La compagnie aérienne Air France a réduit de moitié ses émissions de CO2 sur deux vols reliant Paris à Montréal et à Lisbonne, dans le cadre du programme ACT visant une baisse de 30% d’émissions par passager-km d’ici 2030 par rapport à 2019.
Après avoir lancé le mois dernier le programme « Air France Act », la compagnie nationale française passe aux actes : en « activant des leviers de décarbonation éprouvés et en testant de nouvelles initiatives éco-responsables », deux vols commerciaux au départ de sa base à Paris-CDG vers les aéroports de Montréal le 3 mai 2022 en Airbus A350-900) et de Lisbonne (le 4 mai en A220-300) ont atteint leur objectif d’une réduction de moitié des émissions. Ces deux vols étaient alimentés avec 16% de Carburant d’Aviation Durable (SAF) pour le vol vers le Canada et 30% pour le vol vers le Portugal, « contre 1% actuellement pour les vols au départ de France dans le cadre de la règlementation ».
Ces carburants non fossiles sont produits à partir de biomasses comme des huiles de cuisson usagées, rappelle le communiqué d’Air France : ils n’entrent donc pas en concurrence avec la chaine alimentaire, et permettent « en moyenne une réduction de 80% des émissions de CO2 par rapport au carburant conventionnel, sur l’ensemble de leur cycle de vie. Soit, pour reprendre l’exemple des huiles végétales usagées, en prenant en compte la captation de CO2 lors la croissance de la plante, sa première vie comme huile de cuisson, son recyclage et son utilisation comme carburant d’aviation ».
Ce projet s’inscrit dans le cadre du « Skyteam Sustainable Flight Challenge », une initiative visant à stimuler et encourager l’innovation en invitant les compagnies membres de l’alliance à réaliser « des vols les plus éco-responsables possibles » du 1er au 14 mai. À travers cette opération, Air France entend :
- mesurer et démontrer l’efficacité de leviers déjà mis en œuvre et éprouvés tels que les appareils de nouvelle génération, les Carburants d’Aviation Durables (SAF), l’éco-pilotage, ou l’électrification des engins de pistes et de transport fret,
- explorer de nouvelles pistes susceptibles d’être exploitées à l’avenir comme le recours étendu à l’intelligence artificielle pour optimiser les routes aériennes, ou l’utilisation de tracteurs autonomes pour le transport de bagages,
- proposer à ses clients une offre de restauration plus durable, locale et de saison, limiter le gaspillage alimentaire en leur permettant de choisir le menu à bord en amont de leur vol, et limiter le plastique à usage unique.
Les A350 et A220 de dernière génération, « au cœur de la stratégie de renouvellement de la flotte d’Air France », consomment 20 à 25% de carburant en moins que les avions de génération précédente, avec une empreinte sonore réduite d’un tiers. D’ici 2030, ces appareils représenteront 70% de la flotte Air France contre 7% aujourd’hui, grâce à un investissement d’un milliard d’euro par an d’ici 2025.
-50% d’émissions de CO2
Au sol et à bord, les pilotes ont mis en œuvre des actions d’éco-pilotage, comme le roulage sur un seul moteur au sol ou l’optimisation des trajectoires en temps réel, opérée en coordination avec les services de la navigation aérienne. « Les enseignements chiffrés tels que le niveau de réduction des émissions de CO2 pour chacun des leviers activés, de même que les retours des clients présents sur les deux vols seront analysés ». Ils alimenteront notamment la réflexion sur les pistes les plus à même de limiter à l’avenir l’empreinte carbone des activités régulières d’Air France.
L’activation de ces leviers a permis de réduire de moitié les émissions de CO2 sur chacun des deux vols. Cette opération et son résultat très significatif ont été rendus possibles grâce à l’engagement de représentants de tous les métiers d’Air France, pilotes, personnels navigants commerciaux, personnels des escales, du cargo et de la maintenance, services commerciaux et supports opérationnels. « De nombreux acteurs et partenaires ont également apporté leur contribution à l’atteinte de cette performance, comme Airbus, TotalEnergies, Groupe ADP, Servair, Charlatte, Navya, les aéroports de Montréal et de Lisbonne. Cette action conjointe résonne avec la conviction d’Air France que la décarbonation du secteur aérien sera le fruit de la collaboration de tous, constructeurs, industriels, compagnies aériennes, autorités aéroportuaires, pouvoirs publics et instances nationales et internationales ».
Vincent Etchebehere, Directeur du Développement Durable et des nouvelles mobilités d’Air France a déclaré : « Après l’annonce de nos nouveaux objectifs de réduction d’émissions de CO2 basés sur la science, il était important pour nous d’illustrer très concrètement la manière dont notre secteur doit se transformer pour répondre à l’urgence climatique. Sur deux vols, vers Montréal et Lisbonne, nous avons associé nos partenaires et nos clients dans une démarche visant d’une part à prouver la performance des leviers déjà connus et mis en œuvre, et à imaginer d’autre part des solutions nouvelles pour aller plus loin et plus vite dans la réduction de nos émissions. Notre transition environnementale est exigeante, complexe mais elle n’est pas une option. Air France est déterminée à explorer toutes les pistes d’innovation imaginées par les autres compagnies de l’alliance SkyTeam, qui partagent son ambition de rendre le transport aérien compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris ».
Les actions mises en œuvre à chaque étape du voyage :
En amont du vol :
- Une communication invite les clients à limiter le volume et le poids des bagages emportés. Afin de limiter le gaspillage alimentaire, ceux-ci sont encouragés à préselectionner leur repas pour ne charger que les produits nécessaires ;
- Dans les salons : offre de restauration plus durable, locale et de saison, utilisation de matériaux écoresponsables ;
- Opérations 100% électriques au sol : repoussage électrique de l’avion, transport des équipages en bus électrique entre leur base et le point de parking de l’avion, tracteur autonome de bagages, transport électrique du fret.
À bord :
- Utilisation d’avions de nouvelle génération (Airbus A350, Airbus A220) émettant jusqu’à 25% de CO2 en moins ;
- Utilisation de Carburant d’Aviation Durable produit par TotalEnergies à hauteur de 16% vers Montréal et 30% vers Lisbonne, permettant dans le cas de ces deux vols, une réduction de 90% des émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie, supérieure à la moyenne de 80% retenue par l’industrie ;
- Pratique de l’éco-pilotage (un seul moteur mis en route au roulage, utilisation des innovations embarquées pour l’optimisation tactique des trajectoires, optimisation de la montée et de la descente), permettant de réduire de 3 à 4% la consommation de carburant sur chaque vol ;
- Utilisation de matériel de restauration plus durable (Voiture Repas de nouvelle génération plus légère, plateaux recyclés et recyclables, vaisselle fabriquée à partir de bagasse, couverts et bâtonnets en bois FSC, gobelets en carton, suppression des bouteilles en plastique individuelles) ;
- Limitation du gaspillage par le choix du plat chaud en amont du vol pour toutes les cabines et distribution à la demande des trousses de confort (produites en matières recyclées et contenant des produits cosmétiques bio) en cabines Business et Premium Economy ;
- Tri sélectif à bord : tri notamment des bouteilles plastiques, des briques de jus et des canettes ;
- Mise en place d’une restauration plus durable, entièrement préparée en France, avec une offre 100% végétarienne sur moyen-courrier et la possibilité pour les clients voyageant vers Montréal de choisir en amont du vol entre une prestation végétarienne ou un plat intégrant de la viande origine France ou du poisson issu de la pêche durable MSC.
Avions de nouvelle génération, éco-pilotage, carburant d’aviation plus durable mais aussi choix du plat en amont du vol pour limiter le gaspillage alimentaire et une offre de restauration plus responsable ont permis de relever le défi du #SustainableFlightChallenge. pic.twitter.com/oEQ9LDykcg
— Air France Newsroom (@AFnewsroom) May 4, 2022
Lefèvre a commenté :
5 mai 2022 - 12 h 04 min
Attention à la rédaction : baisse de -25% veut dire hausse de 25%.
Greg765 a commenté :
5 mai 2022 - 17 h 29 min
Je serais curieux de connaître le détail de leur calcul.
Car avec seulement 16 et 30% de SAF je vois mal comment ils arrivent à baisser les émissions de 50%.
Quel est le vol qui sert de référence aux 50% ?
Car même si l’initiative est bonne, 50% de gagnés avec si peu de SAF ça peut aussi vouloir dire qu’en temps normal operationnellement ils sont très loin du compte !
Yvan a commenté :
5 mai 2022 - 18 h 51 min
Le plus probable me semble qu’ils ont simplement volé moins vite. Ça reste un des moyens les plus simples pour diminuer les émissions après le changement de carburant. Mais comme ça mobilise l’équipage et l’avion plus longtemps, ça coûte plus cher, et les clients n’aiment pas voir le temps de voyage s’allonger et risquent donc de prendre un autre vol. Mais une limitation de la vitesse de vol sur tout le territoire européen aurait un effet significatif (baisse des émissions des vols, et vols moins intéressants par rapport à une alternatives basse émission comme le train).
Sébastien a commenté :
5 mai 2022 - 18 h 33 min
L’aviation a toujours fait des efforts pour réduire les émissions de CO2.
Malheureuseument le groupe EELV pense le contraire.
Cocorico a commenté :
6 mai 2022 - 9 h 52 min
Et bien voilà une com intelligente et concrète !! Ce n’est pas de la com mensongère ryamerde tape à l’œil, avec ses bases éphémères polluantes et loins de tous créer avec l’argent du contribuable .
Merci aux compagnies historiques de montrer l’exemple au gamines !!!
Greg765 a commenté :
6 mai 2022 - 17 h 26 min
Euh justement je ne vois pas vraiment ce qu’il y a de concret.
50%, obtenus comment (dans le détail ?). Par rapport à quels vols de référence ? Selon les hypothèses de départ c’est facile d’économiser 50% mais ça manque cruellement de détails.
Quand à Ryanair en matière d’environnement ils sont justement en avance sur beaucoup de compagnies.
Cost index 6, CDO, configuration en finale a 4nm (en VMC), flotte récente (plus de 70 Max en quelques mois à peine), forts taux de remplissage (91% le mois dernier, c’est pas encore aussi bien qu’avant le Covid mais bien mieux que beaucoup de compagnies en temps normal). Et je ne vois pas ce que les bases de Ryanair ont d’éphémères ?