La Commission européenne a décidé de prolonger durant la prochaine saison hivernale la dérogation aux règles de l’UE sur l’utilisation des créneaux d’aéroport, conservant le seuil à 50% au lieu des 80% habituels. « Déconnecté de la réalité », proclame l’IATA qui voudrait évidemment moins de contraintes, même si le trafic reprend un peu partout parallèlement aux campagnes de vaccinations.
Censé « réduire l’incertitude des compagnies aériennes sur la perte possible leurs créneaux horaires en raison de la réduction drastique des vols due à la pandémie de Covid-19 », l’allègement de la règle du « créneau utilisé ou perdu » leur permet jusqu’à la fin octobre 2021 de n’utiliser que 50% de leurs créneaux de décollage et d’atterrissage prévus (au lieu de 80% requis avant la pandémie), afin de pouvoir les conserver lors de la saison suivante. En février dernier, le Parlement européen expliquait que la Commission pourra « étendre ces nouvelles règles à d’autres saisons, et ajuster le taux d’utilisation minimal entre 30 et 70% », l’objectif étant de « pouvoir réagir rapidement aux changements de niveau de trafic aérien pendant la pandémie ». Un communiqué officiel a confirmé cette prolongation ce lundi matin, et l’Association du transport aérien international (IATA) s’enflamme à l’idée que le niveau de 50% reste valable durant la saison hivernale 2021-2022.
Une décision « déconnectée de la réalité » qui ignore « les conseils et les preuves présentés » par les membres de l’UE et l’industrie du transport aérien, « qui avaient plaidé en faveur d’un seuil beaucoup plus bas », souligne l’IATA dans un communiqué. Il n’y a « aucun allégement pour rendre des créneaux au début de la saison, ce qui permet aux compagnies aériennes d’adapter leur horaire à une demande réaliste ou de permettre à d’autres transporteurs d’opérer », précise l’association, déplorant que la règle sur la force majeure (suspension de la règle en cas de circonstances exceptionnelles) « a été désactivée pour les opérations intra-UE ». Le résultat sera de restreindre la capacité des compagnies aériennes à « opérer avec l’agilité nécessaire pour répondre à une demande imprévisible et en évolution rapide », conduisant à des vols « inutiles et néfastes pour l’environnement » et affaiblissant davantage la stabilité financière de l’industrie, tout en entravant » la reprise du réseau mondial de transport aérien.
« Une fois de plus, la Commission a montré qu’elle était déconnectée de la réalité. L’industrie du transport aérien est toujours confrontée à la pire crise de son histoire. La Commission avait une possibilité d’utiliser le règlement sur les créneaux horaires pour promouvoir une reprise durable pour les compagnies aériennes, mais elle l’a ratée », a déclaré Willie Walsh, directeur général de l’IATA. « Au lieu de cela, ils ont fait preuve de mépris pour l’industrie et pour les nombreux États membres qui ont demandé à plusieurs reprises une solution plus flexible, en poursuivant obstinément une politique qui est contraire à toutes les preuves qui leur sont présentées ». ,
L’argument de la Commission est que la reprise du trafic intra-UE cet été justifie un seuil d’utilisation de 50% des créneaux d’aéroport, sans allègement supplémentaire, ce qui va selon l’IATA à l’encontre des « preuves importantes de perspectives incertaines de la demande de trafic cet hiver » :
- L’étendue de la récupération intra-UE n’est au mieux qu’un indicateur partiel de l’étendue de la récupération dans les aéroports à créneaux limités, où les créneaux clés sont nécessaires pour les connexions de trafic mondial qui n’ont pas encore récupéré. L’IATA estime que les voyages internationaux n’atteindront que 34% des niveaux de 2019 d’ici la fin de 2021.
- La demande hivernale est toujours inférieure à la demande estivale, même les bonnes années. Et la preuve des réservations à terme est qu’elles évoluent bien en deçà des niveaux observés l’hiver dernier. Les réservations long-courriers pour l’UE représentent actuellement en moyenne 20% des niveaux de 2019.
- Malgré le déploiement des vaccins, les gouvernements restent extrêmement prudents quant à l’ouverture des frontières. Leur réponse aux variantes préoccupantes consiste toujours à fermer les frontières ou à instaurer des mesures de quarantaine qui tuent instantanément la demande de voyages. Il est clair que la demande européenne de voyages aériens est encore extrêmement faible et imprévisible.
- D’autres régulateurs dans le monde ont compris les arguments. Les régulateurs au Royaume-Uni, en Chine, en Amérique latine et en Asie-Pacifique ont mis en place des mesures beaucoup plus flexibles. Seule l’UE a insisté de manière dogmatique sur le fait que le trafic reviendra à un rythme bien au-delà de toute prévision raisonnable.
« Il est fort ironique que seulement une semaine après que la Commission a publié son plan d’émissions de carbone Fit for 55, elle publie un règlement sur les créneaux horaires qui peut obliger les compagnies aériennes à voler, qu’il existe ou non une demande suffisante pour cette route. Le commissaire aux Transports Valean a déclaré : “Nous devons agir avec ambition pour notre planète, mais sans punir nos citoyens ou nos entreprises”. De toute évidence, cette décision sur les créneaux ne remplit pas ces conditions », a conclu Willie Walsh.
Int'l air connectivity still 71% down 🌎 ✈️; restoring it safely will be key to full economic recovery.
— IATA (@IATA) July 24, 2021
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Slot Orly a commenté :
26 juillet 2021 - 15 h 38 min
Ça donne quoi les 18 slots que le groupe AF doit céder à la concurrence à Orly ?
IATA=association patronale a commenté :
26 juillet 2021 - 17 h 31 min
Et à ce titre, l’IATA souhaite « naturellement « pouvoir lever toutes les restrictions, interdictions et réglementations possible et imaginable en tout domaine ( sanitaire aussi) afin que ses membres puissent en toute quiétude faire au maximum ce qu’ils veulent comme ils le veulent….
Juste un groupe de pression patronal comme le MEDEF en France ou le CBI Grande Bretagne.