La compagnie aérienne SAS Scandinavian Airlines perd toujours plus d’argent en raison de la grève de ses pilotes, et la prolongation du conflit pourrait l’empêcher d’accéder à de nouveaux financements.
Sous protection contre les créanciers (procédure Chapter 11 aux Etats-Unis de restructuration financière menée sous la supervision d’un tribunal fédéral américain) depuis le début de la semaine dernière, la compagnie scandinave estime que la grève lancée le 4 juillet 2022 lui a couté en dix jours entre 94 et 122 millions d’euros 1 à 1,3 milliard de SEK) a entrainé plus de 2500 annulations de vols et a affecté plus de 270.000 passagers. Opposés depuis le printemps au lancement de deux nouvelles filiales, SAS Connect et SAS Link, dévoilées fin 2021 dans le cadre du plan de restructuration, les syndicats de pilotes en Suède, en Norvège et au Danemark ont lancé un mouvement très bien suivi – et déjà qualifié de « dévastateur » par le PDG Anko van der Werff.
Ces grèves ont selon un communiqué de SAS Scandinavian ce 14 juillet « déjà gravement affecté la liquidité et la situation financière globale de SAS, et menacent sa capacité à réussir à lever des capitaux à court et à long terme indispensables pour financer la réorganisation réussie de la société ». Elle disait la semaine dernière disposer de liquidités suffisantes pour faire face à ses obligations commerciales « à court terme sans accéder à de nouvelles formes de capital ». Mais pour la direction, une grève prolongée signifie que ses réserves de liquidités « limitées » qui « diminuent naturellement étant donné que les soldes d’été ont déjà largement eu lieu, et s’éroderont très rapidement » en cas de poursuite du conflit.
Erno Hildén, vice-président exécutif et directeur financier, a précisé qu’entre le 1er février 2020 (le trimestre au cours duquel la pandémie de Covid-19 a commencé) et le 30 avril 2022, les pertes se sont élevées à un total de 19,7 milliards de SEK. La grève « et la fuite de liquidités qui en résulte, amplifie la situation déjà désastreuse ».
La compagnie de Star Alliance rappelle les pourparlers « bien avancés » avec un certain nombre de prêteurs potentiels en vue d’obtenir un financement supplémentaire de débiteur-exploitant (DIP), « un type spécialisé de financement relais pour les entreprises qui se restructurent par un processus du chapitre 11 », d’un montant de jusqu’à 600 millions d’euros (l’équivalent d’environ 7,0 milliards SEK). Mais ces prêteurs potentiels ont selon SAS Scandinavian « clairement indiqué qu’un tel financement est fondé sur la démonstration réussie d’une feuille de route pour atteindre les 7,5 milliards de SEK d’économies annuelles, pierre angulaire du plan » SAS FORWARD présenté en février dernier.
La poursuite de la grève des pilotes pourrait compromettre l’accès de la compagnie aérienne à ce financement DIP. Dans un tel cas, la société devra envisager de « vendre des actifs stratégiques précieux sous la contrainte tout en réduisant radicalement les opérations et la flotte de SAS », en l’absence d’une percée dans les négociations avec ses groupes de pilotes. Une fois ces mesures prises, il sera « difficile » pour SAS de reconstruire la taille et l’étendue de son réseau et de ses services actuels.
« Nous regrettons profondément que nos clients soient touchés par la grève, entraînant des retards et des vols annulés. La grève a également un impact sévère sur nos chances de réussir avec SAS FORWARD. Nous devons parvenir à un accord et mettre fin à la grève dès que possible. Cela nous obligera à trouver une solution acceptable pour toutes les parties prenantes qui ont exprimé leur intention de soutenir SAS, à condition que la Société réussisse avec SAS FORWARD. La grève met en jeu le succès du processus du chapitre 11 et, en fin de compte, la survie de l’entreprise », a déclaré Anko van der Werff.
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