La compagnie aérienne Corsair International a officialisé un accord avec l’Etat et ses nouveaux investisseurs pour un plan d’aide globale à hauteur de près de 300 millions d’euros, devant lui permettre de survivre à la pandémie de Covid-19 – et d’assurer sa commande de cinq Airbus A330neo, attendus d’ici mi-2022.

Le gouvernement français l’annonçait la semaine dernière, c’est désormais fait : l’accord dévoilé le 26 novembre 2020 par la compagnie aérienne confirme que sa participation aux côtés d’un consortium d’investisseurs présente « une solution de financement collectif permettant à Corsair de surmonter la crise et d’assurer la pérennité de son activité ». La finalisation de l’opération, qui prévoit pour la compagnie basée à l’aéroport de Paris-Orly une « contribution financière globale de près de 300 millions d’euros » (141 millions de l’Etat, 126 de TUI et 30 en cash des repreneurs selon La Tribune), devrait intervenir « d’ici la fin de l’année après homologation du Tribunal de commerce de Créteil », précise un communiqué. Cela « devrait permette » à Corsair de « se restructurer et se développer en mettant en œuvre un projet stratégique ambitieux, en ligne avec son positionnement d’acteur majeur des dessertes des Outre-mer ».

Dans le cadre de cette opération, Intro Aviation et le groupe TUI cèderont la totalité de leur participation dans le capital de Corsair. Le consortium d’investisseurs, qui devient actionnaire à 100%, « va jouer un rôle déterminant » dans le succès de Corsair. Le plan des investisseurs privés et publics, dont Eric Kourry, fondateur d’Air Caraïbes et président du groupe détenant Air Antilles et Air Guyane, et Patrick Vial-Collet, entre autres président de la CCI de Guadeloupe, avait été dévoilé le mois dernier. Le consortium réunit notamment « des entrepreneurs des secteurs du tourisme et de l’hôtellerie, basés aux Antilles, à la Réunion et en Guyane, ainsi que des collectivités territoriales », rappelait Corsair hier.

La compagnie aérienne a rappelé jeudi son recentrage sur les « dessertes domiennes ». Outre le renforcement des dessertes actuelles (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Maurice, Abidjan et Montréal), un élargissement du réseau est prévu avec l’ouverture de nouvelles destinations notamment Mayotte dès le 11 décembre 2020. La ligne vers New York, qui devait être inauguré en juin dernier, n’est pas évoquée, pas plus que celle lancée en juin 2019 à destination de Miami.

L’Etat « confirme ainsi sa volonté de soutenir le transport aérien français, de préserver l’emploi dans un secteur particulièrement affecté par la crise et de maintenir un nombre suffisant d’acteurs sur les dessertes des Outre-mer », souligne la compagnie aérienne qui rejoint Air France dans la liste de celles aidées par l’argent public. Le PDG Pascal de Izaguirre a déclaré : « Je souhaite remercier très sincèrement l’Etat pour son soutien et l’excellente collaboration avec les Ministères concernés – Economie, Finances et de la Relance, Transports et Outre-mer notamment. Je me réjouis de l’arrivée de nouveaux actionnaires qui s’engagent à nos côtés pour assurer la pérennité de Corsair. Il faut également saluer l’engagement de l’ensemble du personnel qui a exprimé, en acceptant des efforts significatifs, une forte adhésion au projet. C’est avec confiance que nous irons présenter et défendre cet accord auprès du tribunal en vue de son homologation début décembre. Nous avons devant nous un projet ambitieux, ainsi que les moyens financiers nécessaires pour le mener à bien et faire de Corsair LA compagnie des Outre-mer ».

Corsair a désormais les moyens de traverser la crise et poursuivre la mise en œuvre de son plan stratégique, puisque ces soutiens financiers lui donnent « des bases financières solides pour assurer sa pérennité ». Elle peut donc poursuivre la gestion de la crise « avec confiance », continuer à améliorer son niveau de compétitivité et se préparer « pour saisir toutes les opportunités au moment de la reprise ». Sa démarche de réduction des coûts fixes avait déjà permis d’obtenir des résultats très significatifs. La signature de nouveaux accords à durée indéterminée se substituant aux « 134 accords et usages préexistants » (la compagnie n’oublie pas de saluer les partenaires sociaux qui « se sont mobilisés pour faire aboutir dans les meilleurs délais les nouveaux accords dans une démarche responsable et engagée dans un projet d’entreprise pérenne »), outre des réductions de coûts, va permettre de « simplifier l’exploitation et améliorer la performance.

Le projet de renouvellement et modernisation de la flotte déjà engagé est confirmé, avec donc les cinq Airbus A330-900 commandés ferme (le premier a effectué son vol inaugural début novembre). Trois A330neo intégreront la flotte en avril, mai et juin 2021, le quatrième étant attendu en décembre 2021 ; Corsair opérera alors une flotte de 9 avions, le cinquième et dernier A330neo devant être livré en juin 2022 en remplacement du dernier A330-200 encore présent dans la flotte, « qui sera alors considérablement rajeunie avec un âge moyen de 5 ans ». Ces A330neo seront configurés pour accueillir 20 passagers en classe Affaires, 21 en Premium et 311 en Economie (352 sièges au total dans des cabines confiées à Safran). 

Les performances en matière de protection de l’environnement seront selon son communiqué « très nettement améliorées, grâce à une nouvelle motorisation des NEO qui permet de diminuer les émissions carbonées et les nuisances sonores. Consciente de sa responsabilité sociale et environnementale, Corsair modernise ainsi rapidement sa flotte et contribue à la transition énergétique du transport aérien », conclut la compagnie aérienne.

Corsair : 300 millions d’euros pour passer la crise 2 Air Journal

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