vendre”, trois grands groupes, donc une par groupe si on veut être équitable. Partant de là, il faudrait une réflexion globale sur la meilleure des combinaisons pour éviter de trop grandes distorsions de la concurrence. Et surtout ne pas prendre chaque dossier un par un, indépendamment des autres.
De mon point de vue, la combinaison la moins impactante pour la concurrence serait très différente de ce qu’on observe actuellement. Ce serait : AfKlm – Air Europa ; LH – TAP ; IAG – ITA.
Caravelle a commenté :
10 avril 2024 - 13 h 16 min
“Le Premier ministre conservateur Luís Monténégro et ses six femmes”
Il est polygame ? 🙂
17 ministres a commenté :
10 avril 2024 - 20 h 43 min
😅😂🤣
“Le Premier ministre conservateur Luís Monténégro et ses six femmes et onze hommes ministres”
Lyonnnais a commenté :
11 avril 2024 - 0 h 42 min
Question d’un profane :
Dans le cadre d’une reprise de la TAP par AirFranceKLM, un biscuit que le groupe franco-néerlandais pourrait proposer au gouvernement ne serait-il pas de développer une nouvelle compagnie : Transavia Portugal ??
Déjà bien présent à Lisbonne, Transavia serait également contrebalancer l’influence de KLM dans le groupe, non ?
Greg6 a commenté :
11 avril 2024 - 10 h 59 min
Il y a une chose à prendre en compte, c’est qu’il n’y a aucun moyen de se développer sur Lisbonne. L’aéroport est totalement saturé.
Donc pour une éventuelle Transavia Portugal, il faudrait regarder s’il y a de la place sur les autres aéroports portugais, et des opportunités pour bouger la concurrence (déjà très présente sur place).
Pour l’influence de Klm, je ne vois pas trop où vous voulez en venir (j’ai peut-être mal compris).
@ Lyonnnais a commenté :
11 avril 2024 - 13 h 20 min
Pas compris le sens pour Transavia.
Transavia c’est Air-France KLM version low cost.
Bencello a commenté :
11 avril 2024 - 15 h 32 min
Attention, il existe DEUX Transavia au sein du groupe AF-KLM:
-Transavia France
-Transavia Hollande
Les bataves avaient fait la remarque que la seconde s’était fait dépasser par la première récemment
Pas sûr pour autant que l’équilibre soit une notion importante au sein du groupe.
Seule la performance de chacun des membres sera source de stabilité pour l’ensemble
Et je ne suis pas sûr que créer une nouvelle Transavia facilite les relations franco-hollandaises.