La compagnie aérienne low cost Norwegian Air Shuttle a révélé mardi une perte trimestrielle de 91,5 millions d’euros et n’avoir plus que 318 millions d’euros de trésorerie, alors que le gouvernement norvégien avait refusé la veille de lui fournir une aide publique supplémentaire. Elle a mis en chômage temporaire 1600 employés supplémentaires, réduit son offre hivernale à 12 liaisons – et évoque désormais un avenir très incertain.

Frappée comme tout le secteur par la pandémie de Covid-19, la spécialiste norvégienne du vol pas cher a dévoilé ce 10 novembre l’ampleur de l’impact : elle a enregistré selon son rapport intérimaire au troisième trimestre une perte nette de 980 millions NOK (91,5 millions d’euros), s’ajoutant à celle du premier semestre atteignant 515 millions d’euros. Environ un million de passagers ont pris place à bord de ses Boeing, une baisse de 91% par rapport à la même période l’année dernière mais un peu plus que durant le trimestre précédent. Et sa trésorerie a fondu de 500 millions de couronnes par mois au cours du trimestre, ne lui en laissant que 3,4 milliards – 318 millions d’euros, de quoi tenir environ 6 mois sans nouvelle injection d’argent (par exemple les compensations de Boeing sur le retard de livraison des 737 MAX, même si elle avait annulé toutes les commandes en cours dès la fin juin, ou une réinjection de capital de la part des sociétés de leasing qui sont désormais ses actionnaires).

Le CEO de Norwegian Jacob Schram a expliqué que ces résultats « montrent clairement que les effets de la pandémie mondiale de Covid-19 continuent d’avoir un fort impact sur nos opérations et notre situation financière. Les changements dans les avis aux voyageurs du gouvernement et les nouvelles restrictions, à la suite d’une deuxième vague d’infections constatée dans de nombreux pays, ont encore contribué à une diminution de la confiance des clients car certaines routes redeviennent non viables, ce qui nous conduit à adapter rapidement notre réseau ».

Cette crise « est loin d’être terminée et, alors que nous entrons dans la saison d’hiver traditionnellement plus difficile d’un point de vue commercial, il est essentiel que l’industrie aéronautique norvégienne reçoive un soutien supplémentaire si nous voulons survivre », déclarait hier le dirigeant de Norwegian après le refus d’Oslo de lui fournir une nouvelle aide publique (qui fait suite à celui de la Suède en aout). Après avoir déjà accordé à la low cost des garanties à hauteur de 3 milliards de couronnes au printemps, le gouvernement a considéré qu’une nouvelle assistance serait « trop risquée et potentiellement anticoncurrentielle ». Jacob Schram disait hier ne « rien exclure » quand on l’interrogeait sur la possibilité de faillite.

L’impact sur l’emploi de ce refus a été immédiat : alors qu’elle comptait environ 10.000 salariés fin 2019, Norwegian n’en aura plus que 600 dans les mois à venir. Quelque 1600 employés supplémentaires en Norvège vont être placés sous le régime de réglementation temporaire d’emploi (ERTE), a-t-elle annoncé lundi. « C’est un triste jour pour tout le monde chez Norwegian, et je m’excuse sincèrement auprès de tous nos collègues qui seront désormais touchés, mais nous n’avons pas le choix », a déclaré le CEO.

Le réseau de la low cost va de son côté quasiment disparaître cet hiver, étant réduit à 12 routes domestiques, onze au départ de l’aéroport d’Oslo-Gardemoen (vers Alta, Bergen, Bodø, Evenes, Haugesund, Kirkenes, Molde, Stavanger, Tromsø, Trondheim et Ålesund) et celle entre Tromsø et Longyearbyen. La flotte opérée passera elle de 21 à 6 Boeing 737-800. Rappelons qu’en juin dernier, Norwegian avait annulé une commande de 97 Boeing d’un montant théorique de 5,5 milliards de dollars. Cela concernait les 92 737 MAX 8 encore attendus (18 ont déjà livrés à trois filiales), ainsi que les cinq derniers 787-9 Dreamliner commandés (29 en service plus huit 787-8).

Norwegian : caisses presque vides, réseau et avenir « très incertain » 2 Air Journal

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