Les voyageurs aériens pendant la pandémie de Covid-19 ne devraient pas automatiquement être considérés comme à haut risque de propagation de l’infection, selon l’EASA et l’ECDC qui jugent inefficace le régime actuel de tests et de quarantaine.
Dans un communiqué commun publié le 2 décembre 2020, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne (AESA) ont mis à jour leurs lignes directrices sur les tests contre le coronavirus et la quarantaine des voyageurs aériens. Les voyageurs « ne devraient pas être considérés comme une population à haut risque, ni traités comme des contacts de cas de Covid-19, à moins qu’ils n’aient été en contact connu avec un cas positif confirmé », résume le texte. Ces passagers « devraient être traités de la même manière que les résidents locaux, et être soumis aux mêmes réglementations ou recommandations que celles appliquées à la population locale. »
Les deux organismes européens soulignent que « sur la base des dernières preuves et informations scientifiques », leurs conclusions reflètent le fait que « la prévalence du nouveau coronavirus chez les voyageurs est estimée inférieure à celle de la population générale. De plus, les mesures en place dans l’aviation minimisent la possibilité de transmission pendant le processus de transport aérien ».
Ce nouveau document « est une véritable contribution européenne au bénéfice des citoyens européens », a déclaré Patrick Ky, directeur exécutif de l’AESA. « Ses conclusions peuvent être importantes pour rendre possibles de nombreuses réunions de famille à Noël. Il s’appuie sur les mesures que nous avons déjà mises en place avec le protocole sur la sécurité sanitaire de l’aviation, et renforce l’idée qu’il n’y a pas de risque inhérent aux voyages aériens – en effet, les voyageurs aériens sont considérés comme une population relativement «sans risque COVID». Nous encourageons les décideurs nationaux à tenir compte des recommandations formulées ici lors de l’élaboration de leurs politiques ».
Publié à la demande de la Commission européenne, le document constitue un addendum au protocole de sécurité sanitaire de l’aviation publié pour la première fois en mai 2020. Les directives s’adressent « principalement aux décideurs au niveau national et promeuvent une approche coordonnée de la prise de décision », et tiennent également compte de l’ampleur actuelle de la pandémie, soulignent l’EASA et l’ECDC. Le fait que le virus soit désormais « bien établi dans toutes les zones économiques de l’Europe et au Royaume-Uni », ainsi que dans la plupart des autres zones géographiques du monde, « est une considération sous-jacente importante pour ses conclusions ».
Dans un tel scénario, les tests et la quarantaine n’ont qu’un impact limité sur la réduction du risque de propagation, en particulier en ce qui concerne les déplacements entre des zones à risque similaire ou lors du passage de zones «vertes» moins risquées à des zones «orange» ou «rouge». En effet, le dépistage systématique des passagers dans de tels cas pourrait avoir un impact négatif : détourner les ressources de besoins plus urgents tels que la recherche des contacts et le dépistage de ceux qui ont été en contact direct avec des cas infectés.
Le scénario principal dans lequel un régime de dépistage et de quarantaine « pourrait être utile » selon les nouvelles directives est lorsque les voyageurs quittent une zone à incidence extrêmement élevée – bien au-delà du seuil «rouge» le plus bas de 50 cas pour 100.000 sur une base de 14 jours. – à une autre zone «rouge» avec un taux d’infection beaucoup plus faible ou à toute zone «orange» ou «verte». Les recommandations « évaluent différentes stratégies de test / quarantaine à adopter dans ce cas, en présentant les options pour les pays pour leur permettre de gérer le risque résiduel d’infection importée ».
Selon Andrea Ammon, directeur de l’ECDC, le dépistage des voyageurs entrants « serait une mesure efficace si les pays parvenaient à contrôler durablement le virus SRAS-CoV-2. À ce stade, les cas importés ne contribueront probablement guère à la propagation continue du virus. Par conséquent, nous conseillons aux États membres de se concentrer plutôt sur le renforcement de capacités de dépistage solides pour les cas suspects, couplé à l’isolement des personnes dont le test est positif, ainsi qu’à la recherche des contacts et à la mise en quarantaine des contacts dans la communauté ».
En revanche, l’EASA et l’ECDC « recommandent fortement » de fournir à l’avance aux voyageurs des informations sur la Covid-19, la situation épidémiologique dans les pays de destination et les mesures en place dans les aéroports et à bord des avions pour empêcher la transmission. Une procédure simplifiée pour obtenir les informations de contact par le biais des formulaires de localisation des passagers, de préférence au format numérique, et les partager entre les autorités si nécessaire, « est également impérative ». Les États membres de l’Union européenne, quant à eux, « devraient toujours admettre leurs propres ressortissants ainsi que les autres citoyens de l’Union et les membres de leur famille qui résident dans le pays, et faciliter un passage rapide à travers leurs territoires pour les personnes en transit », conclut le communiqué.
#EASA #ECDC joint guidelines recommend treating travellers the same way as local population are treated, not as a high-risk group for spread of #COVID-19.https://t.co/lXlT6JZZVf#WeAreAviation #Strongertogether @Transport_EU pic.twitter.com/xWcHTevYGu
— EASA (@EASA) December 2, 2020
Les réactions à ces nouvelles directives ne se sont pas fait attendre : pour Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe, elles « montrent sans équivoque que les quarantaines sont des mesures essentiellement politiques, non fondées sur les risques, qui n’ont aucun rapport avec ce qui est réellement nécessaire pour protéger la santé publique ». Il ajoute que les quarantaines « échouent au test de proportionnalité, un principe clé du droit de l’UE – d’autant plus qu’il n’y a pas de mesures équivalentes aux frontières terrestres. Cela a entraîné des limitations sans précédent de la liberté de mouvement et de la libre prestation de services ».
ACI Europe appelle de nouveau les gouvernements nationaux à abolir immédiatement leurs restrictions de quarantaine « et à restaurer la liberté de mouvement des citoyens européens », les exhortant à envisager l’utilisation des tests rapides et prendre en compte « le succès des corridors de voyage » pour aider à restaurer la confiance des passagers. Cette déclaration a été reprise par l’IATA, ERA (European Regional Airlines) ou A4E (Airlines for Europe) entre autres.
FL350 a commenté :
3 décembre 2020 - 17 h 03 min
Quant la l’EASA et l’ECDC font cause commune au nom de l’économie, mais au dépens de vies humaines.
Car s’il est un point qui fait bien consensus chez les scientifiques, et ce n’est pas courant, c’est bien l’efficacité à toute épreuve de la quarantaine (réduite de 7 à 12 jours selon les pays).
Ce virus chinois nous aura au moins permis de constater un fait : la cacophonie incessante des (ir)responsables depuis le début de cette pandémie.