Compagnies aérienne et ONG demandent à l’Union européenne de durcir son approche du développement durable et de l’impact du secteur aérien sur le changement climatique, en particulier en facilitant plus la production des biocarburants de dernière génération.
Signé aux côtés du WWF ou du Réseau Action Climat par Air France-KLM, le groupe IAG, easyJet ou Finnair entre autres, l’appel diffusé le 13 janvier 2021 par le Fueling Flight Project intervient alors que l’UE doit dévoiler cette année de nouveaux objectifs pour le carburant d’aviation durable (SAF), l’initiative ReFuelEU Aviation. Tous demandent que la priorité soit donnée « aux e-fuels et à ceux produits à partir de déchets agricoles ou résidus forestiers », avec une exclusion plus claire de s carburants produits sur des terres agricoles – afin d’éviter toute concurrence entre cultures vivrières et production de carburant. « Étant donné que les dirigeants de l’UE se sont engagés à parvenir à une économie à zéro carbone net d’ici 2050, on met de plus en plus l’accent sur la manière d’accélérer la transition vers une aviation climatiquement neutre », ont souligné les signataires.
En raison de la pandémie de Covid-19, « la durabilité est encore plus un point clé à l’ordre du jour des compagnies aériennes », a par exemple déclaré le PDG de KLM Pieter Elbers ; « accroître la production de carburant aéronautique durable (SAF) est une pierre angulaire pour atteindre nos objectifs de réduction des émissions de carbone ». Pete Harrison, directeur exécutif de la politique européenne à la Fondation européenne pour le climat, a ajouté : « L’Europe doit veiller à ce que les futures politiques ne promeuvent que les carburants les plus durables pour réduire l’impact climatique de l’aviation, et l’UE doit éviter de répéter les erreurs du passé ».
Des erreurs telles que l’encouragement à la première génération de biocarburants, dont ceux tirés de l’huile de palme qui avaient par exemple entrainé une accélération de la déforestation en Indonésie et en Malaise, avec à la clé une hausse des prix des aliments. L’UE a d’abord gelé l’utilisation de ces biocarburants de premières générations, puis a ordonné leur élimination à l’horizon 2030 et définit de nouveaux critères de production plus stricts.
Pas encore « assez stricts pour garantir la durabilité », affirment les signataires de l’appel : la directive actuelle (émise en 2018) sur les énergies renouvelables « ne garantit pas que les carburants utilisés en Europe répondent aux normes de durabilité souhaitées par la société civile ni par les principales compagnies aériennes », explique Pete Harrison. Andrew Murphy, directeur de l’aviation chez l’ONG Transport & Environment ONG précise que l’UE doit mettre fin « au soutien aux biocarburants d’origine végétale en soutenant plutôt de nouveaux carburants, en particulier les carburants électroniques dérivés de l’électricité renouvelable ».
Le projet Fueling Flight est un groupe de parties prenantes réunies par la Fondation européenne pour le climat et la Fondation ClimateWorks, qui comprend des représentants de l’industrie et de la société civile. L’aviation représente un peu moins de 4% des émissions totales de CO2 de l’UE, et les SAF ne représentent actuellement que 0,05% de la consommation totale de carburéacteur ; l’appel reconnait que la création de trajectoires de vol plus efficaces et d’avions plus aérodynamiques « peut aider à réduire les émissions de CO2, mais sans carburant durable, cela ne fera qu’amener des étapes progressives vers la décarbonisation ». L’hydrogène a été présenté comme une alternative verte potentielle pour les vols, mais la production est toujours bien en deçà de la capacité requise – et plus de 90% est actuellement produite à l’aide de combustibles fossiles, ce qui remet en question les économies de carbone.
Et l’unanimité sur les solutions n’existe toujours pas : ePURE, l’association représentant les producteurs européens d’éthanol renouvelable, a condamné la déclaration du projet Fueling Flight, affirmant qu’elle « ternit injustement l’utilisation des biocarburants dans l’UE comme présentant des risques élevés en matière de durabilité ». L’éthanol n’est « pas responsable du changement indirect d’affectation des terres (ILUC) » associé à la culture de l’huile de palme, a rappelé son secrétaire général Emmanuel Desplechin.
FL350 a commenté :
18 janvier 2021 - 17 h 55 min
“Biocarburant”, “éthanol renouvelable” : en clair, de l’agrochimie !
Ça, c’est écolo ! ! !
jlp a commenté :
19 janvier 2021 - 9 h 13 min
les “écolos” réussissent bien à faire croire que les éoliennes qui ne fonctionnent qu’ à 24% du temps en moyenne (+500 à 1000 tonnes de béton au pied de chaque mat)) et l’électricité solaire (composants dont l’extraction est hautement polluante ..) sont des moyens de production écologiques !
Alors ..