Le constructeur japonais Mitsubishi Aircraft Corporation (MITAC) a annoncé la suspension sine die du développement de son futur SpaceJet, dont l’entrée en service avait déjà été reportée à l’année prochaine.
Officiellement confirmé le 30 octobre 2020 par l’avionneur, le développement du premier avion japonais depuis plus de 40 ans est l’objet d’une « pause » : lors d’une conférence de presse, le groupe Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a confirmé la rumeur d’un « gel durable » du développement de l’appareil de 76 à 88 places censé concurrencer les Embraer en particulier. Face à l’impact de la pandémie de Covid-19, « nous n’avons pas d’autre choix que de suspendre temporairement la majorité de nos activités liées au Spacejet », a expliqué le groupe qui va « examiner où nous en sommes, faire des améliorations et étudier un possible redémarrage » du projet – en se basant sur des prévisions de reprise à l’horizon 2024-2025. MHI insiste toutefois qu’il continuera à travailler pour obtenir un certificat de type.
L’ex MRJ90 initialement attendu en 2013, renommé SpaceJet M90 l’an dernier, aurait dû entrer en service vers le milieu de cette année chez la compagnie aérienne de lancement ANA (All Nippon Airways), déjà après plusieurs retards. Le biréacteur de 90 sièges avait effectué son vol inaugural en novembre 2015, les équipes s’étant installées à Moses Lake dans l’Etat de Washington pour mener à bien la campagne de certification (Boeing avait signé un accord portant sur le développement, le marketing et le service après-vente).
Premier avion de ligne construit au Japon depuis plus de 40 ans, le SpaceJet est équipé de moteurs Pratt&Whitney PurePower PW1000G Turbofan, Zodiac ayant été choisi pour les cabines et Rockwell Collins pour l’avionique. Outre le M90 prévu pour 88 passagers en une classe, MITAC a annoncé en juin dernier le lancement d’un M100 de 76 sièges (visant spécifiquement la scope clause américaine).
Rappelons que l’année dernière, Mitsubishi avait racheté le programme CRJ de Bombardier pour 550 millions de dollars (et épongé 200 millions de dettes), annonçant dans la foulée l’arrêt du développement. Le constructeur japonais s’était ainsi débarrassé d’un concurrent, et avait gagné des activités de maintenance, de soutien, de remise à niveau, de marketing et de vente dédiées au CRJ – y compris les activités du réseau de service et de soutien situées à Montréal au Québec, à Toronto en Ontario, à Bridgeport en Virginie-Occidentale et à Tucson en Arizona, ainsi que les certificats de type.
En 2019, le directeur du développement de MITAC Alex Bellamy expliquait que « le marché régional est attrayant et recèle un potentiel de croissance inexploité. Des millions de personnes dans le monde comptent sur les transports aériens régionaux pour se rendre à destination. Il n’y a aucune raison pour que leur expérience en tant que passagers ne soit ni aussi bonne ni meilleure que sur un vol de ligne principale. La famille SpaceJet constitue le chaînon manquant d’une expérience totale, destinée à la prochaine génération de voyageurs, tout en offrant un niveau de valeur supérieur à un segment de marché négligé et sous-évalué ».
A330 a commenté :
2 novembre 2020 - 10 h 50 min
Il peuve le mètre au congélateur .
FL350 a commenté :
2 novembre 2020 - 16 h 37 min
Ca ne va pas rentrer !
GVA1112 a commenté :
2 novembre 2020 - 11 h 37 min
.. un avion mort né !! Vraiment dommage pour les japonnais qui voyait cette renaissance de leur industrie aéronautique comme une nouvelle ère.
Cela aurait fait une belle concurrence, mais offre une chance de survie aux Brésiliens.
En général, cette époque n’est pas propice au développement de nouveaux avions.
Quid de Boeing et de son B797 !! Ce n’est que partie remise .. je l’attends avec impatience !!
bencello a commenté :
2 novembre 2020 - 12 h 52 min
Et le C929 ou ça flingue entre chinois et russes, sur la répartition des tâches.
Les sommes stratosphériques mises en jeu, les défis technologiques et réglementaires et politiques, nous rappellent tout les jours que la conception d’appareils, même “classiques” reste un numéro d’équilibriste.
De quoi admirer d’autant plus les fabricants actuels qui, bon an mal an, en héritier des pionniers, continuent à produire, vendre, maintenir et améliorer leurs produits.
Le duopole Airbus-Boeing existe aussi parce que les barrières à l’entrée ( et au maintien) sont considérables…
Greg6 a commenté :
2 novembre 2020 - 17 h 19 min
On s’achemine doucement vers un quasi-monopole d’Embraer sur les jets régionaux de 100 places et moins.
Les Russes prendront le ssj, les Chinois l’arj, pour acheter national. Les autres marchés seront pour les e-jets.
Forza a commenté :
3 novembre 2020 - 17 h 05 min
Tant mieux !
Que nos amis Japonais toujours champion en matière d’innovation penchent plutôt sur l’avion de demain, propre, silencieux et durable. Ils en sont capables !
Délire a commenté :
3 novembre 2020 - 20 h 49 min
Oui ils vont développer un avion magique qui n’existera pas avant le prochain siècle alors qu’ils n’arrivent pas à finaliser le programme SpaceJet
Merci pour cette blague
Martin a commenté :
3 novembre 2020 - 20 h 13 min
Si ça continue comme ça, Mitsubishi va réussir l’exploit d’avoir un avion obsolète avant ça première livraison!