La compagnie aérienne Qatar Airways a demandé à la Cour de Londres de forcer Airbus à lui livrer les 50 A321neo dont le contrat a été annulé par l’avionneur, ou de lui accorder des dommages et intérêts.
L’énième épisode du conflit entre la compagnie nationale qatarie et l’avionneur européen, né avec les « problèmes de peinture » des A350, amplifié par des déclarations publiques et ayant abouti le mois dernier à l’annulation par Airbus de la commande par Qatar Airways de 50 monocouloirs attendus à partir de février 2023, a eu lieu la semaine dernière. Suite à la décision de la Haute Cour de Londres obligeant Airbus d’ici la prochaine audience le 4 avril 2022 à suspendre l’annulation du contrat, et donc la livraison des A321neo en question à d’autres clients, le transporteur basé à l’aéroport de Doha a demandé à cette même cour de rétablir la commande. Ou à défaut de lui attribuer des dommages et intérêts non précisés.
Qatar Airways a qualifié dans sa demande l’A321neo (dont dix en version LR) « d’avion unique » ; mais elle a aussi annoncé début février chez le concurrent Boeing un protocole d’accord pour une commande ferme de 25 737-10, avec des droits d’achat pour 25 appareils supplémentaires, au cas où elle n’obtiendrait pas raison.
Rappelons que la compagnie aérienne a déjà demandé 618 millions de dollars de dommages et intérêts pour l’immobilisation au sol de ses A350 affectés par le problème (546 millions d’euros), plus 4 millions par jour d’immobilisation supplémentaire. Cela couvrait l’immobilisation de 21 Airbus A350-900 et -1000, « ordonnée » par l’Autorité de l’aviation civile qatarie (QCAA) en aout dernier ; un autre A350 a été cloué au sol le 13 février. Et elle demande à la justice d’interdire toute livraison d’A350 jusqu’à ce que le problème soit réparé.
Airbus a rejeté toutes les accusations de Qatar Airways, déclarant qu’il n’y a « aucune base raisonnable ou rationnelle » à l’interdiction de vol des A350. Au contraire selon l’avionneur, Qatar Airways aurait « cherché à organiser ou a acquiescé » à la décision d’immobiliser les avions parce qu’il était dans son intérêt économique de le faire « compte tenu de l’impact de la pandémie de coronavirus ». Airbus affirme toujours que les défauts de peinture ne sont qu’un problème cosmétique ne justifiant ni l’immobilisation des A350, ni le refus de livraisons ; et il souligne que le régulateur européen EASA n’a pas jugé la dégradation des surfaces de l’A350 comme une menace pour la sécurité des vols, son homologue qatari restant le seul au monde à avoir pris la mesure.
D’autres clients ont pourtant constaté le problème, par exemple Finnair dès 2016, suivie depuis par Cathay Pacific, Etihad Airways, Lufthansa et Air France (dans le cadre de la maintenance des avions d’Air Caraïbes). La compagnie allemande aurait en particulier renvoyé trois A350 pour être repeints, gratuitement dans le cadre de la garantie ; mais aucun de ces opérateurs n’a cloué au sol les A350 affectés.
Rappelons que Qatar Airways a déclaré à plusieurs reprises chercher à régler l’affaire au plus vite, avant la Coupe du monde de football au Qatar en tout cas, par crainte de manquer de capacité pour l’accueil des visiteurs attendus. La compagnie a déjà remis en service, notamment vers Paris et Londres, trois de ses dix Airbus A380, pourtant tant décriés par son patron ces derniers mois.
Pour la petite histoire, on retiendra le soutien apporté à Qatar Airways par le patron de sa rivale, Emirates Airlines : lors du même entretien qui le voyait évoquer une éventuelle annulation de commande des Boeing 777X en cas de retards supplémentaires, Tim Clark a déclaré à propos des 50 A350 attendus à partir de 2023 qu’il ne les acceptera pas s’ils ont des problèmes de surface similaires : « Nous avons clairement indiqué à Toulouse que si nous rencontrions le même problème sur un de nos avions, nous ne l’accepterons pas ». Il pense qu’Airbus « est dans une période de transition de tests, clairement, ils ont mal calculé ce que les UV ou la température ou quoi que ce soit peut faire. Ils doivent le résoudre au plus vite ». Selon lui, les 787 Dreamliner ont « également le même genre de problème, mais pas aussi grave, par exemple sur les ailes à Etihad Airways ». Pour le patron d’Emirates, « ils auront une solution pour régler le problème. Comment l’affaire est traitée par la Haute Cour, je n’en ai aucune idée ».
lpb06200 a commenté :
28 février 2022 - 14 h 16 min
Et puis quoi encore ?!
Julianho7 a commenté :
28 février 2022 - 14 h 51 min
Même pas en rêve..et Qatar Airways va prendre les MAX 10 Airbus s’en tape..tu peux être sur que Airbus n’acceptera plus Qatar Airways..
Tilo a commenté :
28 février 2022 - 14 h 52 min
En gros Qatar Airways se sert des 737-10 comme bouche trou au cas où elle ne récupère pas ses a321neo/LR.
lpj a commenté :
28 février 2022 - 14 h 55 min
En résumé, ces gens qui trouvent toutes les raisons pour refuser les appareils qui leur sont livrés, mais font un Kk nerveux quand on ne leur livre pas.
C’est ce qu’on appelle dans le commerce de detail, des emm#@deurs !
J’espère qu’Airbus va leur pourrir la vie quand ils voudront des pièces de rechange !
Bencelliste a commenté :
28 février 2022 - 15 h 08 min
On comprend mieux pourquoi la commande auprès de Boeing n’était qu’une simple lettre d’intention…il fallait faire semblant.
Mr Al-Baker à Airbus: “vos produits sont de très mauvaise qualité, alors vous devez m’en livrer…”
Airbus à Mr Al-Baker : …
Filoustyle a commenté :
28 février 2022 - 15 h 16 min
Qatar devra réceptionner ses A350 et les payer et peut être je dis bien peut être Airbus dans un geste commercial reverra sa position ?
Fifi a commenté :
28 février 2022 - 15 h 33 min
Est-ce que quelqu’un peut expliquer la compétence d’un tribunal londonien dans cette histoire. Airbus: entreprise européenne. QR:Qatar
Merci
Bencelliste a commenté :
28 février 2022 - 16 h 56 min
En droit des affaires international, il est possible de désigner un tribunal autre que celui des co-contractants. Cela sépend précisément des contrats en question. Vu la non-contestation d’Airbus, QR doit être dans son bon droit (sur ce point en tout cas).
@FIFI a commenté :
28 février 2022 - 16 h 37 min
Déjà répondu à cette question. Voir lien.
Le Qatar n’a pas de tribunaux compétents pour se prononcer sur des enjeux techniques.
D’où le choix et le recours de porter plainte auprès d’une juridiction extérieure : ici britannique, spécialisée en matière technique (la chambre technology & construction de la haute cour de justice de Londres).
C’est son droit et rien n’a voir avec le fait que Airbus soit européenne puisque le plaignant ne l’est pas ! ! !
A suivre en avril . . .
En tout cas QATAR s’est mis dans une position délicate : coupe du monde.
Vu les lenteurs de la justice, pas certain qu’une décision tombe d’ici novembre. Qatar devra peut être louer des avions si ce n’est pas tranché ?
En tout cas, cela fait une très mauvaise publicité pour ce pays et cette compagnie et renvoie une image très négative.
Un point que j’aimerais connaître, les clauses du contrat d’annulation des A321 : Airbus a t-il l’obligation de payer une indemnité ?
https://www.air-journal.fr/2022-02-19-la-justice-britannique-ordonne-a-airbus-de-suspendre-lannulation-des-a321neo-pour-qatar-airways-5233850.html
Bencelliste a commenté :
28 février 2022 - 17 h 06 min
Airbus a annulé la vente des A320neo en se basant sur la non-réception et le non-paiement des A350, que le constructeur juge illégal, au regard des clauses dudit contrat des A320neo.
Donc il me semble que l’annulation des A320neo ne sera autorisée (sans pénalités pour Airbus) uniquement si l’expertise sur les A350 conclut à une absence de risque, donc que QR devait réceptionner et régler les A350 commandés et produits.
D’où la demande de QR de suspendre préventivement l’annulation des A320 en attendant la décision concernant les A350.
fifi a commenté :
28 février 2022 - 18 h 13 min
Merci
Francois9 a commenté :
28 février 2022 - 17 h 30 min
Le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani a envoyé un courrier à Airbus : le client est ROI !
Le toulousain a commenté :
28 février 2022 - 21 h 03 min
Ben pas a une contradiction pres le AB
Son 777 livrée retro ben il a été peint ou d apres vous???
Un indice dans mon pseudo…
DN a commenté :
28 février 2022 - 21 h 38 min
Chacune des parties resteront calées sur sa position. Seul le tribunal pourra les départager. C’est du grand bluff.
J’ai toutefois l’impression que c’est Qatar Airways qui prends le plus de risques à ce petit jeu… Ils peuvent vraiment y perdre des plumes: manque de capacités dans la flotte pour le Mondial (A321neo + A350), frais pour relancer les A380 et amandes à payer (pour A350 non réceptionnés) sans compter que Al Baker perdra certainement sa place. Même si le Qatar épongera les dettes, il faudra désigner un coupable. Quant à la réputation de la compagnie, à voir la réaction de la presse et des commentaires (pas uniquement AJ), le mal est déjà fait…
Airbus risque d’avoir également sa réputation entachée (dépend de sa capacité à trouver une solution aux problèmes de peinture) mais bien moins que ce que la concurrence à pu subir ces dernières années. Quant aux éventuelles pénalités, je pense que cela ne leur fait pas peur…
Wait and see
A321 jamais prévu pour le Mondial a commenté :
9 avril 2022 - 7 h 54 min
Le Mondial de Foot aura lieu en novembre/décembre 2022, et ça, c’est prévu depuis une éternité…
Lors de la commande de A321NEOLR par Qatar, la date de livraison du premier exemplaire a toujours été prévue au premier trimestre 2023.
Conclusion: Qatar, dès le départ, n’a jamais envisagé l’ exploitation en ligne de l’A321 à l’occasion du Mondial !
Conséquence: cet argument sorti aujourd’hui, n’est que pure invention opportuniste dans le cadre du conflit Airbus-Qatar.
Titi a commenté :
8 avril 2022 - 19 h 11 min
Airbus A320 néo bof bof
A300 c’est mieux plus grand.