L’Europe a adopté hier des recommandations sur les mesures sanitaires à imposer sur les voyages aériens en provenance de Chine. L’IATA proteste à son tour, alors que d’autres pays préfèrent ne pas imposer de nouvelles restrictions de voyage.
Suite à la réunion le 4 janvier 2023 des experts sanitaires des États-membres de l’Union européenne, un petit pas en avant a été effectué vers la coordination des mesures sanitaires à l’échelle du continent, dans un « « approche de précaution coordonnée » face au risque de propagation de la pandémie de Covid-19 via les vols en provenance de Chine, d’où une forte hausse du nombre de passagers étant attendue à partir de lundi prochain.
Les pays européens sont donc « vivement encouragés » à mettre en place les mesures suivantes, la responsabilité de les appliquer étant du ressort des Etats : test de dépistage négatif des voyageurs, passé au plus 48 heures avant le départ, port du masque obligatoire dans les avions, tests aléatoires à l’arrivée (avec séquençage des résultats), ou encore contrôle des eaux usées dans les aéroports accueillant les compagnies aériennes arrivant de Chine. Alors que France, Italie ou Espagne avaient déjà pris des mesures similaires, la Belgique par exemple a annoncé pour dès ce jeudi la mise en place de ces mesures – mais uniquement pour les vols directs initialement.
Les tests de dépistage avant le départ et le port des masques font aussi partie des mesures sanitaires qui resteront en place le 8 janvier pour les voyages vers la Chine ; cela n’a pas empêché les autorités de prévenir de « représailles » si ces mesures étaient adoptées à l’étranger, comme par exemple au Japon, aux USA, au Canada, au Royaume Uni ou en Ide – sans oublier le Maroc qui ferme carrément ses frontières aux passagers arrivant (indirectement) de Chine.
Ces mesures sanitaires, décrites comme inefficaces ou pas nécessaires par les spécialistes comme l’ECDC, ont bien sûr attiré l’ire de l’IATA : après ACI Europe, l’Association du transport aérien international a par la voix de son directeur général Willie Walsh constaté que ces mesures sont prises par des pays « même si le virus circule déjà largement à l’intérieur de leurs frontières. Il est extrêmement décevant de voir cette réintroduction irréfléchie de mesures qui se sont avérées inefficaces au cours des trois dernières années ».
« Les recherches entreprises autour de l’arrivée du variant Omicron ont conclu que la mise en place de barrières sur le chemin des déplacements ne faisait aucune différence dans le pic de propagation des infections. Tout au plus, les restrictions ont retardé ce pic de quelques jours. Si un nouveau variant émerge dans n’importe quelle partie du monde, on s’attendrait à la même situation. C’est pourquoi les gouvernements devraient écouter les conseils d’experts, y compris l’OMS, qui déconseillent les restrictions de voyage. Nous avons les outils pour gérer le COVID-19 sans recourir à des mesures inefficaces qui coupent la connectivité internationale, nuisent aux économies et détruisent des emplois. Les gouvernements doivent fonder leurs décisions sur des ‘faits scientifiques’ plutôt que sur des ‘politiques scientifiques’ ».
« Alors que la Chine a considérablement assoupli les mesures aux frontières, j’exhorte le gouvernement chinois à supprimer la nécessité de tests Covid-19 avant le départ pour ceux qui voyagent en Chine. Bien qu’il n’y ait pas de consensus scientifique sur la question de savoir si de telles mesures réduiront le risque qu’un autre variante atterrisse en Europe, des pressions ont néanmoins été exercées pour les introduire », a conclu Willie Walsh.
Hors d’Europe, deux pays en particulier ont renoncé aux mesures sanitaires concernant les vols arrivant de Chine : la Thaïlande, où la vaccination reste obligatoire pour entrer dans le pays avec assurance santé à l’appui (et qui compte sur le retour du tourisme chinois, alors que celui d’Inde est menacé par des mesures spécifiques), et la Nouvelle Zélande, qui considère le risque « minimal » et proposera des tests de dépistage à l’arrivée uniquement sur la base du volontariat. Selon la ministre de la réponse Covid-19 du pays, Ayesha Verrall, les responsables ont effectué une évaluation des risques pour la santé publique, et confirmé que « les visiteurs ne contribueraient pas de manière significative à nos nombres de cas positifs, ce qui signifie que les restrictions d’entrée ne sont pas nécessaires ou justifiées. Nous savons que le BF7 est le variant le plus répandue en Chine et qu’il n’a pas provoqué d’épidémies importantes dans d’autres pays qui, comme la Nouvelle-Zélande, ont déjà été exposés au variant BA5. Ainsi, des mesures de santé publique ne sont pas nécessaires pour protéger les Néo-Zélandais ».
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