L’EASA a publié une proposition de directive détaillant ses exigences de mesures correctives pour le Boeing 737 MAX, dont le retour en service dans le ciel européen devrait être autorisé à la mi-janvier 2021.
La « proposition de directive de navigabilité » (AD) publiée le 24 novembre 2020 par l’Agence européenne de la sécurité aérienne, avec 28 jours accordés pour les commentaires publics, ne revient pas sur la date de retour estimée pour le monocouloir remotorisé de Boeing : ce sera à la mi-janvier 2021. Mais le document détaille toutes les exigences de l’EASA, qui reprennent globalement celles de la FAA annoncées la semaine dernière.
- Mises à jour logicielles pour l’ordinateur de contrôle de vol, y compris le logiciel MCAS (impliqué dans les deux accidents ayant fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines, qui avaient entrainé l’immobilisation de tous les 737 MAX en mars 2019)
- Mises à jour logicielles pour afficher une alerte en cas de désaccord entre les deux capteurs AoA
- Séparation physique des câbles acheminés du cockpit vers le moteur de trim du stabilisateur
- Mises à jour des manuels de vol : limitations opérationnelles et procédures améliorées pour équiper les pilotes pour comprendre et gérer tous les scénarios de défaillance pertinents
- Formation obligatoire pour tous les pilotes de 737 MAX avant qu’ils ne pilotent à nouveau l’avion, et mises à jour de la formation initiale et récurrente des pilotes sur le MAX
- Tests de systèmes, y compris le système de capteurs AoA
- Un vol de préparation opérationnelle, sans passagers, avant l’utilisation commerciale de chaque avion pour s’assurer que toutes les modifications de conception ont été correctement mises en œuvre et que l’avion est sorti avec succès et en toute sécurité de sa longue période de stockage.
La proposition de directive de navigabilité « exige les mêmes modifications de l’aéronef que la FAA, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de différences logicielles ou techniques entre les aéronefs exploités par les exploitants américains et par les exploitants des États membres de l’EASA » ((les 27 membres de l’Union européenne plus l’Islande, Le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Jusqu’au 31 décembre 2020, le Royaume-Uni est également considéré comme un État membre de l’UE), précise le régulateur européen dans son communiqué.
Cependant, les exigences de l’EASA diffèrent de celles de la FAA sur deux points principaux. L’agence « autorise explicitement les équipages de conduite à intervenir pour empêcher le stick shaker de continuer à vibrer une fois qu’il a été activé par erreur par le système, afin d’éviter une distraction de l’équipage ». Et elle impose également « pour le moment, que le pilote automatique de l’aéronef ne soit pas utilisé pour certains types d’atterrissages de haute précision », précisant que cette mesure devrait être « une restriction à court terme ».
La formation obligatoire pour les pilotes est « globalement la même pour les deux autorités ». Avant que les compagnies aériennes individuelles puissent mettre le 737 MAX à leurs horaires de vol, elles devront effectuer toutes les mises à niveau logicielles et les actions de maintenance décrites dans la consigne de navigabilité finale. Elles doivent également former leurs pilotes 737 MAX. « Comme il n’y a qu’un nombre limité de simulateurs, cela peut prendre un certain temps à planifier. Certains de ces travaux peuvent commencer dès maintenant, même avant la publication finale de la consigne de navigabilité », précise le régulateur.
Certains États membres de l’EASA ont publié leur propre décision interdisant l’exploitation du 737 MAX l’année dernière dans leur espace aérien souverain. Ces interdictions devront être levées avant que l’avion puisse à nouveau voler dans l’espace aérien de ces pays ; l’agence « travaille en étroite collaboration avec les autorités nationales compétentes pour y parvenir ».
Finalement, le régulateur souligne qu’il a « également convenu avec Boeing que le constructeur s’efforcera d’augmenter encore davantage la résilience des systèmes de l’avion aux défaillances des capteurs AoA, afin d’améliorer encore la sécurité de l’avion. Boeing procédera également à une évaluation complémentaire du facteur humain de ses systèmes d’alerte de l’équipage au cours des 12 prochains mois, dans le but de les mettre à niveau vers une approche de conception plus moderne ».
Début octobre après un vol de certification qualifié de « satisfaisant », le directeur général de l’EASA Patrick Ky précisait que la présence d’un capteur synthétique pour ajouter de la redondance restait une exigence : cela prendra à Boeing « 20 à 24 mois » pour développer cette solution logicielle comparant les données des sondes AOA, déclarait-il alors, ce capteur devant être « indispensable pour que le MAX 10 puisse être certifié (en 2022) » (les MAX 7, 8 et 9 en bénéficieront également).
Il a déclaré hier que l’agence « a clairement indiqué dès le départ que nous procéderions à notre propre évaluation objective et indépendante du 737 MAX, en étroite collaboration avec la FAA et Boeing, pour nous assurer qu’il ne puisse y avoir de répétition de ces accidents tragiques, qui ont touché la vie de tant de gens ». « Je suis convaincu que nous n’avons rien négligé dans notre évaluation de l’avion dont l’approche de conception a été modifiée », a-t-il ajouté ; « chaque fois qu’il est apparu que les problèmes étaient résolus, nous avons creusé plus profondément et posé encore plus de questions. Le résultat a été un examen approfondi et complet de la façon dont cet avion vole et de ce que c’est pour un pilote de piloter le MAX, nous donnant l’assurance qu’il peut désormais voler en toute sécurité ».
Bencello a commenté :
25 novembre 2020 - 9 h 58 min
Doit-on comprendre que la sonde synthétique exigée en octobre n’est plus de mise ?
C’était l’une des différences avec la FAA. Or elle n’est plus explicitement reprise.
Greg765 a commenté :
25 novembre 2020 - 11 h 01 min
Si, c’est précisé en fin d’article.
L’AOA synthétique devra être sur le Max10 dès sa certification attendue en 2022. Et devra par la suite être retrofitée sur les -7 et les -8.
Bencello a commenté :
27 novembre 2020 - 8 h 45 min
L’article de Air Journal est ambigu (entre les déclarations d’octobre et la publication de Novembre), mais il semblerait que non
https://www.aerobuzz.fr/transport-aerien/leasa-renonce-a-la-troisieme-sonde-dincidence-pour-recertifier-le-737-max/
l’EASA se serait-elle couchée devant le tandem Boeing /FAA ?
Malko a commenté :
25 novembre 2020 - 10 h 15 min
Bon retour dans le airs, si toutes les corrections sont jugées à même de rendre l’avion plus sûr pour l’exploitation. Tout de même, au sortir de cette crise on retiendra que l’irresponabilité de Boieng a entrainé la mort de centaines de passagers juste pour de l’argent et l’entêtement de vouloir assurer sa suprématie dans le secteur.
Tilo a commenté :
25 novembre 2020 - 12 h 39 min
Malo vous ditent l’entêtement de vouloir assurer sa suprématie dans le secteur, vous reconnaissez que Boeing a une suprématie dans le secteur aéronautique enfin quelqu’un de sincère, actuellement Airbus est numéro un mondial mais combien de temps ça va durer je ne suis pas sûr qu’ils le reste aussi longtemp que Boeing l’est lorsque eux sonts numéro un.
youpitof a commenté :
25 novembre 2020 - 13 h 24 min
Ni Airbus, ni Boeing n’ont de suprématie dans le secteur, au fil des années ils sont 1 ou 2. Beaucoup avaient prédit l’arrivée des chinois pour transformer un duo en trio, force est de constater que pour l’instant Comac est loin de rivaliser. Boeing a fait de mauvais choix pour garder ses parts de marchés, c’est arrivé a Airbus aussi.
Fanculizator a commenté :
25 novembre 2020 - 14 h 22 min
En français “vouloir assurer” ne signifier absolument pas qu’il y avait une suprématie pré-existante à consolider mais uniquement que l’on souhaite parvenir à la suprématie et la maintenir. Vous interprétez les propos de Malko.
Par ailleurs, l’essentiel de ce propos était de rappeler que Boeing a sciemment mis en danger la sécurité des passagers par esprit de lucre. Ce qui lui a couté 20 milliards de $ et un millier de commandes annulées. Jusqu’à maintenant.
Malko a commenté :
25 novembre 2020 - 20 h 37 min
Vous avez compris mon propos. Je voulais faire allusion au lancement du NEO chez Airbus qui a mis une belle pression à Boeing. A mon avis, il est inconcevable pour un géant aéronautique comme Boeing de prendre une décision au pied levé en lancant le programme MAX sans évacuer les faiblesses que toute le monde connait .
Fanculizator a commenté :
26 novembre 2020 - 12 h 45 min
J’avais bien compris en effet. Mon commentaire s’adressait en réalité à Tilo. Vous tenez un raisonnement argumenté, il répond avec une logique de supporter. C’est à cela que je répondais mais visiblement cette fonction a du être implémentée par Boeing sur ce site, vu le résultat à l’écran.
Forza a commenté :
25 novembre 2020 - 18 h 09 min
Cet avion, mal né, ne devrait plus voler, tout simplement.
Remettre de la confiance, ce n’est pas palabrer ou ergoter autour d’un système de sauvegarde mal conçu (et visiblement pas encore totalement exempt de défaut) pour un avion dont l’équilibre ne sera jamais naturel. et ce n’est pas quelques heures de formations supplémentaires des pilotes qui vont rassurer.
Tout cela décrédibilise encore un peu plus les instances de certifications et laisse a penser que l’on essaie de sauvegarder des intérêts financiers, rien de plus.
Mon propos n’est pas anti-boeing, cette société ayant toute sa place parmi les grands.
Greg765 a commenté :
25 novembre 2020 - 19 h 46 min
Je ne vois pas ce qui vous permet d’affirmer qu’il reste des défauts à corriger ?
Dan a commenté :
26 novembre 2020 - 3 h 52 min
Vous n’y connaissez rien en aéronautique, ce qui a été mal foutu c’est son système de sauvegarde comme vous dîtes et la redondance, n’importe quel gros porteur avec un trim qui fait n’importe quoi se casserait la figure, ça n’est pas qu’une question “d’équilibre naturel” sur la planche à dessin, vous pensez qu’un Rafale ou la navette spatiale peut voler “équilibré” avec ses calculateurs en vrac !?
Greg6 a commenté :
26 novembre 2020 - 6 h 53 min
@Dan
On peut laisser les chasseurs comme le rafale de côté dans cette histoire.
Le rafale, ou le mirage 2000 déjà en son temps, sont naturellement instables. Ils sont conçus comme tel afin de leur conférer la plus grande manœuvrabilité possible.
On ne peut comparer un liner civil, peu importe le modèle, avec un avion de chasse ou une navette. Les missions n’ont rien à voir.
Bencello a commenté :
26 novembre 2020 - 8 h 41 min
Certes la comparaison avec des chasseurs n’est pas forcément pertinente.
Il n’en reste pas moins que cette notion d’ “équilibre naturel” (qui reste à définir, si elle existe) revient souvent, alors que l’on sait aujourd’hui que le MCAS avait pour fonction de recréer la dureté du 737NG dans le manche des PNT pour minimiser les coûts de transition d’un appareil à l’autre.
Le 737NG est-il plus “équilibré”, l’A320Neo l’est-il…. ?
atplhkt a commenté :
26 novembre 2020 - 9 h 44 min
@ BENCELLO
Pour le MCAS ce n’est pas exactement ce que vous écrivez :
https://theaircurrent.com/aviation-safety/what-is-the-boeing-737-max-maneuvering-characteristics-augmentation-system-mcas-jt610/
atplhkt a commenté :
26 novembre 2020 - 9 h 47 min
Sur le M.C.A.S (ce qu’il était et ce qui est modifié) :
https://theaircurrent.com/aviation-safety/what-is-the-boeing-737-max-maneuvering-characteristics-augmentation-system-mcas-jt610/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maneuvering_Characteristics_Augmentation_System
http://www.b737.org.uk/mcas.htm
Site BOEING
https://www.boeing.com/commercial/737max/737-max-software-updates.page