La compagnie aérienne Lufthansa a trouvé un accord avec le syndicat de pilotes VC bloquant les licenciements jusqu’en mars prochain, tandis que la low cost Jet2 annonçait à BALPA le prochain départ de 102 des siens. Les PNT de Royal Air Maroc proposent de réduire leurs revenus à hauteur de l’argent qu’elle économiserait en licenciant 140 salariés.

En Allemagne où ses PNC ont déjà approuvé une baisse de salaire en échange du maintien de l’emploi, mais où les négociations sont dans l’impasse avec le personnel au sol, Lufthansa a annoncé le 19 aout 2020 avoir trouvé un « accord de court terme » avec Vereinigung Cockpit (VC), concernant les pilotes de Lufthansa, Lufthansa Cargo, Lufthansa Aviation Training « et certains des pilotes de Germanwings ». Prenant effet immédiatement, cet accord comprend des mesures de réduction des coûts qui s’appliqueront jusqu’à la fin de l’année : les paiements complémentaires pour les indemnités de chômage partiel et les cotisations patronales au régime de retraite seront réduits à partir de septembre, tandis que les augmentations salariales collectives négociées pour 2020 seront reportées à janvier prochain.

En échange, la compagnie nationale allemande « s’abstiendra » de procéder à des licenciements » en raison de l’impact de la pandémie de Covid-19 pour ces mêmes pilotes, et ce jusqu’au 31 mars 2021. Cependant, la surcapacité importante des pilotes durera bien au-delà cette date, souligne Lufthansa dans son communiqué, et le nombre des licenciements pour raisons opérationnelles « ne peut donc être limités que par la conclusion d’un accord de crise à long terme » : dans ce cas, les coûts du sureffectif de PNT pourraient par exemple « être compensés par une réduction correspondante des heures de travail et des salaires pendant la période de crise ».

Dans le même temps, la compagnie de Star Alliance a précisé que « pour toutes les opérations aériennes allemandes, elle s’abstiendra d’embaucher de nouveaux pilotes extérieurs au Groupe » tant que durera le sureffectif ; et ce y compris dans les opérations aériennes « à vocation touristique », concernant donc les pilotes de SunExpress Deutschland et de la base allemande de Brussels Airlines « qui ont opéré des itinéraires touristiques au cours des dernières années ». Les négociations avec VC vont se poursuivre, le syndicat réclamant de son côté une « exclusion » des licenciements secs dans le futur accord.

Pilotes: accord chez Lufthansa, départs chez Jet2, proposition à la RAM 1 Air Journal

©Lufthansa

Au Royaume-Uni, le syndicat de BALPA a annoncé que la low cost Jet2.com avait décidé de se séparer de 102 pilotes « dans la plupart de ses bases », toujours en raison de l’impact de la crise sanitaire sur le transport aérien. Dans le préavis signifié début juin, la compagnie aérienne disait être « grandement affligée » et « regretter profondément » des suppressions de postes « entièrement causées par la situation actuelle » – rendue depuis encore plus compliquée par l’imposition de quarantaines pour les voyageurs revenant d’Espagne ou de France. Ces licenciements ne tiennent pas compte des propositions faites par le syndicat, allant du travail partiel ou saisonnier aux congés sans solde, en passant par les départs volontaires ou les congés sabbatiques.

Le secrétaire général du BALPA Brian Strutton a déclaré que la décision de Jet2 « est une autre preuve de l’état désespéré du secteur de l’aviation britannique. Malgré d’énormes efforts pour négocier avec Jet2 et trouver des moyens de sauver ces emplois, la compagnie aérienne insiste sur 102 licenciements ». Qui seront « un coup de poignard particulier dans la mesure où beaucoup de ceux qui risquent de perdre leur emploi ont récemment rejoint la compagnie aérienne après avoir été licenciés du groupe Thomas Cook l’année dernière », souligne le syndicaliste.

Pilotes: accord chez Lufthansa, départs chez Jet2, proposition à la RAM 2 Air Journal

©Boeing

Enfin au Maroc, l’AMPL (Association marocaine des pilotes de ligne) a publié un long plaidoyer concernant la décision de Royal Air Maroc de licencier 140 personnes, dont 65 pilotes, 50 PNC et 16 employés au sol. Contestant le caractère légal de cette décision, le syndicat explique avoir proposé d’autres options « suite à l’appel au patriotisme et aux responsabilités individuelles et collectives » du roi Mohammed VI : les pilotes sont en particulier « disposés à prendre à charge, par une réduction corrélative de leurs émoluments financiers, le coût de la réduction de la masse salariale dont aurait bénéficié RAM en procédant aux licenciements économiques envisagées ». Ils se disent également prêts à geler le versement des primes variables « pour l’ensemble du personnel bénéficiaire de cette prime, y compris le personnel d’encadrement administratif, tant que la crise liée à la pandémie de Covid-19 perdurera » ; pour un montant estimé par l’AMPL à 154 millions de dirhams pour les pilotes, et 67 millions de dirhams pour le personnel au sol bénéficiaire de la prime variable annuelle.

« Disposés à privilégier la voie du dialogue, de la concertation et du dialogue social », les PNT invitent donc la RAM à signer un « Accord de solidarité et d’avenir » afin de préserver l’emploi dans l’ensemble du personnel. Mais leur syndicat rappelle que si les représentants du personnel sont disposés à « faire les sacrifices nécessaires pour surmonter la crise actuelle qui est certes grave mais fort heureusement très temporaire », les « nombreuses correspondances » envoyées précédemment à la direction de Royal Air Maroc sont restées « majoritairement sans réponses » et n’ont « produit aucun effet ».

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