ACI Europe voit le trafic passagers dans les aéroports européens passer d’environ -60% cette année à -32% en 2022, par rapport aux volumes de 2019 avant la pandémie de Covid-19. Une reprise complète ne serait cependant atteinte qu’en 2025.

À la veille de son 31e Congrès annuel, l’association aéroportuaire a publié ses dernières données et prévisions de trafic, alors que les aéroports européens ont perdu 1,26 milliard de passagers jusqu’à présent cette année, soit une baisse de -62% par rapport aux niveaux d’avant la pandémie (2019). Le continent est un marché de l’aviation « remarquablement à deux vitesses »,souligne ACI Europe dans son communiqué :

  • Les aéroports de l’UE+ (EU, EAA, Suisse et Royaume Uni) se situent à -69% jusqu’à présent cette année par rapport à 2019, avec des volumes globaux de passagers essentiellement stables par rapport à l’année dernière. Les mois d’été de pointe (T3) ont connu une amélioration significative à -50% par rapport à 2019, car les restrictions de voyage se sont assouplies et le certificat numérique Covid de l’UE a permis les voyages transfrontaliers. Les aéroports du Royaume-Uni (-71 %), d’Irlande (-68 %) et de Finlande (-78 %) ont sous-performé en raison d’un assouplissement beaucoup plus lent des restrictions de voyage par leurs gouvernements.
  • Les aéroports du reste de l’Europe ont enregistré une reprise significative à -34% jusqu’à présent cette année par rapport à 2019, avec des volumes de passagers en hausse de +70% par rapport à 2020.

Le troisième trimestre s’établit à -21%, porté par l’amélioration continue des aéroports russes et turcs. « Un examen plus approfondi des données montre que le rythme de la reprise ne s’est pas encore accéléré dans l’ensemble du réseau aéroportuaire européen », avec les deux premières semaines d’octobre à -41% contre -43% en septembre et -41% en août.

Les prévisions actualisées publiées aujourd’hui par ACI Europe montrent que la reprise du trafic passagers s’accélèrera dans les mois à venir et jusqu’en 2022, grâce à la réouverture du marché transatlantique aux voyageurs européens ainsi qu’à un assouplissement progressif des restrictions de voyage sur d’autres marchés long-courriers, en particulier en Asie. En conséquence, l’association voit le trafic passagers dans les aéroports européens passer d’environ -60% cette année à –32% en 2022 par rapport aux volumes d’avant la pandémie (2019). Une reprise complète ne sera atteinte qu’en 2025 (+1%), même si le scénario le plus optimiste évoque 2024 (le plus pessimiste repousse l’échéance à 2026).

Aéroports européens : pas de reprise complète avant 2025 ? 1 Air Journal

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Selon Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe, la restauration complète des voyages mondiaux sans contraintes « reste encore loin et semble être un processus inégal et volatil – conditionné par de nouveaux progrès en matière de vaccination et l’évolution de la situation épidémiologique. Le niveau de la demande refoulée est stupéfiant, alimenté par les économies accumulées par les consommateurs grâce à cette pandémie ». Mais il existe également d’importantes pressions sur l’offre qui ralentiront le rythme de la reprise : il s’agit notamment « des compagnies aériennes structurellement réduites avec des réductions importantes de leur flotte d’avions et de leurs effectifs, de la hausse des coûts du carburant et des pressions inflationnistes, de l’impact durable des dispenses de créneaux aéroportuaires, et du fait que les compagnies aériennes disciplinées en matière de capacité exerceront un pouvoir de fixation des prix », souligne le dirigeant.

Aéroports européens : pas de reprise complète avant 2025 ? 2 Air Journal

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CONNECTIVITÉ AÉRIENNE

Le rapport 2021 sur la connectivité de l’industrie aéroportuaire publié aujourd’hui révèle des niveaux de connectivité aérienne restant « nettement dégradés » : pour ACI Europe, alors que la connectivité directe depuis les aéroports européens s’élève désormais à -36% par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, la connectivité des hubs est toujours en baisse de -67% en raison du fait que la plupart des marchés intercontinentaux restent soumis à des restrictions de voyage strictes. Comme pour le trafic passagers, les aéroports de l’UE+ sous-performent la moyenne européenne pour les deux indicateurs. Leur connectivité directe s’élève à -39% et la connectivité hub à -71%, tandis que les aéroports du reste de l’Europe ont atteint -20% et -51% respectivement.

Le rapport montre aussi que les aéroports plus petits et régionaux ont jusqu’à présent récupéré leur connectivité directe plus rapidement que les autres – ce qui reflète le fait que la reprise a jusqu’à présent été principalement tirée par le trafic de loisirs intra-européen et domestique ainsi que par les compagnies aériennes low cost (LCC). En conséquence, la part de connectivité directe fournie par les LCC dans les aéroports européens est passée de 34% en 2019 à 39% cette année. La connectivité directe offerte par les LCC n’est que de -10 % inférieure aux niveaux de 2019 dans les aéroports plus petits et régionaux, mais de -32% inférieure dans les grands aéroports. Pendant ce temps, la connectivité directe offerte par les transporteurs à service complet (FSC) est de -32% inférieure aux niveaux de 2019 dans les aéroports plus petits et régionaux et de -42% dans les plus grands aéroports.

Le Top 20 de la « ligue mondiale de connectivité des hubs » montre selon ACI Europe que, contrairement aux aéroports européens, les aéroports américains ont récupéré l’essentiel de leur connectivité de hub d’avant la pandémie (2019) – grâce à leur dépendance à un marché intérieur vaste et sans contrainte. Dallas-Fort Worth et Denver sont en tête du classement mondial cette année, ayant récupéré respectivement 69% et 90% de leur connectivité hub. Ils sont suivis de Francfort, Atlanta et Amsterdam-Schiphol. Istanbul arrive en 6e position, Paris-CDG en 10e et Doha en 11e – le seul aéroport du Moyen-Orient de la ligue – tandis que Munich se classe 17e et Londres-Heathrow 18e.

Olivier Jankovec conclut : « Le rapport de cette année montre que, alors que nous apprenons à vivre avec le virus et que les économies ont rouvert, la connectivité aérienne met du temps à revenir. Son redressement est loin d’être uniforme, avec des différences significatives entre les indices de référence ainsi qu’entre les marchés géographiques et les segments de l’industrie aéroportuaire. Cela reflète en grande partie la permanence des restrictions et des interdictions de voyage sur les marchés extérieurs et des régimes de voyage toujours pas entièrement alignés en Europe ». Pour l’avenir, il ne fait selon lui aucun doute que le soutien des gouvernements à la connectivité aérienne et à l’aviation en général « sera un facteur déterminant. La restauration de la connectivité aérienne doit aller de pair avec sa durabilité et son intégration aux autres modes de transport et à la mobilité urbaine. Mais force est également de constater qu’en l’absence de substitut comparable, la connectivité aérienne doit rester un élément essentiel de la capacité productive de nos sociétés. Avec +10% de connectivité directe produisant +0,5% de PIB par habitant, ce n’est pas quelque chose à quoi nous pouvons tourner le dos ».

Aéroports européens : pas de reprise complète avant 2025 ? 3 Air Journal

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