Les agents de bord de la compagnie aérienne à bas prix Frontier Airlines affirment que le projet de modifier radicalement la stratégie opérationnelle en réduisant le nombre d’escales de nuit jusqu’à 90 % constitue un « conflit majeur » qui ne leur apportera que des difficultés économiques.
N’ayant pas réussi à déclarer de bénéfice au cours de trois des quatre derniers trimestres, Frontier, basée à Denver, se lance dans un programme de redressement majeur qui verra la compagnie aérienne à bas prix délaisser les destinations principalement axées sur les loisirs, notamment en Floride, en faveur des destinations traditionnelles du marché à tarifs élevés. Le directeur général Barry Biffle a imputé les récents malheurs de Frontier à la sursaturation des marchés de loisirs populaires, en particulier lorsque le transporteur est en concurrence avec d’autres compagnies aériennes à bas prix comme Southwest, JetBlue et Spirit Airlines.
Biffle souhaite que Frontier affronte les transporteurs traditionnels comme Delta et United et ajoute de nouveaux produits pour attirer les clients les plus dépensiers, comme une disposition des sièges en classe affaires européenne où le siège du milieu dans une rangée standard de sièges économiques est bloqué.
Parallèlement à la refonte des destinations et des produits de Frontier, il est prévu de réinventer la façon dont la compagnie aérienne utilise ses avions dans le but de ramener les avions à leur base chaque nuit – la stratégie privilégiée par les compagnies aériennes à bas prix à travers l’Europe. L’Association of Flight Attendants (AFA-CWA), qui représente les membres d’équipage de Frontier, affirme cependant que le passage à cette nouvelle stratégie nécessitera de renégocier un contrat avec ses membres, car la convention collective actuelle n’est pas conçue pour ce type de modèle.
Traditionnellement, les agents de bord sont payés en fonction du temps qu’ils passent à voler, ainsi que du temps qu’ils passent loin de chez eux. L’accord actuel récompense les agents de bord qui effectuent des voyages plus longs au cours desquels ils peuvent passer plusieurs jours loin de chez eux, visitant différentes villes chaque nuit. « C’est un exemple flagrant de cupidité des entreprises », a fustigé mercredi Sara Nelson, présidente du syndicat des agents de bord. « Le plan de redressement de la direction consiste à transférer les coûts de l’entreprise, y compris l’hôtel et le transport, directement sur les agents de bord individuels. Si Frontier veut apporter ces changements, ils doivent négocier pour refléter le tout nouveau modèle commercial », a poursuivi Nelson.
Le syndicat a écrit à la direction de Frontier pour lui dire qu’il estime que le nouveau modèle commercial constitue un conflit majeur au regard de la loi et nécessite de nouvelles négociations en dehors des négociations contractuelles normales. En Europe, les compagnies aériennes low cost mettent en avant la possibilité de retourner à leur base tous les soirs comme un avantage particulièrement apprécié des agents de bord ayant de jeunes familles ou des personnes souhaitant maintenir une vie sociale à la maison. Mais Nelson explique que la grande majorité des agents de bord de Frontier parcourent plus de 90 miles jusqu’à leur aéroport de base. S’ils ne vivent pas réellement dans la ville où ils sont « basés », ils se retrouvent obligés d’avoir la responsabilité de se loger dans cette ville, signifiant qu’ils devront passer plus de temps dans les hôtels à leurs propres frais.
Bencello a commenté :
5 avril 2024 - 12 h 23 min
Les marchés de l’aérien en Europe et aux USA sont donc fondamentalement différents.
De l’autre côté de l’atlantique, les majors affichent des bénéfices confortables, Southwest se permet d’augmenter ses personnels, et les ULCC Spirit et Frontier sont en difficultés financières.
Chez nous, Ryanair et Wizz air continuent de prendre des parts de marché sur les 3 grandes compagnies historiques, après avoir affiché des bénéfices substantiels.
Le fractionnement des législations et des rémunérations en Europe est-il un avantage qui n’existe pas aux USA ? Les majors US sont-elles plus combatives ?
Greg6 a commenté :
5 avril 2024 - 14 h 32 min
Autre point : la taille ?
Les flottes des 4 major US sont énormes, les 4 plus importantes au monde. De 820 pour Southwest jusqu’à pratiquement 1000 pour Delta.
Et pour les trois “legacy” on ne compte même pas la flotte régionale dans le lot. Sinon on rajoute 335 à Delta, 440 à United et près de 500 pour AA…
Les “petites” compagnies ont du mal financièrement, c’est valable aussi pour JetBlue qui n’est pas une ULCC.
Alaska a choisi de rejoindre OneWorld et AA pour survivre, donc de ne plus être vraiment indépendante, et c’était aussi un des choix de JetBlue d’ailleurs.
Une grande (et vraie) low-cost regroupant Frontier et Spirit serait un début de solution à mon sens. Pour atteindre une taille critique.
On pourrait émettre l’idée d’y adjoindre JetBlue pour donner plus de poids, mais à condition que celle-ci suive le même modèle. Or ce n’est pas le cas. (Ce que voulais JetBlue en visant Frontier, c’était au contraire tuer la concurrence low-cost).
(après, il y aurait aussi un débat sur la réaction des autorités fédérales)
jamma a commenté :
6 avril 2024 - 2 h 18 min
Plus combatives, non, surtout quand on regarde les prix pratiqués. Les majors US sont présentes partout dans le pays avec leur marque respective.
En Europe, les plus importantes compagnies dépendent fortement de leur marché national et préfèrent acquérir d’autres compagnies pour accroitre leur présence dans un autre pays.
Les seules compagnies qui profitent pleinement de la dérèglementation du secteur aérien sont les lowcosts comme Ryanair, Easyjet ou Wizz Air.
Aux US, les LCC doivent faire face à l’imposante taille des legacy, mais aussi à leur dense réseau avec des fréquences élevées. La plupart des LCC proposent des fréquences irrégulières sur un nombre de routes moindre. Une seule LCC sort du lot (malgré une mauvaise réputation), c’est Allegiant Air qui proposent uniquement des destinations loisirs.
Bencello a commenté :
6 avril 2024 - 15 h 32 min
Merci pour vos réponses.
Passionnant d’avoir de telles discussions, sans insultes et réactions puériles haineuses.
🙂