Boeing a annoncé un accord pour dédommager les familles des 157 victimes de l’accident du 737 MAX d’Ethiopian Airlines en mars 2019, dont l’avionneur reconnait être responsable.
« Le 737 MAX n’était pas sûr, et personne d’autre ne sera mis en cause » : selon les avocats des familles de victimes du crash du vol ET302, cet aveu figure dans l’accord de dédommagement présenté le 10 novembre 2021 par Boeing, un accord qui ne précise pas de somme d’argent et doit encore passer devant un juge de Chicago mardi prochain. Selon le cabinet Clifford Law, il s’agit d’un accord « historique » pour les proches « dans leur quête de justice contre Boeing », qui leur permettra d’être tous traités « de manière équitable » (35 nationalités étaient présentes à bord du MAX 8 qui s’est écrasé peu après son décollage de l’aéroport d’Addis Abeba, dont 7 Français). Les familles des 189 victimes du crash du vol JT610 de Lion Air, cinq mois avant celui d’Ethiopian Airlines, ne sont pas concernées dans l’immédiat par cet accord.
En reconnaissant sa responsabilité, l’accord de Boeing avec les familles « permet aux parties de concentrer leurs efforts sur la détermination des compensations appropriées pour chaque famille », a déclaré l’avionneur américain. Un porte-parole de Boeing a ajouté : « nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles de tous ceux qui ont perdu la vie sur le vol 610 de Lion Air et le vol 302 d’Ethiopian Airlines ». Depuis les deux accidents qui ont entrainé une interdiction de vol pendant vingt mois de tous les monocouloirs remotorisés dans le monde, Boeing « a réalisé des changements significatifs en tant qu’entreprise, et sur le design du 737 MAX, pour s’assurer que des accidents comme ceux-là ne se produisent plus jamais ».
L’accord implique que toutes les demandes d’indemnisation peuvent être faites en vertu de la loi américaine, qui prévoit des dommages et intérêts beaucoup plus élevés que ceux qui s’appliqueraient dans de nombreux autres pays dont l’Ethiopie en particulier. Mais Boeing limite dans le même temps la probabilité que ses dirigeants passés ou actuels soient poursuivis, et vient de régler un autre potentiel problème juridique – en trouvant un accord avec des actionnaires qui le poursuivaient pour pratiques commerciales dangereuses.
Accusé de complot en vue de commettre une fraude pour avoir caché des informations sur le système MCAS lors de la certification du 737 MAX, l’avionneur avait déjà accepté en janvier dernier de payer plus de 2,5 milliards de dollars pour échapper aux poursuites. Mais l’amende pénale n’était que de 243,6 millions pour les méfaits commis par seulement deux employés, le reste concernant les indemnisations des compagnies aériennes et un fonds de 500 millions à établir pour les familles des 346 victimes des deux accidents. Depuis, le pilote d’essai Mark Forkner a été inculpé pour avoir trompé les régulateurs au sujet de ce même MCAS, impliqué dans les deux accidents.
La crise du 737 MAX a coûté plusieurs milliards de dollars à Boeing, mais la production a repris et seuls quelques pays dont la Chine ne l’ont pas encore recertifié. Rappelons qu’Ethiopian Airlines prévoit de remettre en service ses 737 MAX en début d’année prochaine.
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