Boeing a annoncé hier lundi, un peu à la surprise générale, qu’il remaniait sa direction alors qu’il se trouve en pleine crise, liée à la fiabilité des avions sortant de ses usines. Parmi les changements radicaux au sein de la direction, son directeur général (CEO), Dave Calhoun, part à la fin de l’année.

Boeing n’en finit plus de subir des secousses telluriques, provoquées par la perte d’une porte de fuselage en plein vol lors du vol AS-1282 Alaska Airlines le 5 janvier dernier. Moins de trois mois après celui-ci, les conséquences se voient désormais tout en haut de la hiérarchie. Hier, il annonçait dans un communiqué un remaniement profond de ses dirigeants, alors qu’il subit une pression croissante et conjointe de la part des régulateurs, des enquêteurs du NTSB, des compagnies aériennes et des passagers.

Le CEO de Boeing, Dave Calhoun, a annoncé sa décision de quitter son poste de PDG à la fin de 2024. Il continuera à diriger Boeing tout au long de l’année « pour achever le travail critique en cours visant à stabiliser et à positionner l’entreprise pour l’avenir. » D’autres départs sont annoncés d’ores et déjà. Stan Deal, responsable de la branche aviation commerciale, quitte immédiatement la société et se voit remplacé par Stephanie Pope, qui avait été nommée en début d’année cheffe des opérations et était en lice pour succéder un jour à M. Calhoun. De même pour le président du conseil d’administration, Larry Kellner, qui a officiellement déclaré qu’il n’a pas l’intention de se représenter lors de la prochaine assemblée annuelle des actionnaires. Le conseil d’administration a élu Steve Mollenkopf pour succéder à Kellner en tant que président indépendant du conseil d’administration. À ce titre, Mollenkopf dirigera le processus de sélection du prochain PDG de Boeing par le conseil d’administration.

Boeing, qui était déjà sous surveillance suite à deux accidents en 2018 et 2019 de son avion MAX pour défaut de conception du système MCAS (un “stabilisateur” de vol) ayant fait 346 morts, n’a plus la confiance des autorités de régulation. Deux enquêtes, menées par la FAA, ont révélé des défaillances catastrophiques dans son processus qualité. Les auditeurs de la FAA ont constaté que sur 89 audits effectués, Boeing a réussi 56 tests et en a échoué 33. Au cours de l’audit de six semaines, la FAA a également mené 13 audits de produits axés sur Spirit AeroSystems, qui fabrique des fuselages pour le Boeing 737 MAX. Seuls six audits ont passé le contrôle de passage et 7 ont échoué. De même, le FBI mène une enquête « criminelle » sur 4 boulons manquants de la porte-bouchon arrachée. Le ministère de la Justice aux Etats-Unis (DoJ) veut en effet savoir si des facteurs ayant contribué à l’incident du 5 janvier ont violé les termes d’un accord antérieur avec Boeing visant à résoudre toute responsabilité pénale pour les deux accidents impliquant des avions 737 MAX.

Fin février, la FAA a donné à Boeing 90 jours pour élaborer un plan d’action pour résoudre « les problèmes systémiques de contrôle qualité », ce qui sera encore du ressort de Calhoun donc.

Crise Boeing : le CEO Calhoun sur le départ ainsi que d’autres têtes dirigeantes 1 Air Journal

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