Le premier jour des opérations militaires de la Russie en Ukraine a déjà des conséquences multiples sur le transport aérien commercial, de la fermeture des espaces aériens les avertissements aux voyageurs français en passant par la suspension des vols d’Aeroflot au Royaume-Uni ou des sanctions contre des sociétés de leasing.
Après la fermeture de l’espace aérien ukrainien le 24 février 2022, la Moldavie voisine a pris la même décision à midi, les vols vers la capitale Chisinau étant déroutés vers « d’autres aéroports ». La Biélorussie a annoncé une décision similaire limitée à sa frontière avec l’Ukraine, mais ce sont surtout deux régulateurs occidentaux qui ont réagi hier. Au Royaume-Uni, la CAA a annoncé la fermeture de son espace aérien aux « aéronefs ayant un service régulier qui sont détenus, affrétés ou exploités par une personne liée à la Russie ou qui sont enregistrés en Russie » sont interdits. Conséquence immédiate, le service quotidien d’Aeroflot entre Moscou et Londres est suspendu « jusqu’à nouvel ordre », tout comme son permis d’opérer (et le club de football Manchester United a rompu son contrat de sponsoring avec elle, qui remontait à 2013).
Et aux USA, la FAA a banni via trois NOTAMs les compagnies aériennes de survol de l’Ukraine, de la Biélorussie, et de la Russie à moins de 160 nm de la frontière ukrainienne (FIR de Moscou, Rostov et Samara). L’EASA européenne a de son côté renforcé son bulletin désignant la région « zone de conflit », qui porte désormais sur l’ensemble de la FIR de Rostov et étend de 100 à 200 nm l’interdiction de survol de la frontière, par crainte de « tirs de missile depuis et vers l’Ukraine ».
Air traffic today at 16:00 UTC compared to same time last Thursday. pic.twitter.com/lG3lPXoFHq
— Flightradar24 (@flightradar24) February 24, 2022
En France, le ministère des Affaires étrangères a renforcé son appel au départ des ressortissants se trouvant en Ukraine : « dans le contexte des opérations militaires lancées par la Russie contre l’Ukraine, les ressortissants français en Russie sont invités à faire preuve de la plus grande vigilance. Les déplacements dans les régions frontalières avec l’Ukraine sont fortement déconseillés. Il convient, par ailleurs, de différer tout déplacement vers la Russie ».
La compagnie aérienne Air France a sans surprise prolongé « la suspension de ses vols vers Kiev jusqu’à nouvel ordre », au regard de « la situation sur place et de la fermeture de l’espace aérien ukrainien » ; son communiqué précise qu’elle « suit en permanence l’évolution de la situation géopolitique des territoires qu’elle dessert afin d’assurer le plus haut niveau de sécurité des vols ». Les clients concernés « sont informés individuellement. Air France rappelle que la sécurité et sûreté des vols, de ses clients ainsi que de ses équipages, est un impératif absolu ». Elle a en outre réduit ses fréquences vers Moscou-Sheremetyevo, de 12 à 7 par semaine, les deux rotations hebdomadaires vers Saint Petersburg n’étant pour l’instant pas affectées. « Plus aucun équipage Air France ne sera hébergé en Russie », a précisé un porte-parole.
Côté agences de voyage, le SETO (Syndicat des entreprises du tour-operating) « recommande à ses membres » de suspendre tous les départs vers l’Ukraine et la Russie « jusqu’au jeudi 7 avril 2022 » : les tour-opérateurs ayant des clients présents sur place doivent les contacter « pour répondre à leurs interrogations et apporter des solutions aux cas particuliers, y compris les retours anticipés ». Et il précise : « s’il est possible de proposer des avoirs, les clients sont en droit de les refuser auquel cas le Code du tourisme s’applique ». Cette recommandation « sera actualisée au plus tard le 24 mars 2022. Bien évidemment, ces mesures pourront être modifiées à tout moment en fonction de l’évolution de la situation et dans un souci de l’intérêt de la clientèle, des agences de voyage et des tour-opérateurs ».
Les compagnies aériennes ukrainiennes sont les premières affectées par la situation : Ukraine International Airlines a suspendu tous ses vols réguliers et charters à destination et en provenance du pays. « Tous les passagers d’UIA et les citoyens ukrainiens qui se sont retrouvés à l’étranger et doivent retourner en Ukraine doivent s’inscrire sur le site Web de l’État de l’enregistrement des citoyens ukrainiens », précise son communiqué. La low cost SkyUp Airlines a de son côté précisé que « la quasi-totalité de sa flotte » se trouve à l’étranger : trois monocouloirs Boeing sont en Égypte, un en Moldavie, trois en Roumanie, quatre en Estonie, un en Serbie, un Bulgarie et un à Kiev. Les passagers de SkyUp qui se trouvent à l’étranger « doivent contacter les services consulaires locaux du Ministère des Affaires Etrangères de l’Ukraine pour obtenir des informations et des précisions sur la suite des opérations ».
Les aéroports russes sont également affectés par le conflit : le régulateur Rosaviatsia a précisé que les vols sont annulés à Rostov-sur-le-Don, Krasnodar, Sotchi, Anapa, Gelendjik, Elista, Stavropol, Bolgorod, Briansk, Orel, Koursk, Voronej et Simféropol, et ce jusqu’au 2 mars au plus tôt. En Ukraine, aucun aéroport civil n’a a priori été détruit par les forces russes, même si celui d’Ivano-Frankivsk dans les Carpates (usage mixte civil-militaire) a été touché par un missile ; il n’accueille qu’une liaison commerciale, celle de Windrose depuis Kiev.
An attack on Ivano-Frankivsk airport, #Ukraine. The city is located in the Western part of the country, approx 120 miles from Poland and Romania.
— Ostap Yarysh (@OstapYarysh) February 24, 2022
pic.twitter.com/UdMU9u0ohM
Côté sanctions occidentales, on retiendra en ce qui concerne l’aviation civile la décision de l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) du Département du Trésor américain de sanctionner la banque de développement publique russe VEB Vnesheconombank et ses filiales, y compris la société de leasing VEB-Leasing. Celle-ci détient et gère 76 avions selon ch-aviation dont un seul fréquentant l’espace aérien des USA, un 777-300ER d’Aeroflot (VQ-BIL) vu pour la dernière fois à Los Angeles le 19 janvier. Outre 14 avions de la compagnie nationale russe, VEB-Leasing détient 47 avions de sa filiale Rossiya, un de Yakutia Airlines ; ses autres clients se trouvent en Chine (9 Air, Hunan Airlines et Ruili Airlines) et au Pakistan (AirBlue).
Les amoureux de l’aviation pourront se consoler avec la seule bonne nouvelle de jeudi : l’unique Antonov An-225 Mriya, le plus gros avion cargo du monde, était en Géorgie quand la base du constructeur à l’aéroport d’Hostomel près de Kiev a été attaqué par les forces russes.
Antonov Design Bureau's chief pilot, Dmitry Antonov, has confirmed that the Antonov An-225, the world's largest cargo aircraft, has not been destroyed: https://t.co/jk6ueEZNRa#An225 #Antonov #Russia #Ukraine
— Airliner World (@_AirlinerWorld) February 24, 2022
Vincepnt a commenté :
25 février 2022 - 7 h 52 min
Ma grande interrogation est la fermeture éventuelle de l’espace sibérien aux compagnies occidentales. Une grande partie des vols vers l’Asie le traverse. Si une éventuelle mesure de rétorsion russe en retour aux mesures prises par les occidentaux était la fermeture de cet espace, les temps de vols seraient considérablement rallongés.
Et alors? a commenté :
25 février 2022 - 8 h 08 min
Ça n’a pas une importance primordiale….on repassera par Anchorage comme jadis et c’est tout….
Aucune importance fondamentale, vraiment! On n’en mourra pas…
Cornelius Chesterfield a commenté :
25 février 2022 - 12 h 19 min
Vous allez vous rendre au Japon en passant par l’ouest ?… Bon courage !
L'amateur d'aéroplanes a commenté :
25 février 2022 - 16 h 09 min
Route polaire utilisé jusqu’a la fin des années 80. Et passant près des frontières soviétiques, ce qui a conduit à deux avions de ligne Boeing sud coréens abattus durant la Guerre Froide.
Voyageux a commenté :
25 février 2022 - 8 h 08 min
On reprendra la route via Anchorage, comme dans le temps.
En attendant, on ferait mieux de penser à notre protection. Au vu des rapports d’experts, tout serait plié à la faveur de Moscou sous dix jours…
Filoustyle a commenté :
25 février 2022 - 9 h 06 min
Tout les avions russe ou immatriculé en Russie ainsi que les bateaux et autres trains ne doivent plus pouvoir se rendre en Occident et dans le monde, quand on voit l’état de la Russie aujourd’hui avec des villes de 150000 ou 200000 habitants sans même d’asphaltes dans les rues et de la boue partout et des infrastructures dignes des années 50.
Il faut asphyxier ce régime de barbare qui vivent encore en 1945 post guerre mondiale et ainsi ce sera un signal fort envoyé aussi aux chinois « leurs amis »qu’ils sachent ce qui les attends si des velléités sur Taïwan au cas où elles se feraient de plus en plus pressantes.
L'amateur d'aéroplanes a commenté :
25 février 2022 - 10 h 07 min
Bloquer en occident les avoirs et biens de l’oligarchie qui détient 60 % de la richesse, oui, asphyxié la totalité du peuple russe, non.
Mais la Russie est accolé à la seconde économie mondiale, a de relations avec l’OPEP, et l’un des principaux vendeurs d’armes de l’Inde….
bergeron a commenté :
25 février 2022 - 14 h 48 min
L’Inde est aussi un gros acheteur d’armes russes.
Cornelius Chesterfield a commenté :
25 février 2022 - 12 h 23 min
Si vous boycottez toutes les entreprises et tous les espaces aériens de tous les pays à régime “barbare” de la planète, vous ne sortirez bientôt plus de chez vous.
Ce qui m’amuse, c’est que la plupart des commentaires compulsifs appelant au boycott intégral de la Russie émanent de personnes qui ne voient aucun problème à voler sur des compagnies des dictatures islamistes les plus totalitaires. Deux poids, deux mesures.
Jean Pierre a commenté :
25 février 2022 - 11 h 53 min
Pour l’heure pas besoin de revenir à Anchorage.
Il suffit de faire Londres – Paris puis Paris -Moscou, et ni vu ni connu je t’embrouille.
@jeanpierre « l’embrouilleur » a commenté :
27 février 2022 - 15 h 05 min
Vous ne vous sentez pas ridicule aujourd’hui, votre « embrouille » de super-maline sur les bras…vue et connue de tous, mais maintenant inutilisable?