Après une première grève de quatre jours, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a déposé un prévis de grève illimité chez les compagnies aériennes Air Antilles et Air Guyane « pendant cette période de vacances estivales ».
Ayant déjà appelé à la grève du 14 au 19 juillet 2023, la section CAIRE du SNPL représentant les pilotes d’Air Antilles et Air Guyane n’a visiblement rien obtenu. Selon elle, 95% des pilotes en Guyane et plus de 60% aux Antilles ont cessé le travail, mais malgré l’annulation de tous les vols en Guyane et « la moitié de flotte au sol aux Antilles », le PDG Éric Koury « est toujours le grand absent du dialogue social. Aucune invitation à se mettre autour de la table, ni à négocier ! ». Le syndicat appelle désormais à une grève illimitée, dénonçant toujours le mépris de la direction.
Le SNPL explique que « dès la reprise du Groupe CAIRE en 2002 en tant qu’actionnaire majoritaire, Éric Koury n’a jamais cessé de dévaloriser le travail de ses salariés. Dans tous ses discours, la pérennité et/ou la rentabilité de cette compagnie dépendraient uniquement de la baisse des salaires, en commençant systématiquement par celui des pilotes. Bien avant l’apparition de cette dénomination, l’Accord de Performance Collective était déjà une pratique courante au sein de CAIRE. Déjà un accord de 2006 consistait à baisser la rémunération du travail effectué par les pilotes. Une autre tentative sournoise du même type a pu être déjouée en 2013. En 2014, les règles de calcul basées sur la grille de salaire de 2006 ont encore une fois été revues à la baisse, au détriment des pilotes ».
En plus de 20 ans, « aucune des négociations annuelles obligatoires (NAO, pas toujours tenues bien qu’obligatoires) n’a apporté un quelconque avantage aux pilotes », assure le syndicat. « JAMAIS ! Les NAO aboutissent constamment à un protocole de « désaccord » ! En 20 ans, les salariés de cette compagnie n’ont jamais perçu la moindre prime de participation. JAMAIS ! En 20 ans, les salariés de cette compagnie n’ont jamais reçu la moindre prime d’intéressement. JAMAIS ! En 20 ans, les salaires n’ont jamais été revalorisés. JAMAIS ! ».
Pourtant, souligne le syndicat, le coût de la vie « a bel et bien considérablement augmenté en 20 ans. A tel point que même le niveau du SMIC s’est rapproché du niveau des salaires des co-pilotes chez CAIRE. C’est désespérant ! Chaque année, un usage ou des acquis sociaux sont retirés. Chaque année, la direction nous fait perdre les congés à reporter : un ‘bug informatique annuel’ nous annulant très régulièrement nos congés reportés ».
« Travailler plus, toujours pour gagner moins » ne suffit pas à notre direction, continue le SNPL. « Nos conditions de travail se dégradent simultanément, une année après l’autre. La chaleur dans les postes de pilotage, l’état des sièges, les prestations telles que les repas servis aux équipages lors de leurs services en vol (carrément ridicules depuis peu), les modifications fréquentes et parfois très tardives de nos plannings, sont autant d’aléas que nous subissons quotidiennement ».
Le dirigeant affirmerait pourtant vouloir sauver l’entreprise, mais finalement « se comporte en fossoyeur de CAIRE ». Il affirme qu’une revalorisation des conditions de travail des pilotes coûterait 2,5 millions d’euros, alors que selon le SNPL « c’est inexact, lorsque l’on regarde la base de données économiques et sociales légale, bien que parcimonieusement communiquée aux salariés depuis 20 ans ; il lui coûterait bien moins de 2,5 millions pour revaloriser de 20% l’ensemble des salariés de CAIRE ». Le syndicat lui demande depuis trois ans d’ouvrir les comptes de la compagnie à ses salariés, et affirme que « même les experts pourtant dûment mandatés par le CSE n’obtiennent pas ces éléments chiffrés. De l’entrave ! Nous y sommes habitués ».
S’il faut crier fort pour se faire entendre, « c’est tous ensemble que nous allons donner de la voix pour porter et faire entendre nos revendications et engager un tournant dans le management de cette compagnie, si enfin notre Président Directeur Général daigne venir négocier avec ses salariés, maltraités depuis trop longtemps ! Une entreprise ne peut pas être sauvée sans dialogue social », conclut la section CAIRE du SNPL.
xenon24 a commenté :
18 juillet 2023 - 10 h 28 min
Connaissant cette compagnie depuis sa naissance, ainsi que son PDG depuis le rachat d’Air Caraïbe, je ne peux que soutenir le mouvement des salariés et des PN en particulier. Ce PDG et son aéropage de cadres serviles en première lignes utilisent l’importance stratégique et économique du transport aérien aux Antilles comme levier auprès des collectivités locales et asservit le personnel à des conditions de travail précaires tout en profitant des subventions publiques. Les salariés de Corsair qui sont sous une gouvernance similaire, feraient bien de rester alerte.
Kébir 29 a commenté :
18 juillet 2023 - 13 h 56 min
Eric Koury est un patron “très social”, grâce à lui j’ai gagné beaucoup d’argent aux Prud’hommes de PTP !!!