Tiré par la reprise du trafic aérien, le motoriste et équipementier aéronautique Safran a enregistré un chiffre d’affaires ajusté de 8,56 milliards d’euros au premier semestre 2022, soit une augmentation de 24,5 % sur une année glissante.
Sur la même période, le groupe français a vu son bénéfice net ajusté doubler à 536 millions d’euros. Il s’agit de «solides résultats» qui «montrent que la reprise du trafic aérien est bien ancrée et s’intensifie de jour en jour», à l’exception de la Chine, a estimé le directeur général du groupe, Olivier Andriès.
Mais en données publiées, Safran a enregistré une perte nette de 3,8 milliards d’euros en raison d’une charge de 5,6 milliards d’euros liée à la nécessité de déprécier dans ses comptes la valeur de son portefeuille de dérivés de change. Comme tous les groupes, Safran se couvre sur les risques de change en achetant pour les années futures des devises à des taux contractualisés à l’avance : les contrats de couverture de change entre l’euro et le dollar qu’il a souscrits se sont faits à un taux devenu trop cher par rapport à la chute spectaculaire de l’euro au cours du semestre face au dollar.
«Il s’agit d’une écriture purement comptable, sans impact sur la trésorerie, puisque les couvertures sont destinées à être exercées avec les futurs encaissements en dollars», a expliqué Safran dans un communiqué. Le groupe avait déjà enregistré des charges de ce type au premier semestre 2020 ou encore en 2014 lors de précédentes appréciations du dollar face à l’euro.
Safran tire une partie de ses revenus de produits et services facturés en dollars, notamment pour les services pour moteurs d’avions commerciaux, qui représentent à eux seuls près du tiers des revenus de Safran. Cette activité de services a bondi de 47% au premier semestre, reflétant la reprise du trafic aérien mondial : les avions volant plus, les compagnies ont davantage besoin de pièces de rechange et d’opérations d’entretien.
Alors qu’Airbus et Boeing augmentent leur production pour répondre à l’augmentation du trafic aérien, les deux avionneurs disent être ralentis par les difficultés de fournisseurs fragilisés par la pandémie à suivre la remontée en cadence. Safran, qui équipe de ses moteurs Leap la totalité des Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320, en a produit 465 unités entre janvier et juin, davantage au premier trimestre (239) qu’au deuxième (226).
«Notre capacité à augmenter les cadences de production est quelque peu freinée par la fragilité de la chaîne d’approvisionnement alors que le monde sort de la pandémie et nous redoublons d’efforts pour respecter les délais de livraison aux avionneurs», a déclaré Olivier Andriès. Le groupe a relevé son objectif de chiffre d’affaires pour 2022 entre 18,2 et 18,4 milliards d’euros, soit 200 millions de plus qu’auparavant, «afin de refléter l’appréciation du dollar et les paiements d’importants acomptes clients».
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