Airbus compte investir plus de 60 millions d’euros à Saint-Nazaire pour assembler la pointe avant de son A321neo XLR, dont il espère accélérer la production. La compagnie aérienne JetBlue Airways a reporté les livraisons de six A321LR attendus à partir de l’année prochaine, tandis que le patron d’airBaltic est devenu le premier CEO de compagnie aérienne certifié sur A220 – seul appareil désormais dans sa flotte.
L’Airbus A321XLR, lancé au Salon du Bourget l’année dernière, commandé à plus de 450 exemplaires et dont la production a débuté pour une première livraison en 2023, va recevoir un nouveau coup de pouce : Airbus va investir dans l’usine de Saint-Nazaire Gron, qui va recevoir plus de 60 millions d’euros pour installer une ligne de production de la pointe avant du monocouloir à très long rayon d’action. L’usine produit déjà les caissons centraux de tous les modèles Airbus (y compris le XLR), et quatre lignes y sont dédiés à la famille A320. Le début des travaux est prévu en juin 2021 pour une ouverture en juillet 2022, selon l’information confirmée par la direction.
« A Saint-Nazaire, les lignes actuelles sont désormais obsolètes et l’on a du mal à mettre de la robotique en place », a déclaré dans Les Echos Vincent Le Claive de la CFE-CGC, selon qui le nouvel équipement industriel « montre que la direction croit en un rebond de la filière et que, pour cela, un certain nombre d’investissements doivent être engagés sans attendre ».
Rappelons que l’assemblage final de tous les monocouloirs remotorisés d’Airbus prend place à Toulouse en France, Hambourg en Allemagne, Tianjin en Chine et Mobile en Alabama. Les A321neo sortent des installations allemandes de Finkenwerder, mais l’avionneur avait annoncé en début d’année l’ouverture d’ici 2022 d’une nouvelle FAL à Toulouse pour le plus grand de ses monocouloirs ; un projet suspendu pour cause de pandémie de Covid-19. « Nous bénéficions d’une demande sans précédent pour notre famille A320neo et en particulier pour ses dérivés A321 Long Range (LR) et Xtra Long Range (XLR) », déclarait alors Michael Schoellhorn, directeur des opérations d’Airbus.
L’A321XLR fournira aux compagnies aériennes une autonomie allant jusqu’à 4700 nm, et une consommation de carburant « inférieure de 30% par siège par rapport aux avions concurrents de la génération précédente ». A la fin septembre, les A321neo tous modèles confondus avaient accumulé 6450 commandes (387 livrés), contre 1791 pour les A321ceo (dont 1760 livrés).
Six A321LR ont fait l’objet d’un accord entre Airbus et la compagnie américaine JetBlue Airways pour un report de livraison à « un point dans le futur ». Trois des 13 appareils commandés doivent être livrés l’année prochaine et trois autres en 2022, au lieu de 5 et 7 précédemment annoncés. Ce nouveau report « a permis d’atteindre une réduction des dépenses de capitaux de 2 milliards USD au cours de ces deux années. Il s’agit uniquement de report de avion », a déclaré aux analystes Steve Priest, directeur financier.
JetBlue a également commandé 13 A321XLR, en plus de 59 A321neo dont douze ont été livrés. Rappelons qu’en janvier 2019, la compagnie aérienne avait déjà modifié le calendrier de livraisons de ces 70 Airbus A220-300 : un seul est attendu cette année. « Nous sommes impatients d’intégrer à la fois l’A321LR et l’A220 à la flotte JetBlue, pour aider à exécuter notre stratégie de réseau et à reconstruire nos marges, grâce à leur économie exceptionnelle », a déclaré Priest cité dans ch-aviation.
#A321neo @JetBlue N2039J and a new plane in the fleet delivery flight today from Airbus Hamburg flight no JBU6993
— Tobi (@Tobias_Gudat) February 29, 2020
have a nice trip home pic.twitter.com/Wwd1iJvkvh
On retiendra en fin l’annonce d’airBaltic, basée à l’aéroport de Riga et dont la flotte comprend 23 des 27 A220-300 commandés : le PDG Martin Gauss a « terminé avec succès » sa formation à la qualification de type A220, ce qui lui a permis d’exercer les fonctions de commandant de bord sur l’avion « et de devenir le premier CEO de compagnie aérienne au monde à avoir effectué une qualification de type sur l’Airbus A220 ».
Martin Gauss, qui a commencé sa carrière professionnelle en tant que pilote de Boeing 737 en 1992, a conservé sa licence de pilote professionnel tout au long de sa carrière. La formation à la qualification de type a été dispensée au centre de formation airBaltic à Riga en Lettonie, et s’est officiellement achevée cette année le 1er octobre.
Depuis mai 2020, airBaltic opère tous ses vols uniquement sur A220-300, « minimisant ainsi la complexité et bénéficiant de l’efficacité supplémentaire fournie par l’avion ».
We are very proud of our CEO @Gaussm who has successfully completed his training course, becoming the first airline CEO in the world to have performed type rating on the @Airbus A220. pic.twitter.com/GI1KHVD2yq
— airBaltic (@airBaltic) November 4, 2020
Franck a commenté :
5 novembre 2020 - 14 h 13 min
Erreur sur le photo de l’avion de Jetblue, c’est un avion de Airblue (compagie pakistanaise) .
Pioneer300 a commenté :
5 novembre 2020 - 18 h 45 min
Accélérer la fabrication d un avion alors que les commandes sont toutes reportées voir annulées me semble parfaitement inutile
Les avionneurs vont être contraints à des licenciements massifs et personne ne peut dire si elles pourront un jour redémarrer
Une mise en sommeil de cet appareil productif me paraît être la meilleure solution
inukshuk a commenté :
6 novembre 2020 - 9 h 21 min
Pas certain que l’arrêt de production soit la meilleure solution. Ralentissement oui, arrêt non. D’abord parce que cela maintien l’emploi et donc le savoir-faire, et par ailleurs Boeing a des centaines d’avions invendus immédiatement disponibles sur le marché lorsque la reprise arrivera. Et c’est là qu’Airbus ne peut pas se permettre de se laisser distancer.
Par ailleurs si des suppressions d’emploi semblent inévitables dans cette industrie, le mieux pour Airbus serait de fermer toutes les installations en GB qui a quitté l’Europe et rapatrier cette production en France ou Allemagne afin d’y maintenir l’emploi. Au moins nos “amis” britanniques pourraient-ils apprécier ce que quitter l’Europe veut dire…
Bencello a commenté :
6 novembre 2020 - 11 h 04 min
Sauf que l’appareil sera livré en 2023, et que son positionnement est reconnu.
Ce n’est pas parce que le secteur est affecté que TOUS les appareils seront impactés de la même façon.
L’A321XLR correspond aux demandes du marché: des modules modestes avec un long rayon d’action.
Son avenir est comparativement plus prometteur que les A330 et autres A350, c’est en tout cas ce que prévoient les dirigeants d’Airbus.
Par ailleurs, cet appareil n’a aujourd’hui pas d’équivalent chez Boeing, Airbus se doit de pousser son avantage, en occupant le terrain pour engranger des commandes et compliquer le lancement du NMA chez Boeing.
Il convient également de relativiser la taille de l’investissement. 60 Millions d’euros, à l’échelle des coûts de développement des appareils, reste quelque chose de modeste, et peu risqué.
Autrement dit le rapport coût-bénéfice est largement positif, même en ces temps tourmentés