La compagnie aérienne British Airways étudie la possibilité d’abandonner sa base à Londres-Gatwick, afin d’assurer les créneaux qu’elle détient à Heathrow même si l’assouplissement des règles d’utilisation, mis en place en raison de la pandémie de Covid-19, venait à disparaitre.
Alors que le trafic aérien reprend en particulier sur le secteur touristique, la compagnie nationale britannique va-t-elle se priver d’une base londonienne principalement dédiée aux vols loisirs ? L’idée avait déjà circulée en début d’année dernière, et le quasi arrêt du transport aérien pour cause de pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses. Mais c’est justement selon The Telegraph cette reprise de l’activité qui pose problème à British Airways : un retour à la normale pourrait signifier l’arrêt fin octobre de la dérogation aux règles de l’UE sur l’utilisation des créneaux d’aéroport (imitée jusque là par la CAA du Royaume-Uni). British Airways envisagerait donc de regrouper tous ses vols à destination et en provenance de Londres vers son hub principal d’Heathrow, afin d’utiliser pleinement les 52% des créneaux qu’elle détient dans la première plateforme européenne – et donc les protéger d’un éventuel intérêt de la concurrence.
Rappelons que jusqu’à la fin de la saison estivale, les compagnies aériennes bénéficient d’un allègement de la règle du « créneau utilisé ou perdu », mis en place fin mars 2020 : elles ne doivent utiliser que 50% de leurs créneaux de décollage et d’atterrissage prévus pendant l’été 2021 (au lieu de 80% requis avant la pandémie), afin de pouvoir les conserver lors de la saison suivante.
British Airways a développé à Gatwick un réseau d’environ 70 destinations moyen- et long-courriers, allant de Nice ou Grenoble à la Jamaïque ou l’île Maurice en passant par Marrakech ou Alger ; Heathrow est dans le même temps principalement réservé aux destinations d’affaires. Mais face à l’effondrement des voyages internationaux en raison des restrictions de voyage liées à la crise sanitaire, la compagnie de l’alliance Oneworld ne peut pas compter sur le réseau intérieur – contrairement à ses rivales comme Air France ou Lufthansa. Et début juin, l’offre à Gatwick n’était encore qu’à 8% des niveaux de la même période en 2019 ; easyJet y détient la moitié des parts de marché, loin devant Vueling puis British Airways.
Le mois dernier, Luis Gallego, CEO du groupe IAG (dont British Airways est une filiale, aux côté d’Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level) déclarait selon le quotidien : « Gatwick est une décision importante que nous devons prendre en groupe. C’est vrai que nous avons le problème avec les créneaux. Ils ont une valeur stratégique, mais nous devons être compétitifs là-bas. Cette crise va changer le profil de la demande. Nous analysons donc les différentes options ».
Un porte-parole de la compagnie britannique a déclaré dans ch-aviation, sans mentionner les créneaux : « Jusqu’à la fin octobre, la plupart de nos vols court-courriers continueront de fonctionner depuis Heathrow. Cela nous permet d’assurer un fonctionnement fluide, ininterrompu et efficace dans l’ensemble de notre entreprise à un moment où la demande n’est pas encore de retour et où les restrictions de voyage internationales restent en place. Nous effectuons toujours certains de nos vols long-courriers au départ de Gatwick ».
Paris a commenté :
24 juin 2021 - 20 h 51 min
Ca sent le roussi pour tous les aéroports en surnombre… La France devrait y réfléchir.