L’aéroport de Berlin-Tegel a officiellement fermé ses portes aux vols commerciaux dimanche, la compagnie aérienne Air France étant la dernière à y décoller – 60 ans après avoir été la première à s’y poser.
Comme prévu, Air France a opéré le 8 nombre 2020 au départ de l’aéroport TXL « Otto Lilienthal » le dernier vol commercial AF1235, l’Airbus A320-200 F-GKXP avec Christophe Ruch aux commandes décollant à 15h00 en direction de Paris-CDG après des cérémonies incluant un salut des camions de pompiers et un ballet d’hélicoptères de la police allemande. Ce sont au total 31 compagnies aériennes qui ont quitté ce weekend Tegel pour le nouvel aéroport Brandebourg-Willy Brandt (BER), y compris Brussels Airways, SWISS ou British Airways entre autres.
Le directeur Allemagne d’Air France-KLM Stefan Gumuseli a déclaré dans un communiqué : « nous sommes très heureux d’avoir l’honneur d’être la dernière compagnie aérienne à quitter aujourd’hui l’aéroport de Berlin Tegel avec le vol AF1235 à destination de Paris Charles de Gaulle. Nous y sommes étroitement associés depuis 60 ans et disons «#DankeTXL»! Après avoir déplacé nos services vers le nouvel aéroport BER, notre séjour à Tegel a pris fin, mais l’histoire d’Air France à Berlin se poursuit … ». Le vol AF1434, initialement prévu pour être le premier à BER, a été annulé hier, remplacé par le AF1834 en fin d’après-midi (suivi par un autre arrivé peu après 22h00).
Engelbert Lütke Daldrup, PDG du gestionnaire des aéroports berlinois Flughafen Berlin Brandenburg (FBB), a ajouté : « le 8 novembre 2020 marque la fin d’un chapitre très spécial de l’histoire des transports dans la région de la capitale allemande. Tegel a tout vu, des débuts de l’aviation aux voyages aériens de masse. Cela a été rendu possible par les employés de la compagnie aéroportuaire et ses partenaires à l’aéroport, qui ont réalisé des choses extraordinaires et ont rendu l’aéroport inoubliable. Pendant des décennies, cette icône architecturale a été la porte d’entrée sur le monde pour les Berlinois. C’est pourquoi il n’aurait pas pu y avoir d’adieu plus approprié pour Tegel qu’un vol Air France ».
Suite au dernier départ et à la fin des opérations à Tegel, la zone a été symboliquement remise à la ville. Conformément à la décision de zonage de l’aéroport de Berlin-Brandebourg, TXL sera maintenu en état de fonctionnement pendant six mois supplémentaires à compter de la date de mise en service complète du BER ; pendant cette période cependant, aucun autre vol n’aura lieu à Tegel. Ensuite, l’ancien site aéroportuaire commencera à être réaménagé en un nouveau quartier urbain : le 5 mai 2021, l’obligation d’exploitation expirera et TXL ne sera techniquement plus un aéroport.
Un aéroport avec une longue histoire
L’histoire de l’aviation à Tegel remonte à longtemps, rappelle FBB: les premiers essais de dirigeables y ont été effectués dès 1896. Au cours du blocus de Berlin, l’aéroport situé dans l’ancienne zone d’occupation française a été agrandi à une vitesse record en 1948 pour soutenir le pont aérien américain. À 2428 mètres, la piste nouvellement construite était la plus longue d’Europe à l’époque.
Jusqu’en 1990, seules les compagnies aériennes des puissances occupantes des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France étaient autorisées à atterrir à Tegel conformément aux dispositions de l’Accord des quatre puissances sur Berlin. Au total, environ 6,5 millions de décollages et d’atterrissages ont eu lieu entre 1948 et 2020.
Le bâtiment historique de l’aéroport hexagonal, plus tard connu sous le nom de Terminal A, a été ouvert en 1974 avec une capacité initiale d’environ 6 millions de passagers. Le terminal C a été ajouté en 2007. À partir des années 2000 en particulier, l’aéroport de Tegel a enregistré un nombre de passagers en constante augmentation, avec environ 24,24 millions de passagers traités pour la dernière fois en 2019. En juin 2019, le nombre de passagers quotidiens a culminé à plus de 90.000. À peine quelques mois plus tard, en avril 2020, la crise mondiale du trafic aérien a vu ce chiffre tomber temporairement à aussi peu que 250 passagers par jour.
https://twitter.com/breakingavnews/status/1325493064367022085
Au revoir Tegel et merci. #DankeTXL pic.twitter.com/aD7xGzPmny
— Maxime Patula (@MaxPatula) November 8, 2020
That's a wrap. That is it. The final and last flight has just departed #TXL #DankeTXL #AvGeek #Planespotting pic.twitter.com/g6JH9wIf7A
— RobertLN (@RobertLN_) November 8, 2020
Very last flight ever from @berlinairport #Tegel @AirFrance AF1235 to CDG now boarding #avgeek pic.twitter.com/0Oy7ezaa18
— Andreas Spaeth (@SpaethFlies) November 8, 2020
Bye, bye, Tegel Airport, your airport family and Berlin say #DankeTXL for the last decades! "A small light for the world – a big light for Berlin." With the last radio message, the lights at the tower and terminals now go out. See you at #BER! pic.twitter.com/gOcSbgn1Ty
— BER – Berlin Brandenburg Airport (@berlinairport) November 8, 2020
This is the last time you're going to see a flight on the departure board at Tegel Airport. #DankeTXL #AF1235 pic.twitter.com/T7z7dSRRqj
— Jakob Wert (@SpieleWERT) November 8, 2020
GVA1112 a commenté :
9 novembre 2020 - 7 h 32 min
Beaux gestes (un Water Salute pour tous les derniers vols de chaque compagnie yc de nuit :-)) pour tourner cette page historique …
Qu’AF soit à l’honneur comme il y a 60 ans est un joli clin d’œil à l’amitié franco-allemande.
Weel done !!
1980 a commenté :
9 novembre 2020 - 9 h 50 min
Avril 1980: première rotation d’un tout jeune steward affecté sur moyen-courrier : Paris-Milan-Paris-Dudsseldorf-Berlin et découcher à Berlin: arrivée vers 15H00 et 24H à Berlin avant rotation retour identique à l’envers le lendemain.
N’étant alors pas encore ” qualifié sécu” sur B727, je n’avais pas de poste décollage/atterrissage imposé fixe et j’ai pu faire au poste de pilotage toute l’approche + atterrissage à Berlin, assis juste derrière le CDB, casque radio sur l’ oreille: en tant que jeune ex- contrôleur aérien militaire à Strasbourg, cela m’intéressait beaucoup, d’autant que j’ avais à TXL deux anciens collègues qui y avaient étés mutés à leurs demandes ( la tour de contrôle – approche finale seulement + atterrissage + opérations roulage sol et bureau de piste- étaient encore activée par des personnels français mi-civils mi-militaires, Armée de l’Air, selon les postes occupés: TXL étant en Zone d’Occupation Française)
Le MUR: ville ceinturée vue d’en haut: le plus impressionnant vu de là pour moi fut le no-man-land bourré de barbelés qui s’étendait cote EST depuis le mur sur quelques dizaine de mètres: une vraie impression globale de prison géante…puis le fait d’aller virer au loin pour atteindre la ” porte GCA” et être aligné sur l’axe de piste: l’espace utilisé pour cette manoeuvre normale conduisait à survoler Berlin Est puis virer, puis revenir vers TXL, aligné sur l’axe: immensité des barres d’immeubles des cités banlieusardes est-allemandes,…et des rues quasi-vides de toute voiture!
J’appris à cette occasion du CDB que le morceau d’espace aérien au dessus de Berlin-Est qui servait aux manoeuvres pour att/dec de TXL, mais aussi de Tempelhof encore en activité, ne faisait que 32KM de diamètre, sans possibilité d’en sortir et ne permettrait pas des croisements d’appareils, par ailleurs interdits par les soviétiques depuis 1945, 32km était aussi la largeur des couloirs aériens qui reliaient Berlin à la RFA, et là- aussi, les appareils avaient obligation de rester à la queue-leu-leu sans pouvoir se doubler ni latéralement, ni par l’attitude ( plafond des couloirs: 10.000 pieds): les Soviétiques avaient peurs qu’en jouant sur la proximité de deux appareils les échos radar se confondent , permettant une intrusion illégale ou une surveillance militaire illégale du territoire est-allemand.. C’étaient des militaires américains basés dans une salle noire dans Tempelhof – salle visitable aujourd’hui- qui géraient les évolutions aériennes dans cet espace sua dessus de Berlin-)Est jusqu’à l’arrivée des avions sur la ligne d’approche finale: ils étaient alors transférés contrôle local d’aérodrome.
Vue l’exiguïté de l’espace aérien dévolu, le CDB me dit alors qu’en cas de soucis quelconque ne relevant pas de l’urgence ( si oui: déclaration radio obligatoire de Mayday et/ou PanPan ), style ennui météo ou de mauvaise régulation aérienne, ou piste non libérée pour l’attente suivant, il n’y avait aucun espace d’attente ou de possibilité de remise des gaz et retour dans le circuit pour nouvelle approche et que donc, la seule solution était de repartir sur Dusseldorf sans se poser…
En escale, bien sur, d’abord et avant tout, ce fut d’aller pointer son nez vers Check Point Charly: mais impossible de s’en approcher de trop près: c’est que c’était un point de passage ” actif” et hyper surveillé et équipé en tout: ma mémoire retient les deux chars américains stationnés là en permanence, face et cannons dirigés vers l’autre coté! Et les chevaux de frise + barbelés partout. Curieusement, je retiens aussi un silence certain en ce lieu: pas d’interpellation, pas de “vraie vie”, pas d’embouteillage, pas de gosses jouant autour…
Puis ce fut le Tiertgarten a ( immense parc au centre ville) Ave, au bout une vue sur la Porte de Brandebourg et son carrousel à 4 chevaux au dessus: enfin, plutôt une vue tronquée: la partie basse du monument et l’avenue Unter den Linden étaient invisibles car derrière le mur qui contournait le monument ( qui était en zone est)…et ensuite, de loin toujours, par dessus le Mur, le Reichtag et sa toiture brulée , restée quasiment en l’état depuis 1934…
Le lendemain , l’un de mes anciens collègues est venu me chercher à l’hôtel et m’a conduit à l’aéroport bien avant l’heure de ramassage de l’équipage que, avec accord du CDB, je rejoindrai directement sur place: j’ai pu ainsi visiter l’ensemble tout de contrôle-approche de TXL et rester à la vigie quelles temps: pas beaucoup de trafic alors car seuls AF,BA et Pan AM y étaient autorisées : En 1980, AF venait en B727 , BA en BAC1-11 ou HS Trident et Pan AM en B737-200.
Les vols de ces trois compagnies devaient uniquement relier Berlin à la RFA en non-stop, et nul part ailleurs: c’est pourquoi AF, par exemple faisait escale à Dusseldorf avant de relier CDG.
Voilà: c’était ma séquence souvenir-souvenir( un brin nostalgique, mais c’était l’époque de ma jeunesse… que voulez-vous!) et informative pour ceux qui ne savent plus comment c’était…
Merci de m’avoir lu.
Désolé: une petite erreur: a commenté :
9 novembre 2020 - 9 h 54 min
L’espace dévolu au dessus de Berlin-Est faisait 32km de RAYON, soit 64 de diamètre…
Justin Fair a commenté :
9 novembre 2020 - 12 h 58 min
Merci pour ce témoignage.
GVA1112 a commenté :
9 novembre 2020 - 13 h 13 min
Merci pour ces infos, un vrai témoignage de
cette époque que les plus jeunes ne connaissent pas !!
scijl75 a commenté :
9 novembre 2020 - 13 h 29 min
Et c’était le fameux DUS-BER qui figurait (écrit a la main) sur les plannings ficelles !!!
Aussi célèbre que le W/NCE-LON ou le W/MRS-ALG en A300 !
Nostalgie….
Emery Stephan a commenté :
9 novembre 2020 - 22 h 38 min
Bonjour 1980, merci pour ce récit, je connais cette histoire car j’y suis né et j’ai passé toute ma jeunesse à Berlin. Depuis mon collège on pouvait voir atterrir (en 1961)les Super Constellation et plus tard les Caravelles,je notais chaque atterrissages!Bien plus de 10ans après je suis allé accueillir une Française, arrivée par Caravelle, et qui est devenue mon épouse.On s’était connu peu de temps avant….à Berlin! TXL-moderne n’existait pas encore, c’était encore le “baraquement”, un autre charme.Voilà la petite histoire:en bref, TXL, quel aéroport à tous points de vue, pour avoir fonctionné bis zur letzten Minute.
comet4 a commenté :
9 novembre 2020 - 12 h 52 min
Il y a dans cet évènement de 2020 toujours un lien avec la seconde guerre mondiale , je m’explique : la fin de la guerre a entrainé le partage de l’Allemagne et de Berlin en 4 zones alliées , la France voulait son aéroport dans son secteur de Berlin et donc Tegel fut construit puis naturellemnt Air France a préféré desservir Tegel en secteur français que Tempelhof en secteur US et devint donc la première compagnie a desservir TXL (14 ans avant les autres compagnies) , 60 ans et 11 mois plus tard pour commemorer cette ouverture historique Air France a eu l’honneur de pouvoir mettre un point final à l’histoire de cet aéroport de l’ancien secteur français de Berlin.
AIRADDICT a commenté :
9 novembre 2020 - 16 h 31 min
Un grand merci 1980 pour cette anecdote et ce beau souvenir.