Après avoir obtenu des augmentations salariales substantielles pour les équipages des grandes compagnies aériennes américaines, le syndicat Air Line Pilots Association (ALPA) mène un nouveau combat contre un projet de loi du Congrès américain visant à faire passer l’âge de la retraite des pilotes de ligne de 65 à 67 ans.
Dans un communiqué, l’ALPA a déclaré qu’elle avait examiné “attentivement” la question et réaffirmé son opposition à un “changement arbitraire” de l’âge de départ à la retraite des pilotes de ligne. “L’Amérique n’a pas établi l’étalon-or de la sécurité aérienne en prenant des raccourcis lorsqu’il s’agit d’apporter des changements significatifs à notre système aérien complexe et mondial“, a dénoncé le syndicat, cité par l’agence Reuters.
D’un côté, selon l’ALPA, cette mesure pourrait entraîner des problèmes de programmation des compagnies aériennes et de formation des pilotes, et nécessiter la réouverture des contrats des pilotes, car les règles internationales actuelles empêcheraient toujours les pilotes de plus de 65 ans d’effectuer des vols internationaux. De l’autre, selon le Congrès, ce projet de réforme des retraites, et donc le relèvement de la limite d’âge de deux ans, permettrait d’aligner la retraite des pilotes sur l’âge minimum de la retraite au niveau fédéral, à 67 ans, ce qui leur permettrait de bénéficier de l’intégralité des prestations de sécurité sociale.
Chez les pilotes américains, le combat de l’ALPA ne fait pas l’unanimité. Nombreux sont les pilotes âgés qui sont favorables au recul de l’âge de départ à la retraite. Ils souhaitent travailler plus longtemps après avoir subi des pertes économiques lors de la crise sanitaire en 2020-2021 et de diverses faillites de compagnies aériennes. Ils affirment que les progrès de la science médicale ont permis de mieux valider les compétences physiques des pilotes, citant le Canada, le Japon et l’Australie, des pays où la limite d’âge des pilotes est plus élevée ou inexistante.
Tous les pilotes de ligne doivent passer des examens médicaux tous les six mois et ceux qui ont plus de 40 ans doivent subir un électrocardiogramme tous les ans. En outre, tous les pilotes voient leurs compétences régulièrement évaluées dans des simulateurs de vol afin de s’assurer qu’ils sont compétents. Par ailleurs, les pilotes sont autorisés à piloter des avions d’affaires et des avions charters au-delà de 65 ans, alors pourquoi pas des avions de ligne ?
Pilotes seniors vs. jeunes pilotes
Ces pilotes seniors, qui sont favorables au projet de loi du Congrès, accusent les dirigeants syndicaux de l’ALPA et autres syndicats de se plier aux exigences des jeunes pilotes. Ces derniers craignent qu’une augmentation de l’âge de la retraite ne retarde la progression de leur carrière, avec des pilotes seniors toujours en service.
“Il s’agit d’un coup d’État des pilotes débutants contre les pilotes confirmés“, a déclaré à l’agence Reuters Allen Baker, qui a pris sa retraite en tant que pilote de United Airlines en juin. Pour sa part, l’ALPA a déclaré que sa position sur l’âge était le résultat d’un “processus démocratique” et reflétait “la volonté” de ses membres.
À l’instar des pilotes, les compagnies aériennes américaines sont également divisées sur la question. Barry Biffle, PDG de Frontier Airlines, a indiqué que les pilotes devraient être autorisés à voler tant qu’ils passent leurs examens médicaux, rejoignant ainsi l’Association internationale du transport aérien (IATA) et l’Association des compagnies aériennes régionales (RAA), qui soutiennent un un départ à la retraite le plus tardif possible.
Pour Jonathan Ornstein, PDG de Mesa Airlines, les opérations de sa compagnie aérienne souffrent du fait qu’elle a perdu 37 % de ses commandants de bord pour cause de retraite et d’attrition depuis le début de l’année 2022. “Si la réglementation le permettait, je les reprendrais tous“, a-t-il affirmé. Mais pour le PDG de United Airlines, Scott Kirby, le relèvement de l’âge de la retraite ne résoudrait pas la pénurie de pilotes de ligne. L’année dernière, il a estimé que 36 % des pilotes de sa compagnie aérienne âgés de 64 ans étaient en congé de maladie, en congé de longue durée ou en congé médical de courte durée.
Frisch a commenté :
23 août 2023 - 15 h 48 min
Pnc de profession. Je préfère quand même que nos pilotes s arrêtent à 65. Pas que physiquement ils soient dépassé mais la science n a jamais réussi à diminuer la fatigue humaine de façon naturelle. Donc après un certain âge on voit les pilotes moins réactifs comme.nous tous. Donc pour moi pas top
T-LFSP1 a commenté :
24 août 2023 - 6 h 04 min
Bjr – Je suis complètement d’accord avec vous. Pour avoir bientôt 66 piges au compteur, je vous dire qu’intellectuellement, le cerveau ne fonctionne plus aussi rapidement qu’à 40 ans et l’enrichissement de nos fonctions cérébrales n’est plus aussi performant. Les temps de réaction sont plus long etc…
Ben a commenté :
23 août 2023 - 16 h 09 min
Avec le rythme effrene de nos programmes je prevoit d arreter a 50 ans voir avant… je me sais pas commemt on va tenir avec max duty minimum rest, early to late etc etc etc
Sam a commenté :
23 août 2023 - 18 h 00 min
C’est sûr qu’une carrière de 40, 41, voire 45 ans avec des temps de vol annuels de 900h, dont au moins la moitié de nuit ( pour le long-courrier), ça finit par faire beaucoup !
Un pilote a commenté :
23 août 2023 - 22 h 27 min
Celui qui fait ça est mort à 65 ans de toute façon.
atplhkt a commenté :
23 août 2023 - 23 h 57 min
@ Sam
Suivant les règles officielles (France & Europe par exemple) prétendre à 900 HV / AN pour des PNT en LC est utopique.
Pour les règles et calculs (temps de vol et de service) :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074234/LEGISCTA000006159793/
Pour des chiffres réels :
” Avant le Covid-19, le pilote français vole 650 heures par an en moyenne quand l’Allemand et le Britannique atteignent 850 heures et sont proches du plafond légal de 900 heures. ”
https://www.air-journal.fr/2022-08-20-pilotes-dair-france-moins-dheures-de-vol-que-ceux-de-lufthansa-ou-british-airways-5242155.html
Justin Fair a commenté :
24 août 2023 - 10 h 57 min
” le pilote français vole 650 heures par an en moyenne quand l’Allemand et le Britannique atteignent 850 heures et sont proches du plafond légal de 900 heures. ”
Reste à savoir comment cela est décompté… Pour en avoir discuté avec des pilotes étrangers, c’est parfois très différent…
Bref, voler 650 h réelles par an à plus de 65 ans, même sur moyen-courrier… Bon courage!
Et ils ne coûteront pas cher à la caisse de retraite….
Zeph a commenté :
24 août 2023 - 6 h 54 min
Pourquoi ne pas laisser le choix? Possibilité de partir quand on veut à partir de 65 ans si avis médical ok toujours une obligation…. Un âge butoir… plus de souplesses et on verra comment réagiront les PNT…