Airbus a rehaussé ses prévisions de ventes d’avions commerciaux pour la période 2022-2041 à 39.490 appareils, pour une flotte mondiale doublée dans vingt ans par rapport à 2020. Sa filière au Canada a livré à la compagnie aérienne JetBlue Airways le 220eme exemplaire de l’A220.
Les dernières prévisions de marché (GMF22) de l’avionneur européen sont plus qu’optimistes : d’ici à 2041, les compagnies aériennes devraient commander 39.490 avions neufs, pour le transport de passagers et de fret, dont 80% seront des monocouloirs (31.620) et 20% des gros porteurs (7870). Airbus souligne que dans ce total figurent environ 2440 avions cargo dont près de 900 nouveaux, et qu’il prévoit une demande accrue par rapport à 2021 de « 470 aéronefs économes en carburant pour remplacer les avions plus anciens ». Ce remplacement des flottes anciennes devrait d’ailleurs augmenter à l’avenir « afin d’atteindre les ambitions et les engagements de la durabilité du secteur ».
Alors que le secteur a déjà atteint selon Airbus « un gain d’efficacité énorme » (réduction de 53% de CO2 par RPK depuis 1990), seulement 20% de la flotte actuelle est constituée d’avions de dernière génération plus économes en carburant – mais cela sera plus de 95% en 2041. « La priorité à court terme pour le décarbonation du secteur est de remplacer les 80% de flottes de génération précédente restantes » – bien sûr avec des Airbus dont tous les appareils en production « sont certifiés jusqu’à 50% de carburant d’aviation durable SAF, avec l’objectif d’atteindre 100% SAF dans les 10 ans ». Et de rappeler que ses produits « offrent au moins 20% d’émissions inférieures à la flotte d’aujourd’hui » (-20% pour les A320neo; -25% pour les A330neo et A350, -30% pour l’A321XLR, et -20 à -40% pour le futur A350F).
Ces prévisions du marché mondial 2022 sont basées sur « un ensemble de prix de l’énergie et des hypothèses macroéconomiques reflétant principalement les étapes de l’Agence internationale de l’énergie (scénario des politiques déclarées), incluant les obligations concernant le SAF et les prix du CO2 ». GMF22 prévoit que la demande de trafic de passagers augmentera en moyenne de 3,6% chaque année d’ici 2041 (3,2% pour le fret) ; le trafic retrouverait ses niveaux de 2019, avant la pandémie de Covid-19, entre 2023 et 2025 selon l’évolution de la situation sanitaire et géopolitique.
La flotte mondiale devrait donc atteindre selon Airbus 43.930 avions en 2041 (dont 3070 avions cargo) contre 22.880 au début 2020 avant la pandémie, alors que le commerce international devrait lui aussi doubler durant les vingt prochaines années.
It’s 2:20 in Alabama, 🇺🇸 – that means it’s time to celebrate the 220th delivery of the #A220 to @JetBlue!
— Airbus (@Airbus) July 12, 2022
She may be our smallest bird, but the #A220 boasts some BIG features. Learn more: https://t.co/2P8vFYF725 pic.twitter.com/5CeBi49Sti
La livraison la semaine dernière du onzième A220-300 de JetBlue Airways aurait dû passer inaperçue ; elle en attend cent au total, et le nouvel avion de 140 places est aujourd’hui déployé sur deux rotations entre Boston-Logan et les aéroports de San Antonio et Portland. Mais le MSN55158 immatriculé N3112J est aussi le 220eme monocouloir conçu au Canada remis à un client. Airbus fête donc les « 60 millions de passagers, plus de 700 lignes et plus de 760 commandes en carnet » de la famille A220, une croissance rapide « qui met en lumière sa percée sur le marché des petits monocouloirs ».
Au-delà d’un symbole, le 220e A220 « marque une étape importante pour Airbus et sa famille de monocouloirs à succès six ans après la remise du premier avion – un A220-100 – à l’opérateur de lancement du programme, Swiss International Air Lines. Six ans plus tard, l’A220 « continue d’attirer les opérateurs et les passagers, offrant à la fois une grande flexibilité – de 30 minutes à sept heures de vol – et une grande efficacité – avec 25 % de consommation de carburant et d’émissions de CO2 en moins et 50 % d’empreinte sonore en moins par rapport aux avions de la génération précédente ». Et de nombreuses compagnies aériennes à travers le monde, dont Air Canada, Air France (le 10eme vient d’arriver) et donc JetBlue, ont choisi l’A220 « pour atteindre leurs objectifs environnementaux, dans le cadre d’un effort collectif visant à mener le voyage de décarbonation de l’industrie aérospatiale. À ce jour, la famille A220 vole fièrement dans les livrées de plus de 15 compagnies aériennes sur plus de 700 routes et 300 destinations dans le monde ».
Au cours des six dernières années, l’A220 a été selon Airbus « en mesure de débloquer de nombreuses routes pour les passagers d’Amérique du Nord vers l’Asie-Pacifique, l’Afrique et l’Europe, reliant environ 60 millions de passagers qui ont profité d’une cabine lumineuse avec de grandes fenêtres panoramiques, des sièges plus larges, leur offrant un confort supérieur. et espace personnel ».
Sur le continent nord-américain, où l’A220 a son siège social et est assemblé, « des compagnies aériennes telles que JetBlue, Breeze Airways, Air Canada et Delta Air Lines ont toujours mis l’accent sur l’expérience des passagers, et l’A220 correspond parfaitement à cette philosophie en offrant de véritables gros-porteurs confort dans un avion monocouloir ». C’est également le cas en Europe avec la société lettone airBaltic qui exploite une flotte exclusive d’A220-300 depuis 2020 « et a fait de l’A220 sa colonne vertébrale opérationnelle offrant aux passagers une expérience de vol unique ». Aux États-Unis, l’A220 est également très apprécié pour fournir un service sans escale « entre des itinéraires mal desservis à des tarifs abordables, offrant des vols point à point à partir d’aéroports secondaires plus petits et contournant les hubs pour des temps de trajet plus courts ».
Avec un carnet de commandes d’A220 « qui a plus que doublé depuis 2018 », Airbus étend son empreinte industrielle pour répondre à la demande croissante d’A220. En plus de la chaîne d’assemblage final (FAL) dont le siège est à Mirabel, au Canada, Airbus a étendu sa capacité d’assemblage A220 à la FAL A320 basée aux États-Unis située à Mobile, en Alabama, en janvier 2019. Plus récemment, Mirabel a accueilli une ligne de pré-assemblage supplémentaire, devenant la première Airbus pré-FAL située hors d’Europe.
Cette expansion permettra à Airbus de plus que doubler les cadences de production actuelles d’A220 à 14 appareils par mois d’ici le milieu de cette décennie, et de répondre « à un besoin du marché estimé à au moins 7000 appareils au cours des 20 prochaines années, notamment en raison de l’accélération actuelle de les besoins de remplacement de la flotte d’aéronefs vieillissants ».
Bencello a commenté :
13 juillet 2022 - 11 h 40 min
Ce programme est un exemple de rachat réussi: à l’origine un produit remarquablement conçu, et un acquéreur qui maitrise la complexité (industrielle, financière, juridique, politique et commerciale) nécessaire pour vendre cet appareil sur tous les marchés.
L’A220 sera certainement la prochaine “cash machine” d’Airbus, une fois que les cadences seront atteintes.
Le potentiel de ventes est énorme: Chine, Inde, et Afrique seront les prochains marchés. L’ERJ d’Embraer en face manque de moyens financiers et industriels, et Boeing est absent.
Avec l’A220-500 qui se profile dans quelques années (annonce de Mr Scherrer), le succès est annoncé.
Seul bémol: la version -100 qui s’est très peu vendue, et un motoriste, P&W qui dans le passé a retardé le programme, et qui peine encore aujourd’hui à fournir.
Farnborough dans quelques jours va certainement permettre d’engranger de nouvelles commandes conséquentes.
EnGreve a commenté :
13 juillet 2022 - 12 h 59 min
Le pas oublier que la Chine a pour vocation a s’auto alimenter, puis ensuite à fournir le monde (comme pour les trains, et ça été très rapide) et maintenant les voitures électriques. Donc d’ici 10-15 ans, c’est les chinois qui vont nous vendre des avions, donc ne pas vendre la peau de l’avion avant de…
Sébastien a commenté :
13 juillet 2022 - 16 h 52 min
Attention avec la Chine, on lui prête certains pouvoirs/talents… qu’elle n’a pas encore.
On se souvient tous qu’au milieu des années 2000 quand ils ont lancé le programme COMAC, tous les grands “experts” prédisaient la fin du duopôle AIRBUS/BOEING… Et ces derniers ont lancé les programmes Neo/Max. Et maintenant les Chinois se retrouvent avec un appareil qui est déjà techniquement dépassé… Et il est bon de rappeler que COMAC n’est toujours pas sorti.
De plus ils n’ont pas la technologie nécessaire d’où la blague dans le secteur “Le seul truc chinois qu’il y a dans le COMAC, c’est le tissu des sièges”. Ils sont obligés d’acheter des pièces américaines et/ou européennes.
Après bien entendu il faudra rester méfiant et le marché des monocouloirs est tellement énorme qu’il y a de la place pour un 3ème voire 4ème constructeur. Mais ce ne sera pas demain la veille.
Bencello a commenté :
13 juillet 2022 - 17 h 37 min
D’une certaine façon, concernant l’A220, la Chine nous vend déjà une grande partie de l’avion, puisque le fuselage est fabriqué en Chine. Et la valeur chinoise composant les appareils Airbus est appelée à croître, de quoi assouvir la soif de la Chine de vendre des appareils complets.
Sébastien a commenté :
13 juillet 2022 - 16 h 54 min
On ne peut pas nier que AIRBUS a vraiment du nez en rachetant le programme C-SERIES. Et la crise du Covid leur a été plus que profitable (c’est plus facile pour les compagnies aériennes de remplir des “petits” A220 que des “gros” A320/321).
accélération actuelle de les besoins a commenté :
16 juillet 2022 - 13 h 44 min
accélération actuelle de les besoins