Le feu vert attendu de la FAA à la reprise des vols en Boeing 737 MAX, l’a pas été suivi immédiatement par les régulateurs du reste du monde, l’EASA européenne, Transport Canada, le Brésil et la Chine en particulier restant en position d’attente.
Annoncée le 18 novembre 2020, la levée de l’interdiction de vol aux Etats-Unis des monocouloirs remotorisés devrait être suivie par les homologues de l’Administration fédérale américaine de l’aviation dans le reste du monde – dans un délai plus ou moins long. L’administrateur de la FAA Steve Dickson a insisté hier sur le fait que « très peu de lumière du jour » est visible entre sa décision et celles des régulateurs « d’Europe, du Canada et du Brésil ». D’ici début décembre, la FAA a d’ailleurs prévu cinq « séances de sensibilisation sur le MAX » afin de partager son analyse avec les régulateurs du reste du monde. Travaillant « en étroite collaboration avec ces autorités mondiales de la sécurité aérienne », il s’attend à ce qu’elles soient « en mesure de rendre leurs décisions de validation probablement en quelques jours », a-t-il ajouté. Quand leur immobilisation au sol a été ordonnée il y a 20 mois, suite à deux accidents ayant fait 346 victimes chez les compagnies aériennes Lion Air puis Ethiopian Airlines, 371 Boeing 737 MAX 8 et MAX 9 étaient en service dans le monde, dont 72 seulement aux Etats-Unis (les seuls concernés pour l’instant par le feu vert de la FAA).
Pas de réaction immédiate en tout cas de l’EASA (Agence européenne de la sécurité aérienne, AESA), qui dès la fin septembre avait par la voix de son directeur Patrick Ky laissé entendre que les MAX modifiés pourraient également être certifiés en novembre, et rentrer en service avant la fin de l’année sur le Vieux Continent. Le mois dernier, il déclarait que le 737 MAX « est sûr, et le niveau de sécurité atteint est suffisamment élevé pour nous ». Mais il précisait aussi que la présence d’un « capteur synthétique pour ajouter de la redondance » restait une exigence du régulateur européen : ce capteur sera indispensable pour que le MAX 10 puisse être certifié (en 2022), et les versions MAX 7, 8 et 9 en bénéficieront également. « Nous avons discuté avec Boeing du fait qu’avec le troisième capteur, nous pourrions atteindre des niveaux de sécurité encore plus élevés », expliquait-il alors.
Un porte-parole de l’EASA a cependant rappelé dans Aerotime le calendrier de l’agence présenté en octobre par Patrick Ky : le projet de consigne de navigabilité (CN) doit toujours être présenté ce mois-ci, suivi par quatre semaines de consultation publique ; les commentaires seront étudiés, avant la publication d’une AD permettant au MAX de redécoller sur le Vieux continent. « Vers la fin de 2020 ou le début de 2021 », a précisé le porte-parole.
Au Canada, le ministre des Transports Marc Garneau a indiqué dans un communiqué que les experts de Transports Canada « poursuivent leur processus de validation indépendant afin de déterminer s’il convient d’approuver les modifications proposées pour l’aéronef. Nous nous attendons à ce que ce processus se termine très bientôt ». Lui aussi a précisé qu’il y aura « des différences entre ce que la FAA a approuvé aujourd’hui et ce que le Canada exigera de ses exploitants. Ces différences comprendront des procédures supplémentaires pour le poste de pilotage et avant le vol, ainsi que des distinctions dans la formation ». L’interdiction de vol des 737 MAX reste donc maintenue « pour l’instant ».
Au Brésil, le régulateur ANAC (Agence nationale de l’aviation civile) dit « reconnaitre » le travail effectué par la FAA, mais « travaille toujours sur les derniers ajustements de son propre processus de recertification », qui sont désormais lancés. Ce processus « est un exemple de coopération mondiale », poursuit son président Rafael Botelho, une vingtaine de représentants de l’ANAC ayant « travaillé en étroite collaboration avec la FAA et d’autres entités comme l’AESA et Transports Canada ». « Peu de pays ont l’expérience de recertifier un système aussi complexe. Nous veillons à ce que toutes les conditions soient remplies pour le retour en toute sécurité de cet avion au Brésil », a-t-il déclaré.
A liberação para retorno das operações das aeronaves modelo Boeing 737 MAX no Brasil ainda depende do término dos trabalhos realizados pela Agência quanto ao processo de validação das modificações do projeto pela FAA e Boeing. #737MAX #737MAXungrounded https://t.co/e8p0ruS8I6
— ANAC (@oficial_Anac) November 18, 2020
En Inde, la Direction générale de l’aviation civile (DGCA) avait déjà annoncé que même si la FAA certifiait le 737 MAX, elle mènera « sa propre diligence raisonnable » avant d’autoriser les avions à redécoller dans le sous-continent.
Enfin et surtout en Chine, premier marché extérieur des monocouloirs de Boeing, le média officiel Global Times a publié ce jeudi un communiqué du régulateur CAAC expliquant qu’il n’y a « toujours pas de calendrier pour la remise en service du 737 MAX, et qu’il n’envisagera pas d’approuver l’avion tant qu’il n’y aura pas de résultat clair de l’enquête sur les deux accidents tragiques associés à l’avion ». L’Administration de l’aviation civile de Chine a précisé qu’en outre le MAX devra gagner un nouveau certificat de navigabilité local, et que les pilotes devront être « bien formés ». « Nous avons une tolérance zéro pour tout danger pour la sécurité », a déclaré Feng Zhenglin, directeur de la CAAC (qui avait été le premier régulateur à interdire de vol le monocouloir remotorisé ». Si le 737 MAX « répond aux trois exigences, nous sommes heureux de le revoir en service », a-t-il ajouté. Ce feu vert ne devrait cependant intervenir qu’une fois les relations politiques sino-américaines seront apaisées…
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