Le groupe aérien low cost Ryanair Holdings a enregistré au troisième trimestre une perte de 306 millions d’euros, le trafic ayant chuté de 78% en raison de la pandémie de Covid-19. Et elle prévient que cette perte pourrait atteindre 850 à 950 millions d’euros sur une base annuelle à fin mars, la pire de son histoire, même si une reprise est ensuite attendue durant les mois d’été.

Le T3 (septembre-décembre 2020) de la spécialiste irlandaise du vol pas cher a été aussi mauvais qu’attendu : recul du trafic de 35,9 à 8,1 millions de passagers (-78%), chute de 26 points du coefficient d’occupation de ses Boeing 737 à 70%, chiffre d’affaires passé de 1,91 milliards à 340 millions d’euros (-82%). Et une perte nette de 306 millions d’euros, quand au T3 de l’année précédente Ryanair avait dégagé un bénéfice de 88 millions d’euros. Le groupe a cependant enregistré une baisse de ses coûts opérationnels de 63%, et a terminé l’année 2020 avec une trésorerie de 3,5 milliards d’euros – un milliard de moins toutefois qu’à fin septembre.

Et alors que les restrictions de voyage liées à la crise sanitaire se durcissent en ce début d’année, Ryanair a déjà revu à la baisse ses prévisions de trafic annuel au 31 mars 2021, à « entre 26 et 30 millions de passagers » ; la baisse de son offre se poursuivra « au moins jusqu’à Pâques ». Ce qui laissera cet exercice financier 2021 comme « le pire de ses 35 ans d’histoire », souligne-t-elle dans son communiqué, avec une perte nette annuelle désormais estimée « prudemment entre 850 et 950 millions d’euros » – cinq fois le montant du précédent record enregistré en 2009.

Ryanair explique cependant que la reprise devrait s’accélérer entre juillet et septembre prochain, pour atteindre au deuxième semestre de l’année financière qui débutera en avril (octobre 2021 à mars 2022) « 70% à 90% » des niveaux enregistrés durant la même période avant la crise sanitaire. « Dès que le virus Covid-19 disparaîtra – et ce sera le cas au cours des prochains mois alors que les gouvernements de l’UE accéléreront le déploiement des vaccins – Ryanair et ses aéroports partenaires rétabliront rapidement les programmes de vol, récupéreront le trafic perdu, aideront les pays européens à redémarrer leur industrie du tourisme, et créer des emplois pour les jeunes dans les villes et les plages de l’UE ». La low cost se dit « rassurée par le succès du programme de vaccination britannique, qui vise à vacciner près de 50% de la population britannique d’ici la fin mars » ; elle ajoute que l’Union européenne, son premier marché, « doit maintenant accélérer la lenteur de son programme de déploiement pour correspondre aux performances du Royaume-Uni ».

La pandémie a provoqué la fermeture de compagnies aériennes européennes, dont Flybe, Germanwings, Level et Montenegro Airlines, rappelle au passage Ryanair. « Norwegian est déjà entrée dans une procédure de protection des créanciers et Eurocontrol prévoit davantage de défaillances de compagnies aériennes dans l’UE en 2021. Des réductions de capacité significatives ont été mises en œuvre par de nombreuses compagnies aériennes de l’UE », et un « flot d’aides d’État illégales » ont été versées par les gouvernements de l’UE à leurs transporteurs nationaux, « notamment Alitalia, Air France / KLM, LOT, Lufthansa, SAS Scandinavian, TAP Air Portugal et autres ». Cette aide d’État illégale fausse la concurrence et les conditions de concurrence équitables dans l’aviation de l’UE, affirme la low cost.

Ryanair a rappelé hier qu’elle a durant le T3 commandé 75 Boeing 737 MAX supplémentaires pour un total de 210, et attend les premières livraisons au printemps (au moins 24 en service durant la saison estivale selon ses vœux). Alors que le 737 8-200 de 197 sièges (dont elle est le seule client avec VietJet Air) n’a toujours pas été certifié par la FAA, et encore moins par l’EASA européenne.

Alors que nous regardons au-delà de la crise de Covid-19 et du déploiement des vaccinations, le groupe Ryanair s’attend à avoir une base de coûts beaucoup plus faible et un bilan solide, ce qui lui permettra de financer des tarifs plus bas et d’ajouter des avions à moindre coût pour capitaliser sur les nombreux opportunités de croissance qui seront disponibles sur tous les marchés à travers l’Europe, en particulier lorsque les compagnies aériennes concurrentes ont considérablement réduit leur capacité ou ont échoué. Nous travaillerons assidûment avec nos aéroports et nos partenaires gouvernementaux pour restaurer les itinéraires et récupérer le trafic au profit de nos aéroports, de nos clients et de nos employés alors que nous essayons de donner la priorité aux emplois et à la récupération des salaires de nos employés.

Si la première low cost européenne anticipe en 2021 la pire année de son histoire, ce n’est la fin des compagnies à bas coût : « Les compagnies aériennes low-cost, inventrices des vols pas chers et directs qui ont dynamisé, démocratisé et soutenu le marché du moyen-courrier depuis 10 ans sont en crise. A la différence des compagnies nationales, elles travaillent avec des capitaux privés et ont des cycles de redéploiement courts. Ryanair, easyJet, Vueling, Transavia, Vueling, Wizz air et Volotea tiennent ce dynamique marché en Europe ; ces sept compagnies vont-elles nous épater une fois de plus ? », commente Fabrice Dariot, fondateur de Bourse-des-vols.com.  

Ryanair : perte annuelle record en vue 1 Air Journal

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