Le Président français Emmanuel Macron a annoncé vendredi une série d’investissements d’ici 2030 pour parvenir à un « avion vert européen » dont 300 millions d’euros par an sur la période, mais aussi 200 millions pour développer la filière SAF avec implantation d’une nouvelle usine, et 200 millions pour aider les startups impliquées dans les petits avions électriques ou à hydrogène.

Lors de sa visite chez le motoriste Safran en Seine et Marne le 16 juin 2023, Emmanuel Macron a dévoilé – et chiffré – une série d’initiatives destinées à favoriser le développement d’une filière nationale dans l’aviation durable. « Nous produisons environ un avion sur deux dans le monde (… ), et si l’on sait complètement pivoter l’industrie française, nous pouvons être leader dans la décarbonation et baisser de manière substantielle les émissions ». Les trois axes d’investissements sont les suivants :

300 millions d’euros chaque année sur la période 2024-2030 (triplement du soutien actuel du Conseil pour la recherche aéronautique civile, le CORAC) pour parvenir à un « avion vert » européen, avec pour objectif de le faire voler « de façon totalement écologique », que ce soit avec des SAF, de l’hydrogène ou de l’électricité. Le Président mise en particulier notamment sur le moteur Rise, un projet « 100% écologique » mené par Safran et GE Aviation (SAF ou hydrogène).

– 200 millions d’euros pour développer une filière française, en particulier via le projet BioTJet avec l’implantation d’une usine prévue dans le bassin de Lacq et la création de 700 emplois directs. « Nous allons réussir cette bataille de la décarbonation par l’innovation, c’est-à-dire en améliorant les moteurs existants et leurs performances, en faisant en sorte qu’ils consomment moins ou qu’ils aient une meilleure performance à consommation égale », a promis le chef d’État.

– 200 millions d’euros promis pour aider plus vite les « acteurs émergents », les startups qui vont entre autres collaborer avec Safran, spécifiquement pour développer de « petits avions électriques ou à hydrogène ».

« Les François doivent être les champions de l’avion ultra-sobre », a déclaré Emmanuel Macron, mais aussi entrainer leurs partenaires européens alors que le nombre de passagers dans le monde devrait rattraper vers la fin de l’année celui d’il y a quatre ans, avant la pandémie de Covid-19 (et peut-être doubler d’ici 2050, horizon fixé par l’industrie pour atteindre le net zéro).

« Cette annonce présidentielle est excellente pour l’aviation », a réagi Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français et francophones associés (UAF) sur France Info, tandis que le commissaire européen Thierry Breton rappelait qu’il faut « embarquer tous les acteurs pour avoir une vision globale au niveau français ». Et de citer dans La Tribune ce plan de soutien annoncé par Emmanuel Macron : « Nous allons soutenir cette approche et travailler ensemble pour embarquer également tous les acteurs européens. Notre objectif : accompagner complètement le secteur dans cette transition et faire en sorte que tous ceux qui voudront utiliser l’avion puisse le faire car c’est aussi un élément de liberté ». 

« Nous saluons les annonces d’Emmanuel Macron. Elles sont extrêmement positives et vont dans le bon sens. C’est la première étape d’un long processus », a ajouté toujours dans La Tribune Anne Rigail, la directrice générale d’Air France en marge du Paris Air Forum. Mais « en plus du soutien aux investissements, il est nécessaire d’avoir également un soutien à l’achat des carburants durables. Il faut des aides pour limiter le surcoût payé par les compagnies aériennes, qui sont le dernier maillon de la chaîne de valeur », a-t-elle ajouté.

On retiendra aussi que Transport & Environment « salue le soutien à cette filière indispensable pour réduire les émissions des avions », tout en rappelant l’importance de ne pas tout miser sur les biocarburants. Jérôme du Boucher, responsable aviation chez T&E France, explique dans un communiqué: « L’annonce par le Président d’un plan de décarbonation du secteur aérien français est une bonne nouvelle. Mais le diable se cache dans les détails. Certes, les carburants dits durables offrent une voie prometteuse pour décarboner le secteur. Mais tous ces carburants ne se valent pas », le projet BioTJet n’apportant en particulier « pas une réponse à la hauteur ». 

Pour T&E, le kérosène synthétique « est le seul carburant durable qui conjugue durabilité et potentiel d’augmentation des volumes. Mais si l’expansion du secteur reste incontrôlée, la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer ce carburant sera astronomique. Si le nombre d’avions continue de croître, les objectifs de décarbonation ne seront plus qu’une chimère ». 

L’Elysée a rappelé au passage que la consommation par passager aérien  déjà été divisée par cinq depuis 1960, par deux depuis 1990, et va encore baisser de « 20 à 30% » – d’ici le passage à l’avion vert.

Plan Macron : 700 millions d’euros pour l’aviation décarbonée 1 Air Journal

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