La compagnie aérienne Swiss International Air Lines part à la recherche de copilotes expérimentés, tandis qu’aux Etats-Unis un projet de loi veut repousser à 67 ans leur âge de départ en retraite.
La compagnie nationale suisse rappelait hier ne pas avoir eu la possibilité de former des pilotes durant la pandémie de Covid-19 : dans les années à venir, SWISS va non seulement en former de nouveaux, homme et femmes, mais aussi engager des copilotes (First Officer) déjà formés, avec ou sans qualification de type (Type Rating) en cours de validité. Par ces nouveaux recrutements débutant à l’automne 2023, SWISS « s’assure de disposer à l’avenir de suffisamment de navigants techniques ».
Stefan-Kenan Scheib, Head of Flight Operations de SWISS, a déclaré dans un communiqué : « Nous nous réjouissons d’accueillir bientôt parmi nous des copilotes expérimentés. La formation des nouveaux pilotes dure environ deux ans. Afin d’assurer un service aérien stable à moyen terme, nous sommes tributaires de l’embauche de First Officers déjà formés ».
Pour devenir pilote chez SWISS, il faut remplir différents critères « auxquels s’ajoutent une réputation irréprochable, une personnalité intègre, mûre et loyale, des compétences sociales et une prédisposition au leadership ». Les candidats intéressés trouverons ici les conditions requises (seulement en allemand). La préférence sera donnée aux candidats expérimentés disposant d’une qualification de type Airbus en cours de validité. Les First Officers recevant une réponse positive se verront proposer un contrat de travail à durée indéterminée. La formation se déroule chez Lufthansa Aviation Training à Glattbrugg.
Le manque de pilotes est encore plus criant aux Etats-Unis, en particulier dans les compagnies régionales, avec les conséquences que l’on sait sur les retards et annulations de vols. Alors le Sénat et la Chambre des Représentants ont décidé de réanimer un projet de loi refusé l’été dernier, le « Let Experienced Pilots Fly Act » (« laissons les pilotes expérimentés voler ») qui repousser de 65 à 67 ans l’âge de départ en retraite obligatoire des PNT. Avec quand même une obligation de renouvellement du certificat médical tous les six mois. L’âge actuel de la retraite est de 65 ans depuis 2007, quand il avait été relevé de 60 ans (un âge fixé en 1960).
Le sénateur Joe Manchin, de Virginie-Occidentale, a justifié le projet de loi bipartisan : « Notre pays est toujours confronté à une grave pénurie de pilotes qui a entraîné récemment une augmentation des annulations et des retards de vols, perturbant ainsi les projets de voyage de millions d’Américains. En Virginie-Occidentale, nos aéroports sont nos portes d’entrée vers le reste du monde et, malheureusement, nous avons perdu un certain nombre de vols au cours de l’année écoulée en raison de cette pénurie ». Cette réforme « pleine de bon sens contribuera à garantir la sécurité, la fiabilité et l’efficacité des services aériens tout en remédiant à la pénurie de pilotes », a-t-il ajouté.
L’Association des compagnies aériennes régionales (RAA) soutient le projet de loi, sa présidente Faye Malarkey Black expliquant dans AINonline que le relèvement de l’âge de la retraite des pilotes « permet de maintenir en poste les pilotes expérimentés, en particulier les commandants de bord, et aura un impact positif immédiat sur la pénurie de pilotes ».
Mais le syndicat de pilotes américain ALPA (Air Line Pilots Association), qui avait finalement accepté le passage à 65 ans, s’oppose fermement au passage à 67 ans : « Cette législation est une solution à la recherche d’un problème. Le relèvement de l’âge de la retraite ne ferait qu’augmenter les coûts pour les compagnies aériennes, aggraverait le retard de formation post-COVID en utilisant des cycles de formation indispensables pour former des pilotes de plus de 65 ans qui seraient limités aux opérations nationales, et introduirait des risques inutiles pour les passagers comme pour l’équipage. C’est pourquoi les grandes compagnies aériennes et une grande majorité de pilotes et de passagers s’opposent à cette initiative. Nous sommes déçus », a souligné dans un communiqué le président d’ALPA Jason Ambrosi.
Selon la RAA, quatorze aéroports ont perdu tous leurs vols depuis la crise sanitaire, 53 ont perdu plus de la moitié de leur offre, et 324 plateformes ont perdu en moyenne un tiers de leurs services aériens.
GVA1112 a commenté :
31 mars 2023 - 14 h 53 min
Pour ma compréhension sur cette augmentation de l’age de la retraite aux USA pour les Pilotes, à quel age, les pilotes français partent en retraite ?
Est ce que c’est le même age partout en Europe ? .. et dans le reste du monde.
Jack a commenté :
31 mars 2023 - 17 h 39 min
Nous pouvons partir dès 60 ans, à taux plein ou non en fonction des années de cotisation, et au plus tard à 65 ans, sous réserve de validation tous les 6 mois d’une visite médicale exigeante. Dans les faits, beaucoup de pilotes sont arrêtés de vol avant 65 ans.
Justin Fair a commenté :
1 avril 2023 - 8 h 32 min
“Dans les faits, beaucoup de pilotes sont arrêtés de vol avant 65 ans.”
Il faut dire que nuits en vol, décalages horaire, etc, après 60 ans, ça use…
Nuits en vol et décalage horaire: le remède. a commenté :
1 avril 2023 - 11 h 09 min
Sont pas obligés de faire des nuits en vol et subir des décalages horaires après 60 ans. Si c’est si pénible, z’ont qu’à retourner faire du moyen courrier: aucune nuit en vol ni décalage horaire sérieux garanti .
Ils gagneraient moins sur A220/320 certes….mais ils paieraient aussi moins d’impôts : rajouté à l’absence des nuits de vol et des décalages horaires: voilà trois avantages qui se cumulent.
atplhkt a commenté :
1 avril 2023 - 14 h 16 min
@ justin fair
Il y a des ” chiffres ” qui ” pondèrent ” quelque peu ce que vous mentionnez :
” (…) L’espérance de vie d’un pilote à 56 ans (à l’âge de la retraite), est de 91 ans, soit 4 ans de plus que la moyenne nationale. Cela peut sembler en contradiction avec la pénibilité de l’activité avec décalage horaire, travail de nuit, atmosphère avec pression atmosphérique différente, rayonnement cosmique, etc. Cette espérance de vie est toutefois due à une population sélectionnée lors du recrutement pour son excellente santé physique immédiate, mais aussi à venir, puis à un suivi médical très régulier allant jusqu’à une visite médicale tous les six mois en fin de carrière.”
https://www.lepoint.fr/economie/retraites-les-pilotes-tres-remontes-contre-la-reforme-09-10-2019-2340359_28.php
Il y a aussi ceux qui souhaitent continuer à piloter (association PNT 65 en son temps) pour autant que leur licence reste validée médicalement évidemment :
” Jean Serrat a beau ne pas être un ancien d’Air France, il en connaît visiblement bien les rouages. Depuis qu’il a découvert la proposition faite au gouvernement par le SNPL, un syndicat dont il a été vice-président, cet ex-pilote de Corsair est en colère. Il n’admet pas qu’on puisse remettre en cause le fruit du long combat mené avec l’association PNT65 qu’il préside: la loi autorisant un commandant de bord comme tout autre personnel navigant à pouvoir rester aux manettes jusqu’à son 65ème anniversaire”
https://www.challenges.fr/entreprise/ces-vieux-pilotes-d-air-france-qui-refusent-la-retraite-a-60-ans-proposee-par-le-snpl-comme-solution-au-sureffectif_7555