Nommé directeur général de la compagnie aérienne Air India désormais privatisée, le Turc Ilker Ayci a été contraint de renoncer face à une campagne de presse virulente.
Le 14 février 2022, la compagnie indienne désormais aux mains du groupe Tata annonçait avoir nommé l’ancien chairman de Turkish Airlines comme « CEO et managing director », son entrée en fonction étant prévue le 1er avril au plus tard. Mais Ilker Ayci a confirmé lundi selon le Business Standard avoir « décliné l’offre » des nouveaux propriétaires. Son communiqué explique que « depuis l’annonce, j’ai suivi attentivement les nouvelles dans certaines sections des médias indiens en essayant de colorer ma nomination avec des couleurs indésirables. En tant que chef d’entreprise qui a toujours donné la priorité au credo professionnel et, plus important encore, au bonheur et au bien-être de ma famille par-dessus tout, j’en suis venu à la conclusion que ce ne serait pas une décision faisable ou honorable d’accepter le poste dans l’ombre d’un tel récit ». Ilker Ayci a déclaré qu’il restait reconnaissant au groupe Tata et à son président N Chandrasekaran de lui avoir accordé « l’honneur et l’opportunité » de diriger Air India.
Ce qu’évite de dire l’ancien directeur de Turkish Airlines, ce sont les tribunes virulentes de certains médias critiquant son origine musulmanes et ses liens avec le président turc Recep Tayyip Erdogan (dont il faut conseiller pendant les années 90). Or les relations entre l’Inde et la Turquie se sont détériorées au point qu’il est désormais considéré comme un allié du Pakistan. Un parti nationaliste a même demandé au ministère de l’intérieur de bloquer la nomination d’Ilker Ayci, accusé d’avoir rencontré des « éléments indésirables » ; il aurait alors préféré renoncer plutôt que d’attendre une possible réponse négative.
C’est évidemment un coup dur pour le groupe Tata, qui avait finalisé fin janvier le rachat d’Air India pour 2,4 milliards de dollars et espérait avoir trouvé le bon dirigeant, connaisseur de Star Alliance dont son précédent et ex-futur employeur font partie. N Chandrasekaran, président de Tata Sons, déclarait le mois dernier : « Ilker est un leader de l’industrie aéronautique qui a conduit Turkish Airlines à son succès actuel pendant son mandat là-bas. Nous sommes ravis d’accueillir Ilker au sein du groupe Tata, où il dirigera Air India dans la nouvelle ère ». La recherche d’un nouveau CEO est lancée, et pourrait passer par un recrutement interne histoire de simplifier la procédure.
On ne sait pas encore comment le groupe Tata compte transformer Air India ; il détient déjà dans le pays la jeune Vistara à service complet (avec Singapore Airlines), ainsi que la low cost AirAsia India (avec qui Air India vient d’annoncer un accord interligne). Mais on sait au moins que l’accord de vente empêche le groupe de licencier le moindre employé – pendant un an.
Jaipur Shiva a commenté :
2 mars 2022 - 19 h 30 min
Dommage, l’Inde se Putinise …. les Chrétiens et Musulmans sont considérés comme des citoyens de seconde zone … je le constate de plus en plus et de pire en pire, mais les commandes de rafales font taire la France … et pour longtemps .
Comme pour les complaisances envers le Qatar.
L’argent gouverne, la paix devient une option …
GUB a commenté :
2 mars 2022 - 22 h 11 min
BRAVO les indiens!
KIMI a commenté :
3 mars 2022 - 18 h 02 min
bravo ”raciste ”
CecildeMille a commenté :
4 mars 2022 - 12 h 02 min
Autant le dire nettement : l’Inde ultra nationaliste de Modi et de son parti ne veut pas d’un dirigeant musulman, les Musulmans étant actuellement discriminés dans ce pays. A ceux qui se félicitent de cette position, je précise que Modi et le BJP veulent une Inde religieusement “pure”, càd exclusivement indoue et que cela passe par la discrimination, voire l’assassinat à l’occasion, de la minorité chrétienne. C’est cela le BJP et ses milices… Modi n’est pas un inconnu : lorsqu’il était gouverneur du Gujarat, au début des années 2000, il avait été très fortement soupçonné d’avoir au mieux toléré, au pire organisé, des massacres de Musulmans. Pour cela, il avait fait l’objet de sanctions internationales qui l’empêchaient de quitter le pays.