Air France-KLM, Delta Air Lines et le fonds d’investissement Certares se posent des questions après l’annonce mardi du gouvernement italien sur la fin de la période d’exclusivité sur le rachat de la compagnie aérienne ITA Airways, sans mentionner le consortium gagnant.
Le nouveau ministre de l’Economie italien Giancarlo Giorgietti a publié le 1er novembre 2022 un communiqué indiquant que dans le cadre de la privation de celle qui remplace Alitalia depuis un an, « les engagements d’exclusivité accordés le 31 août prennent fin aujourd’hui ». Le texte souligne que les négociations « se poursuivent pour définir un éventuel accord de cession » d’ITA Airways, sans précision sur le maintien de la privations ou le choix du futur repreneur.
Ces négociations exclusives ouvertes depuis la fin aout, et le choix du gouvernement d’alors en faveur de Certares, Air France-KLM et Delta (et aux dépens du couple Lufthansa Group-MSC) avaient déjà été rallongées de 30 jours fin septembre, suite à la victoire aux législatives du parti Frères d’Italie. La dirigeante du parti et désormais cheffe du gouvernement Giorgia Meloni n’avait pas caché son opposition à la privatisation d’ITA Airways, avant de l’abandonner selon un de ses conseillers suite à son accession au pouvoir.
Le groupe Air France-KLM a déclaré au Figaro qu’il « prend acte de la fin de la période d’exclusivité. Le groupe examine ses options en ce qui concerne le marché italien du transport aérien et attend de plus amples informations de la part de l’État italien ». Des médias italiens, citant des sources proches du dossier, ont souligné que Certares faisait tout pour parvenir « rapidement » à une offre « contraignante et définitive ».
Rappelons que Giancarlo Giorgetti, alors ministre du Développement économique dans le gouvernement Draghi, s’était inquiété du choix de ce consortium emmené par Certares, arguant que son offre n’incluait pas de partenaire industriel, « l’un des éléments fondamentaux de la stratégie, qui garantirait un avenir à l’entreprise italienne et à ses travailleurs ». Le Trésor, unique actionnaire d’ITA Airways, expliquait au contraire que l’offre du consortium vainqueur était « plus conforme aux objectifs fixés par le décret » de privatisation. Le Conseil d’administration de la compagnie nationale italienne avait de son côté démis de ses fonctions le mois dernier son Président Alfredo Altavilla, qui favorisait lui aussi l’offre Lufthansa-MSC.
Rappelons que selon la presse, le consortium Certares-Air France-KLM-Delta aurait mis 350 millions d’euros sur la table pour une participation de « 50% plus une action », avec deux sièges sur cinq au CA réservés à l’état italien. Air France-KLM précisait le mois dernier ne pas vouloir investir « pour le moment » dans ITA Airways, et comme Delta veut initialement être un « partenaire commercial et opérationnel ». D’après le Corriere della Serra, une augmentation de capital d’environ 600 millions d’euros serait lancée « quelque temps » après la conclusion de l’opération par Certares.
En face, Lufthansa Group, allié au géant suisse du transport maritime MSC, aurait proposé 850 millions d’euros pour acquérir 80% d’ITA Airways (et ne laisser donc que 20% au gouvernement).
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