Les pilotes de la compagnie aérienne Delta Air Lines ont voté en faveur d’une grève, qui sera déclenchée si aucun accord collectif n’est trouvé d’ici la fin de l’année. Leurs homologues chez LATAM Chile envisagent de tenir un vote similaire.
Quelque 15.000 pilotes de la compagnie américaine ont voté massivement « en faveur de l’autorisation d’une grève » selon le syndicat ALPA (Air Line Pilots Association) qui négocie depuis trois ans avec Delta pour une amélioration du contrat de travail des PNT. Les négociations avaient débuté en 2019, avant une médiation lancée début 2020 – et immédiatement interrompue par la pandémie de Covid-19, ne reprenant qu’en janvier dernier. « Nos pilotes ont dit très clairement qu’ils étaient prêts à faire la grève pour obtenir le contrat que nous méritons », a déclaré dans USA Today Evan Baach, porte-parole d’ALPA et commandant de bord chez Delta. « Nous espérons que ce vote d’autorisation de grève envoie un message clair ». La dernière signature du syndicat sur le sujet remonte à 2016 ; et il souligne que Delta a entretemps signé avec d’autres catégories de personnel, et « investi dans des compagnies étrangères ».
Le syndicat a beau jeu de rappeler que la compagnie aérienne a rebondi après la crise sanitaire, annonçant le mois dernier un bénéfice de 695 millions de dollars pour le seul troisième trimestre. Ed Bastian, CEO de Delta, expliquait en outre prévoir au T4 « une accélération de la croissance des revenus par rapport à 2019, avec une marge d’exploitation d’environ 10% ». « Pendant ce temps, nos négociations traînent depuis trop longtemps », a ajouté Jason Ambrosi d’ALPA dans le communiqué. « Notre objectif est de parvenir à un accord, pas de faire la grève. La balle est dans le camp de la direction. Il est temps pour l’entreprise de passer aux négociations sérieuses et d’investir dans les pilotes de Delta ».
Les passagers de la compagnie de l’alliance SkyTeam ne doivent cependant pas s’inquiéter pour les mois qui viennent : aucune date d’éventuelle grève n’est évoquée par le syndicat. Avant qu’une grève puisse avoir lieu, le Conseil national de médiation doit selon le quotidien d’abord décider que « des efforts de médiation supplémentaires ne seraient pas productifs », et offrir aux parties la possibilité d’arbitrer le différend contractuel. Si l’une ou l’autre des parties refuse l’arbitrage, les deux entrent dans une « période de réflexion » de 30 jours, après laquelle les pilotes et la direction peuvent selon ALPA décider – de lancer une grève pour le syndicat, ou de décréter un lockout pour la direction.
Delta explique de son côté avoir fait avec ALPA « des progrès significatifs dans nos négociations, et nous n’avons plus que quelques sections de contrat à résoudre. Nous sommes confiants que les parties parviendront à un accord juste et équitable, comme nous l’avons toujours fait lors des négociations passées ».
Au Chili, les pilotes de la filiale locale du LATAM Airlines Group ont refusé une proposition de la direction pour remplacer le contrat accepté pendant la crise sanitaire, et envisagent eux aussi selon le syndicat SPL de voter sur le principe d’une grève. Et ils ont reçu le soutien de leurs homologues d’American Airlines via le syndicat APA (Allied Pilot Association), selon qui « la direction refuse de négocier ». « Comme nous l’avons vu dans notre propre compagnie aérienne à différents moments de notre histoire, une action revendicative des pilotes peut être nécessaire pour produire le résultat souhaité », rappelle AP dans un communiqué, le même schéma se produisant dans d’autres compagnies aérienne : « les travailleurs se sacrifient pour aider leurs entreprises en période de détresse, pour être ignorés une fois la crise passée »
Le groupe LATAM Airlines avait annoncé mi-octobre un plan de réorganisation qui injecterait environ 8 milliards de dollars, par une combinaison d’augmentation de capital, d’émission d’obligations convertibles et de nouvelle dette ; et ce afin d’accélérer sa sortie de la protection contre les créanciers aux USA (Chapter 11), où il se trouve depuis mai 2020. « Dans les semaines à venir, nous prévoyons de sortir du chapitre 11 avec environ 2,2 milliards de dollars de liquidités et une réduction de la dette d’environ 35% par rapport à la dette que nous avions en cours avant d’entamer ce processus », déclarait alors Roberto Alvo, CEO du groupe.
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